À vie de tempête sur les mots de mon amie
Marie Mélisou
Sous la pluie ou depuis l'intérieur du soleil, Marie écrit,
trace les contours de la vérité des masques,regarde les
esquives en face.
Son écriture anti-abstraite, précise et extrèmement vivante,
fait appel à tous les sens,connus et
inconnus.Sa plume est aussi un pinceau, une tige, une vague,
un geste...
Marie trempe ses mots dans son chemin. Plus que de simples
"poèmes"ses textes sont des routes qui nous parlent.
Marie Mélisou est auteur pour la jeunesse.Vous pouvez par exemple`
lire sa série Lilou, commençant par"Panique chez les lêve-tôt" ,
paru à la rentrée 98 aux éditions du Batsberg. Vous pouvez aussi choisir
les émotions artistiques et amoureuses de "Mon amoureux d'Internet".
qui se passe autour du musée d'Orsay. Ou bien encore succomber au charme
des chats et des avions de Qui a zigouillé le chat Beauté ?
Quant à sa poésie, elle est vraiment d'une extrème élégance.
Ce lien vous en dira (un peu ) plus sur ses débuts.
Pour lui écrire, cliquez sur les coquillages 
Libre à vous de naviguer dans les différentes pages de son
Livre d'et-vies-danses étonnantes
Mai-septembre 97
Octobre 1997
Novembre-décembre 1997
Janvier 1998
Février-mars 1998
Avril-octobre 1998
Novembre-décembre 1998
Janvier-février 99
Mars-avril 1999
Mai-juillet 1999
Août-octobre 1999
Octobre-novembre 1999`
Décembre99-mai 2000
Juin-Septembre 2000 (cette page)
Liens spéciaux :
- Des
étudiantes de l'université de
Swarthmore
interviewent Marie Mélisou sur
son poème Leitmotiv, sur le site de
Clicnet
- Sur le même
site écoutez Marie Mélisou dire
son poème Lire
lande
" La vie nous peint et la mort nous dessine en 201 tableaux. "
René Char
" Tu peux être tranquille. Il reste du limpide en toi. En une
seule vie tu n'as pas pu tout souiller. "
Henri Michaux - Poteaux d'angle -
Errance en borderline - 005 -
Ce matin comme tous les autres, tu te risques peu. Tu ne
veux surtout pas d'un éveil sur les graviers gris de la
vallée que tu gravis. Ni recevoir à cŠur le bleu hors
d'usage qui gît à ciel étendu. Tu avances sagement. Tu
traverses la forêt qui cascade de verts climats. Des
vagues de feuilles et d'épines agitent le calme, les
bouleaux et les sapins aux racines mouillées sont
d'identiques départs.
Ton attention traverse les couleurs sans t'arrêter. Incise
chaste pas pour pas, pensée pour pensée, regard pour regard,
sans qu'un mot ne franchisse tes lèvres. Elles sourient
pourtant, comme elles ont pleuré. Et ces raisons de te taire
ensommeillent mes rumeurs, peinent mes tourbillons. Et je
hurle de ces plusieurs bras que tu possèdes qui oublient de
m'étreindre. Ils glissent sur mes claquements de dents, sur
mes émotions que je dois geler et fermer comme des valises.
Mes échos de sommiers reniflent et se mettent en boule de
chagrin lorsque je ne suis pas pressée contre ta chaude odeur
vivante.
Tout au long de tes faims - par ton silence elles me restent
souvent étrangères -, tout au cŠur de tes semelles ensoleillées
de montées, tu observes cet ouvrage du printemps et tu oublies
de me regarder. Tes yeux m'affalent, me sombrent, je dévale
silencieusement. Aucun brin d'herbe ne s'aperçoit de mon
anéantissement.
A mi pente, tu ris à une ceinture de neige glacée en creux
d'un pont de bois. La fraîcheur en plein vol glisse jusqu'à toi
sur le souffle d'un vent délicieux, elle y goutte si proche
qu'elle éloigne la lourdeur de plomb. De cette joie qui
t'enthousiaste soudain, à me perdre davantage, tes paupières de
papiers sagement pliées me voient. Tes yeux semblent me réclamer
un regard. Je lis une trace d'amour. Peut-être.
Parce que je veux la lire. Parce que je veux y croire. Je ne sais
plus. Plus déméler le vrai de l'espoir.
Interprétation d'un tourbillon à désirs, d'une fortune qui jouit
sur la pulpe pensée, d'un jeu fascinant en parcours effrayé sur
l'innocence du temps qui n'existe pas. Oublier, juste un instant,
combien je suis rien.
En ceinture de la vie je crie. Je crie pour que tu m'entendes. A
plein poumon et en silence. Avec mes pas, avec mes yeux, avec mes
mains. Jamais en mots, tu prendrais la fuite et dévalerais la
pente. Peut-être. Je crois. Je ne sais plus.
L'éternité apprivoise l'aventure. Un peu. Longue errance en
borderline où se construisent et se détruisent le carcan des jours
déshabillés. Je confonds les enchantements possibles. Gouffres
toujours repoussés. Gouffres devant lesquels je m'arrête épuisée.
Dévaler. Gouffre où je suis prête à glisser.
Démission. Je glisse...
Marie Mélisou - sept 2000 -

" La vie nous peint et la mort nous dessine en 201 tableaux. "
René Char
" Le mystère que l'on vit sur soi instruit sur les autres. "
Virginia Woolf
Ils sèment - 004 -
les chemins pour atteindre au sublime
se cachent se déguisent en cailloux blancs
qui remplissent les poches des enfants
en étendu secret en fin silence
ils roulent dévalent jusqu'à l'instant précis
d'un dessein chargé d'ans
ils sèment les enfants lâchent répandent
caillou après caillou l'amour à construire
crissé entre les dents sur le courroux des grands
Marie Mélisou sept 2000

" La vie nous peint et la mort nous dessine en 201 tableaux. "
René Char
L'indifférence scellée - 001 -
sur la limbe en bolduc
de mon brouillard en friche
où chaque idée s'étend
d'un rien tellement immense
existe un sourire niais
petit reste d'être vivant
aux souffrances agitées
puis mornes de cachets colorés
un bocal de yeux grands ouverts
à regarder encore observer comment
j'avale une douceur ralentie
lente presque arrêtée
vivante à si petits sursauts
à l'espoir chimique
ce jour regard embrumé existe
j'y retrouve une possible avancée
vitreuse à pétrir un instant décalé
un reste farouche oublieur du mal être
instant d'urgence
d'une tête en partance
d'un corps en indifférence
comme vent tombé
même la souffrance de dépérir s'oublie
Marie Mélisou sept 2000
"
" Devant l'horloge abattue de nos millénaire, pourquoi serions-nous souffrants ? "
René Char - Orion iroquois
Il tourne les pages nuits
il a peur de la nuit
le dit de toutes celles qui suivent les jours
comme jamais en haine du peu d'amour
que je puis m'éprouver je m'en offre le droit
il a peur de la nuit
le dit sur les branches fragiles de l'endroit
quand il bivouaque éveillé pareil au dos tourné
combien la chimère sombre l'étreint de terreurs
il a peur de la nuit
le dit simplement en parole profonde d'écho
qui rallume mon bord de ruisseau mangé d'insomnies
parfum accompagné de coteaux paupières sur la plaine
en causerie qui fume il sourit à sa peur
il a peur de la nuit
et afin que rien n'y soit changé chacun des soirs
il la laisse l'enlacer de ses bras
elle pas la nuit elle de ses bras calmes de femme
le soir peut se creuser il a chaud
il va il marche en elle près de son corps
lorsqu'il endort entre eux sa peur de la nuit
Marie Mélisou - sept 2000
s

" Aller me suffit. J'ai rapporté du désespoir un panier si petit, mon amour, qu'on a pu le tresse en osier. "
René Char
Si petit
sous des ponts à géants
si petit ton panier d'amour
mon amour
qu'en jardin défraîchi te viennent
parfois de larges richesse d'ombres
ouverte trop affamée sans doute
je mendie ta chaleur
tes veines épuisées à bout de cap
je heurte au prix de la faim
quelquefois
à folle étoile en souffres-tu ?
et mon orgueil sans grand soucis
jusqu'à l'écŠurement
noue encore de petits fils blancs
d'autres perfections qui nichent
sans secrets quand ils t'adressent
des signes ils se veulent rencontre
quelquefois
à écarlates fruits en souffres-tu ?
ouverte trop affamée sans doute
ma révolte se met à une table ancienne
j'effraie comme de juste
jusqu'aux parcelles lumineuses
alors sans témoins temporels
à cruauté de tous mes regards baissés
je redécouvre tes limites tes ténèbres
les biens que tu partages sont
des voltiges petites sans prodige
sans grandir sans années
quelquefois
à limites éveillées en souffres-tu ?
si petit ton panier d'amour
mon amour
que moi
à une si lointaine portée de ton cŠur
à telle indifférence
je souffre
Marie Mélisou sept 2000

" (...) quel crime insoupçonné et quelle douleur sobre végétale
sauront un jour de saphir apaiser mes monstrueux désirs
mes monstrueux désirs de ciel corrosif (...)
Tristan Tzara - L'homme approximatif -
Présence irréfragable
rien ne durera au bout de ce fil
à la grasse or de flammes
au balancement de l'école des images
rien ne durera
déployée et éparse
la proie qui est en moi souffre
de ton manque embrouillé d'équidistance
rien ne durera
ni la pulpe de ta bouche manteau nuptial
ni les frissons attentifs en éventails
tant tu crains en ennemi
l'homme possible qui est en toi
rien ne durera à quoi bon
à l'amour mutisme si petitement avalé
à la naissance d'heures impérieuses
rien ne durera
oxydée et cognée
la solitude qui est en moi résonne
sur des murs vides souvent et je grelotte
tant que ça dure
ta présence irréfragable
dosée à grouillement d'aventure
met ma malice en morceaux
me barde de l'épuisant à taire le fabuleux
rien ne durera
mais en exercice de l'infini
complaintes de flaques à venir
la dérive qui est en nous s'embourbe encore
de mains de sexes de pieds de poches en études
à chasser l'opaque des instants
rien est quelque chose
qui dure en monstrueux désirs
et voilà
Marie Mélisou sept 2000

le sel ici a la même odeur
que là-bas
il efface les fenêtres pareillement
les bourrasques les ponts
et précipite le désir
le sel ici a la même odeur
sur le poisson au sol
les pignes des pommes de pins
l'idée de ta peau tannée et arquée
le sel ici sûrement
a la même odeur
sur la peau de chacun des marins
*
flaques de neiges fondues
souffrances démaillotées
invisible
une haie sépare le lait du soir
des bruits d'ailes du matin
quand aux sons des mots
ils marchent en arrière
où ils croisent plein d'amour
le début de l'hiver
*

CE MORCEAU DE CHANT D'ELLE
" Nous restons au bord de nous-mêmes."
Jean Guéhenno - La Foi difficile -
J'écris sur le toujours qui depuis tôt s'ouvre en ciel. J'écris, en
t'indiquant d'une voix achevée, ces graffitis à quiétude de quand nous
étions assis, alors il faisait doux. Infiniment.
J'écris à enfouir la panique, le sournois et l'absurde qui poussent
hors de
terre, hors de nos poitrines, en éphémères cris à me vieillir un peu.
Sans
adresse, en hiver, ils rugissent à la gueule.
J'écris à t'ouvrir la porte, à m'envoler pour t'abreuver d'échelles..
J'écris, aussi, sur tes mains levées pour appeler l'air. Sur les
chevets
des aveux. Sur la santé des murs qui frôlent les sources.
J'écris pour l'histoire qui commence à peine. Pour tes mains fantômes,
elles caressent chacun des parfums qui prouvent l'existence des soirs.
Elles tracent des allées de salle d'échos en porcelaine et de légers
frottements à sentir les bourrasques.
J'écris à t'en tremper le cŠur sur tout ce vide que tu laisses.
Marie Mélisou juin 2000

" - Je - n'est qu'un terme commode qui désigne
un être dépourvu de toute réalité. "
Virginia Woolf
Dodeliner d'indociles idées
je
enragée de survie
lorsque laissée derrière ou sur la commode
mon jeu de douleur de mal à combattre
en une sempiternelle ligne de vŠu
dépense une encre meurtrie
je
cours après des béances charnelles à
hériter de mots qui lient des phrases
que je
voudrais écrire
je
rétive et froussarde
chargée à bout de bras de ma carcasse écaillée
mon jeu se cherche se baisse se cueille
de trousseaux de lettres et si même repoussée
de répétées brûlures elles me tombent
me souffrent m'augmentent d'avalanches
je
couvre de mots avec mes reins
ces nuits où croulent les traits malhabiles
à dire à hurler à brandir
jusqu'à loin à frapper à dodeliner
sur mes idées indociles
parfois
d'échecs myopes en éphémères oublis
je tressaille de découdre les frissons des mots
une grande peur me saisit
que je
ne veuille plus de moi
Marie Mélisou juin 2000

" Il y a des défaites qu'il est facile de changer en succès d'estime,
des lâchetés qui deviennent sans effort des victoires sur soi-même,
des abandons qui se déguisent en instinct de survie,
des silences où l'on se dit qu'à la longue on finira par entendre
la voix de la raison. "
D. v. C.
NŠuds à cŠur de papiers écrits
jetés au vaste vent en chemin vers vous
en chemin vers où
pour tout votre amour
ces papiers écrits
en chaque homme croisé pourquoi
pourquoi je crois vous rencontrer ?
un inconnu approche vous approchez
silhouette qui martèle l'agile de mon souffle
qui marelle de temporaires carrés
à sauter enfant à cloche-pied
insouciante vers le ciel craie
vous m'aidiez à le tracer
il approche vous approchez
quelques pas et très vite
l'hélice d'un cheveu dénoue mon impression
fuit le magique inventé auquel j'accrochais
des lampions aveugles de bornes
pour mieux vous vivre de pudeurs cruelles
il approche vous approchez
un geste et se brouille
la coupole d'un mouvement haleine changeante
elle referme éteint vainc
la rumeur retour de l'espoir d'un là
je continue sur un radeau d'embûches
et parcours le désert
il approche vous approchez
aussitôt je sais déjà je savais
l'inventé glacial des moulins à tourments
d'où peut sourdre le défait et glissent
ce jour de décembre votre départ
ce puits ce mal ce vide les laids jours
tout disparaît en pire
comme vous à cet instant
pour tout votre amour
accroupie devant ces papiers écrits
je retrouve vos bruits de sourires qui luisent
vos rides à sens de provisoire
ces douleurs à partir harassé
sans me quitter
car l'arôme des souvenirs ont des yeux secrets
appuyés contre l'enceinte des signes
orpheline
un jour détroussée de vous mon père
pourquoi encore
en chaque homme croisé
cette espérance de vous rencontrer ?
Marie Mélisou juin 2000

" Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deça, delà,
Pareil à la
Feuille morte. "
Paul Verlaine
- Poèmes saturniens -
La colère de mon vent sur les verrous du monde
lorsque tu comprendras
comment je porte ployée sans rompre
ces douces violences si exigeantes
le sang et ses verrous que je condamne
le furieux des unions dégoulinant du sablier
les souffrances identifiées impossibles à taire
lorsque tu sentiras
les ronces de l'obscurité en lentes griffures
mordre tes bras à éplucher le vide
le visqueux des couvercles à masquer
l'impossible que je voudrais tant balayer
mes mains fraîches à échasses à étriers à
vérités à immensités
tu connaîtras le siège de mes couteaux
lorsque tu verras
la vie à rien en cathédrale de séismes
la vie avide de chacun en peines infinies
à côté des murs de vents d'oiseaux
qui génèrent de solennelles solitudes
la vie labyrinthe à guet-apens de souffles
la vie élastique sur une tempe dentelée
par les horreurs pâles des jours inconsolés
lorsqu'enfin
tu regarderas droit dans les yeux
un nuage enfoncé de sa gorge coupée d'éclairs
et de colères à battre avec le cŠur
plutôt qu'avec la tête
mes plus grands repères
tu auras approché mon vent et sa colère
Marie Mélisou juin 2000

" Ce fut l'unique jour d'équité de l'année, en entier déroulé
sur l'aube de chacun."
René Char - Equité et destruction -
Uchronie sur l'Šuvre imaginaire en chemin
quand mon ami fut porté en terre
des oiseaux insouciants chantèrent
sans heures froissées ni pensées brisées
ce matin-là à plusieurs splendeurs
illumina le silence devenu transparent
tous les départs attendaient d'être incisés
l'inspiration restait liée à l'hiver
comme un enfant au bord d'une rivière se tient
vibre hésite redoute
sans arriver à reculer sur la berge
ni à s'élancer dans les eaux
tous surent désormais
comment l'horizon plaide la souffrance
en grognant sur la brume et les fêlures
sur les heures incommodées et les vertiges à être
sur la pluie et le temps qui allaient recueillir
l'iris de son regard son nez en l'air aussi
tous surent qu'une étoile un jour
afficherait ses miettes éparpillées
quand mon ami fut porté en terre
ses pas ne s'éloignèrent pas
l'histoire aurait pu ou dû être
mais sur tout et son contraire
aucune arrivée n'avait plus lieu d'exister
sur des chemins pourtant
toute l'Šuvre imaginaire avance
Marie Mélisou avril-juin 2000

" La vertu dans le monde est toujours poursuivie,
Les envieux mourront, mais non jamais l'envie. "
Molière - le Tartuffe -
Deux temps trois mouvements
deux temps trois mouvements
mes pas Rue des Abeilles et tes yeux
bordés de bonheur qui arpentent à l'imaginaire
des trottoirs au sens large
frasques à bouches cueillies
je ne suis pas devenue la suite attendue
celle qui dévoile l'encre des fauteuils
pas encore
je ne me suis pas levée où marche le bout du fil
si grand est le partout à prendre
deux temps trois mouvements
Rue des Abeilles à l'imaginaire tu me touches
d'une douceur relative de crépitements contraires
en périls déterminés tu enflammes l'évasion
elle joue à se demander quel est
le pire des maux sans horizon
deux temps trois mouvements
pas encore
je ne déverse pas le flux des ruisseaux
qui bourdonnent aux ruches de quelques éclats
d'ailes ensanglantées
je ne bouge plus
pour ne pas perdre à coup de cauchemars
la soif cruelle d'un Šil qui connaît ma faim
deux temps trois mouvements
sur l'immensité des sourires confus je rêve
d'avancées Rue des Abeilles pour boutonner l'abîme
cicatriser la tristesse
et encombrer enfin la chaussée de lumière
Marie Mélisou juin 2000

Quelques mots d'amour
" Les mots font l'amour."
André Breton - Les Pas perdus -
demandez-moi des mots
opposés aux demi-teintes
à la nuit sans ciel
et aux citadelles
demandez-moi des mots
qui tanguent de contrastes
d'effets tempétueux
et de présages signes
encore demandez-moi
des mots en éclaircie
qui brasillent diaprent
scintillent papillotent
et la lumière
en regard à la Terre
flambera
Marie Mélisou

A la proue de la poudrière
" Mon naturel me contraint à chercher et aimer les choses bien ordonnées, fuyant la
confusion qui m'est contraire et ennemie comme est la lumière des obscures ténèbres. "
Nicolas Poussin - Correspondance. -
sans âge sauvage
je dépose une unique larme
message
message en saccage
saccage balade au matin de cette nuit
lorsque le tôt et le tard épousés
reculent le temps de se sentir désaimé
une grande marée peut tout oser
oser quelques pas sur la plage mémoire
message d'un mal pas cicatrisé
dîner interrompu esquisse laissée
ouvrage à peine commencé
conversation juste entamée
je dépose
une larme grain de riz
granule ou larme terraquée
essence de l'humide et des épaufrures
message d'un goutte à goutte
ladre de souffrir
ladre de déjà tout t'avoir offert
ladre par peur que tu ne piétines encore
les clartés aussi les pénombres en plein jour
plein jour de faux-jours
qui brillent sous les halos d'un faux-soleil
théâtre au hasard de ta fourchette
à la proue de cette poudrière
qui héberge mon souffle
l'intérieur au-dedans de mon sein
tu es un mirage fourvoiement
une cacophonie des pâtes mal modelées
papiers trop mâchés cire faussement moulée
et l'eau diaphane
unique larme luminescente
peut couler sans t'émouvoir
tu jettes mon cŠur à la gribouillette
je dépose
quand même
par respect de moi
sur ta main une unique larme sagittale
message le plus succinct
le plus intense
cette sécrétion brillante
séchera
avant le passage de ton regard vide
sur moi
Marie Mélisou

Lune gibbeuse
"L'homme ne peut se trouver qu'à la condition, sans relâche, de se dérober lui-même à
l'avarice qui l'étreint."
Georges Bataille - L'expérience intérieure -
un bref essai un court galop
en distraction terrible
j'essaie la vie
ses clairs de lune coulent des doigts
moitié du disque accrocheur de sagace
lune gibbeuse qui fascine le flambeau
fend la nuit en traits harassés
observe le miel virtuose et façonné
souplesse d'esprit
des lunes scrutent nos nutations
nos regains de désespoirs
l'endurance des seconds souffles
légendaire clair-obscur de la pénombre
à la lumière solaire des éclaircies
un bref essai un court galop
j'essaie la vie
et abandonne l'oubli
Marie Mélisou

C'est avant tout la poursuite de l'expérience qui importe : la raison suivra toujours, son
bandeau phosphorescent sur les yeux. "
André Breton - Le Surréalisme et la Peinture -
Tango je tangue
je brasille tel un rai qui point
à l'ambigu des feux renouvelés
moi tango je tangue
de quelques scènes elliptiques
inquiétées de cette mosaïque privée de l'intègre
détours exaspérés
elles traversent et brouettent l'uni
tranche de voie
où la furieuse envie se fièvre de minutes
à périr embrasée
lorsque rien et rien n'arrêtent pas de survenir
ce que vous faites résonne lumineusement
moi tango je tangue
et reste hantée par ces hommes oublieurs
détroussée de ce que je ne sais leur insuffler
moi tango je tangue
à poser les pieds par charme
à parler par joie à réciter par bouche
et gisent terre tête cŠur
sur le raidillon aux gobelets des jours
moi tango je tangue
laissée froissée
en rayons qui se traînent
sur des peines que j'invente peut-être
Marie Mélisou
