Les autres pages du livre : Mai-septembre 97 Octobre 1997 Novembre-décembre 1997 Janvier 1998 Février-mars 1998 Avril-octobre 1998 NAWLF.jpg Novembre-décembre 1998 Janvier-février 99 Mars-avril 1999 Mai-juillet 1999 Aoôt-octobre 1999 octobre-novembre 1999 Février-mai 2000Cliquez sur le ciel pour Écrire à Marie Mélisou
Août-octobre 99 Epi de sable Je voudrais, je voudrais tant, de la rive ici vers les rives là-bas, rassembler la réalité fragmentée. Les rayons de miel versés lorsque rétrécissent ou s'élargissent leurs visages. Dégoulinent et s'épandent telle une boue ôtée de sens. Sans même un petit infini. Je voudrais, je voudrais tant, de la mer ici aux pierres à bouches là-bas déborder d'une joie oubliée sur le blanc du sable d'où dépasse un épi. Mes limites bleues, accumulées sans trêve, édifiées puis par quelques mains brisées, s'opposent au vide imposé. Avide de s'auto-effacer. Elles connaissent le monde qui tombe. Sans même un petit infini. Je voudrais, je voudrais tant, du bout de mon corps initier l'écume quand palissent les jours, témoins d'illusions, fenêtres tragiques ou, immense famille de douleurs. Sans même un petit infini. Marie Mélisou Août 1999Porte nocturne un jour mouillé la pluie sur la poussière et une maison grande nef d'absence lorsque la nuit voyage au milieu du jour se distingue l'envol fibres d'archipels s'interposent de grain en grain sauts en oubliant le temps un bond dans l'espace pour clore le silence un jour mouillé ouvrir des clartés Renaisssance l'essentiel est enchanté parce que le trajet clair est sans murs Marie Mélisou Août 1999Elle au c¦ur palissade elle est un éléphant dans le soir à ennemi de soi serpent en mue puant de gibet elle essuie jusqu'au mur les pleurs sans quoi vivre ne sait regarder qu'en dedans loupe de lutteuse sans raison éclair de couteau à malheur elle n'en n'est pas plus heureuse eux non plus cruelle de pures extases lorsqu'elle cerne de questions les yeux qui étouffent sans fond elle plante des arbres morts et saccage l'émotion elle la jalousie n'en n'est pas plus heureuse l'autre l'enfermé le dégoutté non plus il baisse son store davantage l'irrespirable artificiel perd elle finie dépouillée Marie Mélisou Août 1999Crachats Elle crache. Verte de rage, elle crache, bruyante et insolente. Nu-pieds, l'¦il mauvais, ses vulves fouillées, répandue en zigzag, ses injonctions en habileté suprême jusqu'à l'aveuglette de l'horizon, elle s'offre en lit défoncé de cris et de peau chahut. Elle crache. Ses glaires sur les rochers, elle crache, roule, fièvre. Sa colère, profonde, intense, violente, en grands arceaux de papiers huilés et remués jonglent gonflent. Ils tirent au sort parmi les risées qui l'innervent et la parcourent. Elle crache. Ses têtes en lames, froide, elle crache à la figure de ceux qui la contemple, se fichant de leur admiration extrême aux frissons loqueux. Ne cessant un seul instant, mue par ses tréfonds en proie aux vers fourmillements, elle enferme les rayons pétrifiés. Elle crache. Ses crachats iodés écument rient ricochent. Et devant elle, je ris aussi. Moi, l'un des grains de sa rive. De la voir ainsi, à chaque équinoxe m'abreuve, me gorge, me peuple. Je me remplis d'elle immensément. Je lui vole un peu de son sel de vie. Marie Mélisou août 1999A pendre Ailleurs ou là-bas. Flou en pleine lumière, le chemin qui marche se dissipe dans l'extérieur. La perte du réel, grave s'il en est, devrait être réparée. Devrait comme pourrait. Pourrait comme sera. C¦ur à pendre à la fenêtre, qu'il brille de mille feux. Ailleurs ou là-bas. Libérée, sans n¦ud, papillon en électrons libres, je t'aide à grimper sur un rêve. Il y a des terres où l'on marche et des terres où l'on songe. Ailleurs ou là-bas. Marie Mélisou août 1999Chair de lune face et pile d'ombres à la lumière je pantelle sous les pierres tes regards sur des moments alternés se content les heures cruelles auréoles des pas dans la ville chaude nimbe passage de dernières portes où quand je tue tu frissonnes chair de lune assassinée d'interlopes moments le monde cherche autour de quoi tourner hache aux mots bruyants saigne un temps crâne Marie Mélisou août 1999Vitrine diabolique Le pinceau du retoucheur à colorier la vie pénétrait encore chaque interstice. Non, je recommence. Le pinceau du retoucheur de la vie coloriait, il tentait de pénétrer chaque interstice. Oui, je préfère ces mots. Ils sont davantage justes. Réalité. Ou création littéraire. Je veux parler d'une époque où j'étais indécise. Je crois que j'ai tout su la veille de mon départ. TOUT, entends-tu. Tout ce que nous allions partager. Tous les échecs. Mais j'ai posé sur moi, par conséquent sur toi, une immense voile à cacher la vérité, un drapé esthétique tel que je les aime. Ou les aimais. Pour tenter de vivre. Comme toi. Une immense voile à souffler des mots autant qu'une mère abreuve la vie, lorsque ces même mots se frappent au silence des nuits. Le contraire du bruit dans les haubans. maintenant je confronte le silence raconte les frappes nuque lui déballe quelle vitrine diabolique éblouie les jours Tendues tensions, se bombe le dôme, se grisent les pensées. Elles commandent de grands choix. Quand à la glu, ce jus de houx, elle envahie nos pas, ils frappent la terre. Au fur et à mesure qu'elle remonte le temps, il se perd. Les jours, leur précision, s'estompent, se rétrécissent. Ils finiront sur des sinuosités devenues obscures. Comme tous les mots. Marie Mélisou août sept. 1999Jardin des anges une aile de papillon deux graviers esseulés trois petits bouts de bois et quelque perles d'eau de là la mort lasse posée sur le coteau regarde certains mots ils n'ont leur place nulle part errent courent ne s'épuisent la félicité la vrai n'existe plus même ici durant de brefs instants sur le soyeux des fleurs comme on remonte une crevasse centimètre après centimètre avec dans sa poche une aile fragile de papillon deux graviers à tripoter trois petits bouts de bois et quelque perles d'eau de dedans Marie Mélisou sept. 1999Couleur a passé sur une route de campagne où chaque platane possède son mort gros immenses comme dessinés par Bottero des sapins montent la garde autour d'un champ un champ peuplé de noirs soleils amaigris et flétris ils saluent penchent ploient sans un pleur plus aucun n'est fier jusqu'à l'horizon un temps ratatiné car le moment est venu est venu pour la faucheuse la coupeuse d'engloutir leurs restes vie temps d'andains c'en est fini pour la saison des tournesols de cette année seul reste même passé le jaune la couleur a passer Marie Mélisou août sept. 1999"Quand on ne va nul part, on ne peut pas beaucoup se tromper." Yeux grands fermés fluide le sable sous leur deux peaux ils écoutent battre le c¦ur de l'un et de l'autre c'est dire le silence la gueule du ciel coloré est ouverte sur des nuages à vomir les jours en bas la température tripote la terre pour l'aider à s'ébrouer injures des hommes insatisfaits plaintes au fond de leurs envies des sourires et des râles yeux grands fermés pour avancer davantage que reculer je m'en vais acheter une couverture à accoutumer les pieux dressés Marie Mélisou août 1999Frise de vies les étoffes de chair pulsions à éclater les échos tissus imaginaires prennent les plis de l'habitude invitent à leur insu serpentent s'entortillent spirales impétueuses zébrures dardées voiles tendus entrelacs sensuels maléfices mosaïques à peindre le feuillage de multiples forêts se reflètent les âmes de matières infinies Marie Mélisou sept. 1999Rêvé aussi le derme de la réalité emporté apportée comme un ruban d'existence brève en danger d'invention déroule l'histoire à garder les portes ouvertes privilège des galops éblouissants les imaginaires se promènent sans morose sur beaux chahuts alors qu'assistante du destin la peau des choses comme de petites pierres blanches à marquer le chemin sur la mer ouvre un relief d'indescriptibles cohues traduction à admirer le monde un miroir opportun en support le plus juste ôte toute attache Marie Mélisou sept.1999Sans honte le sol mouillé se sert à la nuit claire brûlée de lune d'un vieux chagrin Marie Mélisou 9 septembre 1999Semblants en haut de côté exprimer l'intérieur maltraitées flammes de vent actions forgées de songes plantés de boues incolores porte des sens je dors avec semblants des effets que ça faisait nattes de tortures au corail vivant semblants de tous les paraissait en bas à travers petits coups intervalles entre rien et rien une échelle écarlate dans l'ombre de tessons de rages le temps orageux n'est pas à bout de ressources Marie Mélisou sept. 1999Danses d'ébauches ils avancent danses d'ébauches grands s'en quêtent de paravents d'ores et déjà beaux simple fait d'être ils sont danses d'ébauches ma douleur vive lumières en déplacements d'avant où l'obscurité des nuits tendues voile à âme nocturne effleura leur douceur danses d'ébauches couleurs interminables je souris dedans aux jours d'un égal vif froid pourtant à ces images d'enfants en devenir imaginées danses à peine ébauchéesMarie Mélisou sept. 1999 "Et le monde se meurt une rupture se produit dans les anneaux d'air" André Breton Le temps né d'une chute morceau d'après-midi déjà consommé sur le satin innervé des pages au rebours des cités poignée la plus intime conscience cachée mince liseré une voyagère obsolète en goûte la saveur s'en émousse d'autant le bonheur artilleur fugueur à embarquer à converser au plus lointain domaine le temps fasciné né d'une chute suspendue mène vers le fleuve sur l'eau le commencé jusqu'au tout fini Marie Mélisou sept. 1999" Le temps n'est rien d'autre qu'une distension, mais une distension de quoi, je ne sais pas au juste, probablement de l'âme elle-même " St-Augustin Passant je pense à toi passant du tout jamais tout le temps tes yeux en roue à aubes crissent le sel comme si tu allais mordre cuirasse du mal connaître j'entresuis qui tu étais à hauts sentiments au vouloir sans pouvoir racines d'entrailles en avant gerbes de vols noirs tu achèves sauvagement chaque ligne à chaleur je pense à toi passant du tout jamais souvent Marie Mélisou sept. 1999Si tu le lis si tu le lis alors que j'écris petit mes mots ont encore un c¦ur Si tu le lis, parce que je l'écris, voici : Durant la nuit il est arrivé quelque chose au vent. Troublé d'un frémissement plus que grand, une ampleur l'a tiré d'où il se vautrait à terre. Ce vent, qui semble être toi déguisé, pose des touches de couleurs et porte le bonheur d'un jour né. Il renifle, monte, tâte, caresse. Il oublie ce que je dis. N'entend pas ce que je crie. Il laisse des traces de son âme partout, ouverte à tous les sentiers. Chante que personne n'est vraiment soi. Ni entièrement autre. Si tu le lis, c'est que je le vis. Et que je l'ai dit. Marie Mélisou sept 1999