" Pour moi, un être humain, c'est du désarroi sur pattes. "
J.P. Bacri
Rivière sèche
Pendant que nous roulions j'ai longuement marché parmi les bruns teintés au
vert de Grèce. Au milieu desquels les taches écumeuses roses et les
neigeuses blanches reflétaient mon délice d'avancer là. D'y avancer avec
toi. Ces oliviers, pruniers et amandiers s'en donnaient à cour joie et je
bondissais en oubliant ces trop fréquents moments qui portent le dur des
jours.
Quelques champs aux ceps de vignes rangés, sur des lignes de fuites en
diagonales, m'offraient une vue miniature similaire à celle d'une élancée
forêt de peupliers. J'aime ces perspectives. Et je t'aimais ce matin-là.
Mais tu me repoussais. Je ne promenais pas grand chose pourtant, une envie
de prendre ta main, un désir de la porter à mes lèvres, la simplicité de
savourer un maintenant et aussi, l'écho de ces mots espagnols que tu venais
de chuchoter, " un rio seco ".
C'était moi. Une rivière sèche. Tu décrivais ma bouche, vieillie avant
l'âge, vieillie de ne plus servir. Rivière sèche. Fulgurance d'une lugubre
ressemblance Quelques traînées d'humidité sur le haut d'un clair de
visage, pas de salive, de larmes sur mes yeux, et un sourire plaqué, pour
l'apparat de l'apparence, sur cette bouche tarie en rivière sèche.
Comment brusquer l'apparition des idées à se dresser debout ? A situer
l'important ? A ne plus redouter la peur d'être seul avec soi ? Je restais
des jours entiers sur des pleurs. Gouffres qui abîmaient mes heures et mes
regards. Si des acrimonies fielleuses à luttes secrètes baissaient le
soleil et jonglaient avec la nuit, toujours je tentais de tendre à moi-même
des mots salvateurs. A perte de vue, à espoirs fous, des mots à arroser le
temps, à donner un cours aux eaux en suspend. Hélas, ils se perdaient sans
transporter d'écho. Parce qu'existait l'image d'une rivière sèche.
Rivière sèche, en rythme endiablé d'un néon acide, en chant menaçant, en
intérieur hybride, je vivais déguisée par cette trace obscène, par cette
pesanteur qui débitait le dur et le brusque tatoué sur ce qui n'était que
l'apparence de moi.
Toujours ce sourire plaqué pour l'encore apparat de l'apparence où tu
m'avais jeté en aridité.
Rivière sèche, sans vou d'abstinence une bouche anhydre survivait à un
temps sans baisers. Rivière sèche, lentement se brossait le difficile
équilibre entre le rien à supporter et le tout tant désiré. Rivière sèche,
difficulté minable de s'interdire à laisser hurler la bête. Rivière sèche,
aussi peu profonde que le monde était proche ou lointain. Rivière sèche, la
fantaisie d'un jeu de massacre où le rêvé n'était plus jamais enivrée.
Je ne roulais plus. Ne reflétais rien. Ne bondissais pas... Pourtant,
j'acceptais de porter ce désarroi car le printemps, qui a des prétentions
et se place sous le signe du rocambolesque, riait fort de ma trajectoire et
gazouillait qu'il est des raisons profondes où certaines broutilles
s'appliquent à révéler des desseins mystérieux. Et je prenais son chant
pour une promesse.
mars-avril 2000

" L'humanité entière meure
dans le regard mort de son enfant "
Elie Wiesel
Tes yeux et tes mains en poitrine palpitante
Dieu est mort sans douceur
durant le seul instant où je regardais ailleurs
depuis tu me traces
tu me traces en un château de cartes
érigé en Espagne sur la lune ou sur un soleil bleu
en un ruisseau lorsqu'à l'oreille du plancher
je gémis de moignons ou de merveilleux cris disparus
en savoir-vivre tu me traces en gravité en escalier
tu me traces une fois chaque matin et encore tous les soirs
en impassible en sourire en contraire de barricade
en poussière de c¦ur en miette céleste
et mes chemins s'étoilent
de tes yeux de tes mains en poitrine palpitante
Dieu est mort en douceur
là où tu l'as posé d'un regard aiguisé
pendant que tu m'entourais et partais sans ciller
sans ciller déjà tu me traçais
et je te regardais tes yeux tes mains
en poitrine palpitante
à éblouir les uns à lever les brouillards des autres
à offrir du miracle en si grande quantité que
lorsque l'on me dit
tes yeux et tes mains en poitrine palpitante
jamais ne reviendront
moi
jamais jamais je n'y croirai
Marie Mélisou mars 2000

" Et puis les mots ne viennent plus. Ne cognent plus.
Ne veulent plus sortir.
Où sont-ils donc passés, les mots ? "
Barbara
L'esprit du ciel
très tard j'ai su parler
après ces matins habillés de drôles de corps
instants derrière l'aurore
où je versais sur la mer la terre
en cavalcade mon ombre dormait encore
sur le bord rassuré d'un solide préparé
très tard j'ai su marcher
en sortant du sol à franchir les accès j'y déchiffrais
l'ancienne méthode ravivée où je posais l'orteil
j'avançais au-delà de la joie
qui gonflait mes assauts
le pas à pas des orages des ténèbres des cavernes
très tard j'ai su regarder
bout de la souffrance intolérable aux censures
qui offrent ses jours à plonger vrai
je me cachais l'horizon refermé sur l'impénétrable
j'avais perdu la clef de la clarté
et l'insensible bruissait au plus loin de mes yeux
très tard j'ai su penser
à l'esprit du ciel en bon élément
très tard aux paupières sous la pluie
après la vie mouillée et ses secrets transportés
l'envol de voiles passe-temps à goûts inoffensifs
je soufflais le repos ma première question
rendait visite au jour chaussé de bras d'or
très tard j'entamais les sens
à sentir mes propres yeux se brandir haut
à regarder la chaleur des portes entrouvertes
et toucher à ces heures d'après
Marie Mélisou mars 2000

" C'est pas marqué dans les livres
(...) le temps c'est de l'amour "
Obispo
Changer-sur-Ciel
Loin de la mer creuse et de son gros cheminement bleu, à
l'opposé d'une colère d'hiver et du ciel foncé qui se blottit,
deux buveurs d'airs aux imaginaires prodigieux marchent vers
Changer-sur-Ciel.
Ils avancent à pas francs, improvisent un canevas musical, accords
toniques, dominante, sous-dominante, le jazz aussi, parfois,
inspire leurs pensées.
Ils croisent un champs de tournesols, une alchimie jaune en pluie
de poudre à mémoire. Un homme et une femme transpercés mais qui
aiment encore donner d'amour. Des lames d'attentes sans faiblesses.
Des cloisons à rafraîchir le belliqueux. Des mélodies d'ambre
qui ôtent leurs peaux morcelées et scellées. Et des labyrinthes
à ferrailler en rond.
Changer-sur-Ciel approche, ils l'aperçoivent. Presque à porter
de main, à quelques vols d'oiseaux, elle les nargue, les attire,
les appelle, les caresse, pour mieux les prendre et s'en emparer.
Ils la boivent, mais s'en aperçoivent à peine. Et la beauté qui
veille sur eux, en milieu de jour, éclaire jusqu'à la campagne qui
n'en a pas besoin puisqu'elle connaît l'immortalité.
S'ils parlent, l'un commence une phrase que l'autre termine. Les
mots jaillissent, s'emportent et les transportent.
S'ils partagent le silence, c'est d'une façon identique.
Comme deux enfants ignorants d'être vivants ils avalent la route,
montées et descentes, visages et horizons, tourments et tournants,
pensées évadées et bas-côtés.
L'ancienne cité de Changer-sur-Ciel est là, devant eux. Ils
sont arrivés. Prêts à se laisser attraper et aimer.
Et ce temps bon leur semble long.
Marie Mélisou mars 2000

petite annonce
une nuit de trop
et toutes les blessures des années
crissent
à contre gifles
cette nuit coriace qui veut plus y voir
balbutie l'inutilité des élytres
je recherche des ailes à jours
aptent au vol
février 2000
Douceur d'enfer
Autrefois, selon les éclats, les saisons, les époques, tour
à tour majestueux ou désastreux, je me niais, m'étouffais,
m'écrivais ou me construisais. Je me bridais, me
désavouais, m'effaçais, m'allumais, me recevais ou me
gorgeais de moi.
Ensuite, telle une écharpe désolée, je l'abandonnais là.
Maintenant, puissante de mouvances que je n'éprouvais pas,
je presse longuement le temps sur des brisants. Je
m'accommode à exister dans le désolé, juchée sur les
chimères des nuits.
Mais je n'apprend pas à supporter les murmures vides du
ventre du monde.
Marie Mélisou, 1999

Château de mer
Agitée, l'eau salée des yeux du ciel, celle mystérieuse en
lacs grandioses, me dicte des châteaux à dépasser mes chimères.
D'abord quelques murs se dressent, ici et là, impromptus,
solitaires et mouvants. Je ne sais s'ils vont me rendre un peu
de ces minutes. Elles me manquent, elles font tourner la Terre.
Puis ces murs grandissent, bougent, reculent d'eux-mêmes. Ils
s'écartent en créant une enceinte cabrée. Se vêtent de couleurs,
ramages aux doigts de lumière, blancs mousseux de rondeurs que
regardent les foules, mèches folles poivre et sel, verts de
sèves bonheurs qui viennent naturellement aux lèvres.
L'eau continue de s'ouvrir selon la moye de son lit, c'est dire
si les tailleurs de châteaux d'eau sont agiles. Quelques gemmes
de saveur m'éclaboussent, tandis que les mots dépassent mes
pensées, les châteaux d'eau semblent devancer ma conscience.
Les murs sont formés. Ils dansent. En mouvements et en desseins.
L'eau. Vivante. Porteuse de mes empires, de ma foi différente,
des écrits de plus tard, de querelles d'avant, se joue d'une
éthopée description.
Ce royaume de vagues levées, imprenables, comprend le langage et
les couloirs de mes pensées. L'éternité exprimée en quelques
minutes dit avec limpidité ce qu'elle feignait depuis des
millénaires. Sans coups férir, ni déformer la vérité, elle me
permet d'avoir accès à moi. Enfin.
La vie nonchalante est finie. Plus de savates à enfouir - elles
ignorent la profondeur -, ni de petits dépoussiérages - ils
déplacent si peu - mais une révolution.
Une vraie.
Balayage minutieux jusqu'aux extrémités enfin dépouillées. Un
exil recherché, conscient et éclairé de l'intérieur. Une chronique
mise à jour de tous les moments violés et lacunaires.
À murs de géants, je commence.
Marie Mélisou juillet - oct 1999

Mère fuligule
sans passer l'enfance
le temps n'était pas à l'heure
ma fille
sans maintenant
décompte-t-il les jours consternés
à me flâtrer devant les loups
dans le miroir je ne vois que mes yeux
je n'en fais rien
car dans ceux-ci comme je te lis
ma fille
les rimayes en deviennent rimules
mes doigts caressent l'impalpable
et ton corps abricot au goût de dariole
frémit sur le chaud toujours en suspend
toujours toujours ma fille
l'auburn de quelques mèches
entre deux pages choisies
de mon inconsolée solitaire en escale
ma fille
si brève ton escale
Marie Mélisou, 1999

"(...)
La neige le surprit. Il se pencha sur le visage
anéanti, en but à longs traits la superstition.
Puis il s'éloigna, porté par la persévérance de
cette houle, de cette laine. "
Allégrement - René Char
deux pies
et mon immobilité à la fenêtre
l'une picore l'autre trottine
je n'attends rien
je ne sais plus le tout
tu souffres d'élancer le bonheur
je ne peux décider d'une source entière
deux pies
sur ma tête douloureuse
enfoncent leurs griffes sans ordre
leurs pattes sans mesure
comme certains chagrins labourent l'usure
ressort des sortilèges en fagots noués
tu granites les souffles de ma bouche
deux pies
courent sur la nuit de tes mots
s'affolent de l'inaccompli
soignent une plaie mise à l'écart
je pose ma flamme sur la table
tu tournes autour
et désaltères ma maladresse
Marie

"On parle toujours de la violence du fleuve qui
emporte tout sur son passage, mais on ne dit
jamais rien de la violence des rives qui
l'enserrent."
"Quand est-ce qu'ils comprendront tous ceux
qui n'ont tués personne ? "
Chaotique
née du temps épuisé
de ta bouche douloureuse
de ta voix à souffrances
j'ai tué l'ombre fière de tes cils
hors de moi un soir
pourtant tellement affamée d'encore
j'ai laissé le blanc flairer ton crépuscule
depuis engourdie sur les berges
ma vie racle les dalles
exécute une danse à heurter les murs
à tournoyer vive
à cracher à se laisser consumer
j'ai tué et personne ne crie
même pas moi

Les longs mots sur les secondes du sable
il a effacé tous les jours de l'année
sur le sable de la plage pour en arriver là
il a réduit encore et encore
en cendres les cailloux
à tuer les longs mots sur les secondes du sable
puis a demandé pardon encore et encore
comme si le noir d'un très long corridor
où le sable de la plage n'a pas sa place
dont les portes fermées tiennent serrés le temps
la vie la respiration aussi
pouvait avancer sans brûler notre anéantissement
il a tué encore et encore
chaque lettre des longs mots
tout ceux nés d'amour sur les secondes du sable
puis accablé s'est frappé avec les grains
encore et encore comme se flagelle en punition
la grêle qui détruit l'ampleur du comprendre
il a gommé tous les jours de l'année
et les longs mots sur les secondes du sable
à néant il n'avance plus
sur la plage pas davantage
pourquoi un jour fait-on les choses
les choses en attente depuis si longtemps
à terme en saillie à l'heure nouvelle
comme passer en abscisse en ordonnée
d'un temps d'épices à un pas de velours arraché
ni longs mots ni secondes
même plus un seul grain de sable
Marie Mélisou avril 2000

"La vie, qu'est-ce que la vie ?
Une lumière qui vient par intermittence."
Virginia Woolf
Pour S.
Dédales vivants
clé de soi
née d'une spirale droite
lorsque le vent dans la main
a soif de savoir
sur ma peau tapissée de chagrin
un atome de ta vérité a roulé depuis toi
le ciel reflète ce qu'il peut
jours passés au papier de verre
instant dans la vie d'autrui
le fil de l'heure apprend la trame
tissage d'un geste quotidien
une audace
pour que cesse les remous de dedans
violents ouragans
entrelacs de pépites à comprendre
de quelle façon les deuils cueillent l'élan
clé de soi
un trait bleu turquoise
ou le miaulement d'un chat
dédales vivants
l'éclat de lire y racine en forêts
et le sang s'écoule
d'encre
Marie Mélisou - 26 janvier 2000

D'imparfaits inconnus
diptyque paré d'un halo
au réveil saugrenu crépuscule
nommées
deux silhouettes imprécises
imparfaits inconnus
il l'attrape la possède la souffle
la promène la sillonne
en baillons volontaires
violences sensuelles
des sons humides et fous
écrits à l'horizon sourient
aux paupières dissolues lentes
ligaments faisceaux
vols de voix d'ailleurs
leurs ailes à corps solides
se brûlent et l'aigu se livre
l'or archet à volète droit
centre de l'iris
jusqu'au dru des cheveux
une tresse d'araignée
étrangle leurs sanglots
montagne et ravin
le vertige désir pur
entre deux hydroptères furtifs

Les autres que je suis
" Si je n'étais pas aussi les autres par moment,
je ne pourrais par leur parler."
Raymond Devos
sous les lignes verticales la vindicte brandie
les autres que je suis me bataillent
à des moments opportuns quand éteinte
je revis des fugues à oublier deux bouts
ils veillent ricanent mais n'écorchent pas
mes tapis pensées en postillons vengeances
mon espèce de lenteur à m'arrêter au milieu de moi
écoute ces autres que je suis à l'impasse
de tous mes pas qui roulent en moulinets
en chansons à m'accompagner
quand ils sont de retour ces autres que je suis
de tous mes sourires sortis
je regarde attentivement ailleurs
et me soulage ainsi d'une partie de moi

Lettre pour être lue par quelqu'un
" (...) sans peser, ça respire
(...) avant le langage la poésie qui nous fait croire...
(...) les mots n'ont pas le droit de faire injure
(...) une sorte d'herbier où les fleurs seraient des mots..."
Bribes de conversations, Droit d'auteurs
Arte, 26 mars 2000, 11H 26
Lettre pour être lue par quelqu'un
neuf étoiles sur un vase bleu
et une lune en coin d'encorbellement
neuf étoiles sur un bleu nuit étendu
à épandre ses grains de peau
ce cerclé d'or se souvient d'un sable
d'une nuit chaude à musique de moustiques
de pages lues d'un accent américain
et de rires à échos de longtemps
neuf étoiles sur un vase bleu
jamais arrivé à destination
pourtant là où il devait valser
une étagère tissée à sa dimension
une soif de confins à récoltes
à voix si basse
que l'on ne peut les entendre
neuf étoiles sur un vase bleu en borne
de bout du tout chantent l'ampleur du pollen
de lorsque deux fleurs
rose et réséda
flambaient vivantes de doigts à merveilles
à ses sanglots à ses limbes
à ses démesures un vase bleu en face à face
regarde les fugues conduirent l'éternité

Vivre, je veux vivre avec la même violence
que j'ai eue parfois à vouloir mourir sans vraiment mourir,
à attendre la nuit pour m'y endormir bellement. "
Barbara
Quatre leçons par jour après le voyage du sommeil
de ton regard qui me soulève
de tes grandes expressions dégagées
d'un monde nouveau dont le revers bruisse
écris-moi pour me naître
moi qui suis privée de seuils
en long voyage sommeil
du plus mince et du davantage fragile
d'un temps perdu comme je l'ai partagé
des premières fois aux petits jours
écris-moi en fleur de ta peau
moi gardienne de blessures sacrées
après la perdition des voltiges
de ces pétales qui tracent ton vol
du plaisir où tu évolues à l'aise
des tapis et de leurs rares rochers
écris-moi pour me voluter
moi le plus fou des rebuts rigides
écris-moi d'un pinceau prévenance
écris-moi en me traçant d'union
écris-moi d'une ligne douce et annoncée
écris-moi en incarnat coup de foudre
à m'entrouvrir à m'apparaître
je brillerai aux approches du désir
d'une lueur feu sur papier Japon
en quatre leçons de vie par jour
et d'une insensée vapeur d'allées
en quatre leçons de vie par jour
après le voyage du sommeil
écris-moi ébauche-moi dessine-moi
à contours détachés en dentelles de pierre
aux joies à demeurer là
écris-moi
et je commencerai à exister
Marie Mélisou mars 2000

" C'est peut-être parce que je vous invente que je tiens
tant à vous."
Lettres de jeunesse, St. Exupéry
Oiseaux d'allégresses
Tandis qu'ils transvasent du vide dans du creux, espace
meurtrier de nulle part, où tout disparaît, s'évapore, même
en ce temps mimosas, j'apprends les oiseaux. Doucement. En
secret. A murmures faibles et délicats. En prenant mon
temps. Le temps que je n'ai pas, celui dont je rêve. Je le
vole au prix fort, en le payant de douleurs, de trop longues
nuits vides, pour éclore moi aussi. Et si elles m'humilient,
ces belles atroces, les douleurs et les nuits, je leur
roucoule des excuses à gazouiller debout.
Sur une banquette où je retiens mon souffle, repousse l'ombre
à côté, accepte les souvenirs désastreux et tends l'oreille,
je bois les plumes, les ramages, les orages. Les couleurs,
les becs, les ailes, les images, les pattes et les ergots. Les
griffes, les serres, les digues, les jabots et les crêtes.
J'apprends les oiseaux, comme on se noie de songes, de remords,
d'unions ou de froissées entailles. Les perchoirs, les volatiles,
les rapaces, les échassiers, et les nocturnes aussi.
L'humilité erre sur mes chimères, le fragile sur les auréoles,
les soirs sur les jours. Sous une bruine fine qui me fascine
toujours ou sur les éclats filandres écrasants j'apprends les
oiseaux. Comme d'autres égarés cherchent un refuge. Papier
d'emballages, de Cellophane, de soie, à s'envelopper et se garder
précieusement, intact. Pour se protéger de soi-même. Eviter son
manque d'estime et sa très mince protection.
J'apprends les oiseaux et la puissance, la beauté à écrire, le
parfum qui reste à inventer, la douceur cendrée à porter en écharpe,
la seule langue étrangère pour laquelle s'entêter à poursuivre
la quête.
Je mets en mémoire du silence qui chante et des chants à silence
en apprenant les oiseaux comme d'autres ne vont nulle part.
Et l'allégresse me gagne.
Marie Mélisou mars 2000

" Je sens qu'en moi les mots bougent et cognent. Ils veulent
sortir les mots ; ils s'agitent, s'entremêlent, se conjuguent
pour dire ce que je n'arrive pas encore à expliquer. Ils vont
filtrer, sourdre, jaillir de mes veines. Ils me font peur et
me fascinent à la fois."
Barbara.
Senteur bleue
Le c¦ur à se rompre, un pas posé dans la lumière, le strass
d'une touche de piano, les images dégoulinent. D'une brusque
irruption tu surgis et défait le moment étalé qui vivait ses
instants. Tes éclats sont trop forts, en fenêtres qui claquent,
tes mots sont brisés, des rêveurs à crépuscules tranchants,
et l'espace tonitruant est un silence endommagé par ton entrée.
Crois-tu qu'il suffise d'une senteur bleue pour que je me
console de tout, danse sur le crépitement de la joie, et sois
l'inatteignable à l'abri de mes herses derrière de hautes
murailles ?
Crois-tu que la rudesse autant que la douceur quand il pleut
tout le ciel remédie extraordinairement à l'impossible apaisement
des tourbillons salés ?
Crois-tu qu'il suffise d'une senteur bleue pour que ce paysage
soit indécent d'être aussi beau, et moi impudique à chasser tes
bras qui s'en vont dormir ailleurs ?
Crois-tu aux tatillons qui interprètent les signes, les
conventions, les arrangements, pour que mes paumes bleuissent
de cette senteur que tu porterais depuis la nuit du monde, et
cela uniquement à mon encontre, afin que grandissent mes pas
entrouverts qui alimenteraient la terre juste avant que je meure
de moi ?
Je n'ai pas de réponses. Je ne sais si tu romps ou casses, peines
ou affliges, déferles ou fatigues, abats ou anéantis. Je n'ai fait
qu'aller me pencher au-dessus d'une senteur bleue.
Innocemment.
Marie Mélisou mars 2000

"Un seul regard jeté sur l'horreur de la vie le stupéfiait."
Agnès Desarthe
Trois francs six sous
Trois francs six sous. Je cherche pour qui les cercles d'appels
rident l'onde. Trois francs six sous. Sur quelle assiette aveugle
l'irréfléchi présent serrera la vapeur de l'air. Pour quel
dernier révolté il va se laisser coffrer. Pour quelle gorge
aveugle il va poser aux pieds du monde ses bras malheureux de
tendresse.
Trois francs six sous. Il solde son c¦ur fardé qui condamne la
liberté, le réel inventé, son corps en portail éventé, et sa faim
tel un embarras à prétendre des sentiments.
Trois francs six sous. L'inquiétude qui ruisselle s'est abîmée
un peu plus dans des songes clownesques. Et je vaux peu.
Faites qu'il continue de parler aux feuilles odorantes, aux
galets à soupirs des torrents, aux orties éphémères et aux choses
anodines qui ne veulent rien dire.
Faites qu'il continue de raconter les passages apaisants et doux,
les discours mâchés en digestions colorées, ou les inquiétudes
qui se dissolvent peu à peu quand on cède au charme du dépaysement.
Trois francs six sous. Il se laisse bercer par les dessins de son
esprit : herbes fragiles, lacs miroitants, coquelicots cramoisis
proche du violet, désert arrondi en courbes émoussées. Et je lui
souris.
Trois francs six sous. Une marée de lumière jette le clair obscure
et lutte secrètement vers l'étreinte de la vérité jamais
éteinte, ni éreintée.
Trois francs six sous. C'est mon prix. Trois fois rien et six
soupirs.
Marie Mélisou mars 2000

" Ce soir les mots se remettent à écrire tout seuls."
Inspiratrice des nuages
Au bout de la baie, en rase solitude, sans baisers qui me
tiendraient debout, j'arrête mon errance qui transpire de
pages blanches.
Ma main fraîche sur la nuque, une sorte de souffle moindre
force m'affaisse sur la plage. Je ne coule pas à pic, mais
m'enfonce péniblement sur un intense mal. Plusieurs kilomètres
consument les couleurs sur Cadaquès qui vit son crépuscule.
Nuages à étancher les larmes sur le vacarme de mon c¦ur.
A grands pas - je les voulais consolateurs, j'ai parcouru la
ville, puis la rive, tandis que tous les papiers derrière mon
front lisse se consumaient à l'absurde des histoires. Celles
de la vie. Les vieilles, les récentes, les oubliées, les
destinées. Qui à l'inverse de certaines idées arrivent à se
vêtir de la transparence des mots.
Sur les grains de petits cailloux bleus et verts, je me cache
sous mes paupières closes. J'évite tout ce qui pourrait me
cueillir là. Me faire souffrir davantage. M'enlever de moi.
M'emporter ailleurs. Vers un monde aux contours infiniment plus
compliqué que ceux que je tente d'oublier. Un monde où les
traces de chutes savent combien il est long le temps de se
noyer.
Soudain à l'esprit, les nuages s'illuminent d'impulsions
soyeuses à rendre doux les soirs. Ils sont souffrances confites,
ou dévotions exagérées, parce que je tressaille trop facilement,
Et mon apaisement, à grand prix recherché, se gondole, se grise,
mollit, s'étiole. Je me hurle pour le forcer à exister.
Mais recroquevillée, sur la plage Llané petit, je colle mes
genoux contre ma poitrine et oublie de vous souffrir, vous qui
m'effacez si facilement, sans une caresse, sans un mot.
Marie Mélisou mars 2000

" Je suis libre parce que je cours toujours "
J. Hendrix
2010, l'eau roulée...
dans dix ans
l'eau roulée de tous les amants
effacera nos matins d'une immonde laideur
en apaisant le jeu
en attisant les feux
et les messages croisés seront des rencontrés
ils confondront les vitres
le blanc coloré de poètes qui aiment
marchera droit vers le plus tard encore
le plus tard déjà
qui piaille ici en avance
d'y perdre son temps
comme l'on fait
pourtant c'est le gagner que de rêver
dans dix ans
l'eau roulée de tous les amants
sera identique en temps
mais ces secondes à propager les montagnes et les océans
rendent petites les pluies et grands les hommes
dans dix ans
l'eau roulée de tous les amants
portera les mêmes sentiments
Marie Mélisou mars 2000

Si vite
j'apprendrai vite qu'un pays fondé
de baisers soulève ses vagues
écarte les nuits lèvres
sème des graines
à rayer les fenêtres tragiques
j'apprendrai vite à la lumière
de l'hiver le temps qui turbule
humblement chute brûle et sonne
l'absolue rage d'un jour à ténèbres
j'apprendrai vite
et l'extraordinaire
cultivera enfin l'air suspendu

QUARTIERS DE DESERT ROSE EN CHEMIN ET FILET DE NUIT EN SURVIE
A toi, à qui je pense.
" Si le monde est ce 'vide', eh bien je suis ce plein.
Une rose par mégarde.
Une rose sans personne.
Une rose pour verdir.
Dresser face aux jours d'onde amère l'obstacle qui les moulera. "
René Char - Couloir Aérien -
En deux ou trois mots, je témoigne d'un soir.
D'un soir d'il y a longtemps ou du soir de ce soir.
Peu importe quel soir, seule l'impétuosité de mon désert rose et de son
âme
- ou sa brusquerie, compte en témoignage. Je lis des ricanements.
Pourquoi
y aurait-il une contradiction entre la dernière pluie agencée ici et le
premier soleil disposé là, lorsque deux et deux jambes qui ne font
qu'un
seul corps s'écartaient ou s'écartent ?
Je désirais, je le dis et m'en arrange, je désirais fort un homme. Je
l'espérais, le convoquait en pensées, l'appelais en gémissements
voyageurs,
le fouillais d'un cil faim, et comme les nuages se trouent de bleu sous
le
vent, je m'entrouvrais. Comme le désert solitaire râle et crisse sous
un
identique vent, j'étais un désert rose qu'il pouvait venir traverser,
respirer, retourner.
Et je désirais tout autant - sinon davantage, percevoir son désir. En
toute
simplicité, je rêvais de lui offrir un moment escarpé de mes veines à
ses
étincelles tissées de rires, de mes hésitations fourmillantes à ses
moissons de peau, de ma sérénité à sa vivacité, de mes éclaircies à ses
trêves. J'espérais éveiller en chaude paresse ses regards, appeler et
recevoir en guérison ses yeux papillons, sa figure ouverte et ses
indomptables filets de mots.
Un soir d'il y a longtemps ou le soir de ce soir, je désirais m'offrir
à
cet homme.
Le poids d'un être seul est une lande embrouillée, accrochée et heurtée
sans bourdonnement, ni ruse, ni pâturage, ni témérité à demeurer.
Aussi,
lorsque je suis seule, je lorgne les fleurs et leurs tiges. A pas de
loup,
en voleuse à hauts talons, j'envie les calices tendus vers d'autres
feux
qui s'échangent. Sans haine ni amour, barricadée à l'eau de rose, je
crève,
déchire, brûle des moments sombres quand mes chances d'envols - les
lèvres
de mon crédit, restent un dédit salé.
Lorsque je suis seule, égarée, perdue à l'Est de moi, je ne partage
aucune
saison. J'oublie mes courbes en pétales, j'oublie que je peux, à la
mine
avenante, devenir une cascade. Et qu'un homme funambule s'avérerait
épicé
et loin, loin, si loin des oiseaux de l'Angoisse.
Lorsque je suis seule, la vie en devanture dégaine son tableau
monochrome
désespérément intact de reflets. Et s'étire, s'élire, le parfumé de mon
envie fiévreuse. Avec un tel vacarme qu'il y a longtemps ou ce soir,
peu
importe, cette passion de boire à cet homme me saisit. Une envie
immense,
un rythme, un humour, un amour, une attirance, une soif, qui torturait
mon
corps livré à rien.
Il y a longtemps ou ce soir, peu importe, rongé par cette même torture,
il,
lui, tu es venu jusqu'à moi.
Tu as été rare et cher. Rapt allègre de notre vertige. Sans autre choix
possible tant ton inclination irrésistible m'aimantait, j'ai t'ai
accompagné à m'enlever et m'incliner. Tu m'as rêvée éveillé et bue,
perdue
et trouvée, volée et rendue, illuminée et tremblée, éprouvée et
aboutie.
Prise ainsi, je t'ai déterré et frétillé, approché et partagé, caressé
et
cultivé, nourrit et abreuvé.
Tu as été foule en moi. En bel embouteillage tu m'as voulu en partages
délicats, tendres et tout autant scandés de mots drus qui levaient ces
désirs ricochets. Nés, nous avons volé et nagé sur un monde très
solide, un
roc, une plume, un fouillis, un poème, un lit d'accords et de rythmes
dont
la chorégraphie y gagnait en douleurs vives, tels ces halos de douceur
qui
rendent le malheur tout à fait supportable. Sur chaque folie sublime tu
réinventais la fraîcheur délicieuse de l'immensité intérieure de ces
petits
patios à ciel ouvert.
Il y a longtemps ou ce soir, peu importe, à pulvériser les chapes de
plomb,
à brûler les vaisseaux fantômes, qui en fable cruelle marchaient sur la
mer, j'ai tant arqué mes reins vers toi, vers un encore brûlant, sans
honte
aucune ni rougeur rubis, que mon corps déformé et rampé garde les
empreintes de ces cris. De ce plaisir mâle et femelle patiné à glisser,
à
glisser, à glisser encore entre tes jambes contre la douceur de ton
ventre.
Tandis que nos mains soucieuses de nos chairs s'agrippaient pour nous
tenir
à la surface de nos yeux ouverts et attentifs.
Il me faudrait davantage que deux ou trois mots pour porter témoignage.
Ensuite, à une heure qui mourait ou meure déjà sur l'aube, il y a
longtemps
ou hier soir, traversée par les restes de nos ombres, j'ai respiré nos
attentions épuisées qui se rhabillaient de convalescence. Tu, lui, il,
est
parti.
Je restai seule à veiller mot à mot, sans un corps ni un sourire à mon
bras
sous le drap. Mais je ne suis pas seule, tous ses ancrages sont là. Là
où
il posait ses mains et me caressait, là où il s'arc-boutait en
gémissant
tendrement, là où il se déployait, là où il pressait sa chaleur humide
contre la mienne en m'inspirant. Je ne suis pas seule, je suis pleine
de
sentir la volatil sueur de ces corps - nos corps, dans l'emprise de ce
don
d'Amour.
Je ne suis pas seule, mais il est si tard - ou tellement tôt déjà,
qu'en
mirage aménagé sur l'aube, filet de nuit en survie, et peu importe, je
ne
sais plus si ma vie en désert rose, qui s'étend sur ces choses sans
vouloir
peser, est vraie.
Marie Mélisou mai 2000

" mais que la porte s'ouvre enfin comme la première page d'un livre
ta chambre pleine d'indomptables d'amoureuses coïncidences tristes ou
gaies
(...)
de ta nuit la secrète étude s'éclaircira et de page en page
les ailes de ta parole me seront éventails et de page en page
des éventails pour chasser la nuit de ta figure et de page en page
ta cargaison de paroles au large sera ma guérison et de page en page
les années diminueront vers l'impalpable souffle que la tombe aspire
déjà "
Tristan Tzara - L'homme approximatif
-
Aux morts de Nistos.
A mon père, Guy-Robert Desse, résistant de 20 ans en 1944.
L'oubli de mémoire en première peur
de peur d'oublier, Captifs de Formes
ces auréoles semées d'oiseaux à liberté,
liberté d'écrire,
écrire encore la mémoire et ses pétales
misent en bouteille à deux c¦urs
en liasses à tant de mains dévorées d'amour
et de peur d'oublier, Captifs de Formes
lutter, lutter d'écrire en blanc
quitter les sillons secrets, retrouver les regards
ces tendres regards où
se joueront les frissons, célestes enfantements,
s'émerveilleront à l'insoumise tempête
chaque jour seul de chaque Captif isolé
surtout la nuit, surtout en solitude attente
de la mort qu'est la vie où s'ouvriront les gouffres
tant, tant de terre, tant lutter, tant écrire
ils chercheront où tisser leurs carrefours
ce qu'ils nomment le " sale "
ton odeur
cet amour incessant
je m'y vautre, m'y frotte
en respire la substance, n'en lave plus l'arôme
je dis la Liberté
et chance qu'est la connaître
hommes aux oreilles téléphonées
Captifs de Formes de ces jours, aujourd'hui,
en oubli de mémoire à nouveau, première peur,
pour qui chaque brin d'herbe pourtant
se câline en taille prise
grâce à ceux de ces jours, hier, ceux tombés
ils oublient, ils reculent,
ceux d'aujourd'hui parfois oublient d'avancer
leurs gémissements roulent sur d'illusoires voix
à l'identité bâchée d'indifférence
et tournoient, tournoient, se détissent,
jusqu'aux insectes effleurés d'ailes
l'étalage de journées douces démasquées
que ne se perdent plus les tombés pour nous,
les tombés pour eux, l'éperdu temps de Nistos
j'ai vu des rires hachés
accrochés de ce blanc des mots
éventails de paroles
ce blanc où picorent les années
ce blanc d'échos de mots, de mots, de mots,
mots à la vapeur, mots porteurs de pépites
de peur d'oublier, Captifs de Formes
futurs pillés, violés, torturés, tombés,
lugubres flaques roulées dans la fange
si vous oubliez la semence essentielle,
la récolte du grand, le bout du fil,
et cette Liberté
l'immobile, la mobile, la Liberté
au bruit sale, et tenace, attendait
attendait confiante, attend en ciel sans masque,
attendra déployée en ruban berger
de retrouver le vrai des regards
ces vrais regards où
pousseront les enfants debout
diffusés dans des veines interdites aux loups
à trousseaux de clé des champs
à pleurs de rires, à fleurs peaux, paroles filantes,
vagabonds espoirs de la chaîne des humains
ceux qui n'oublieront pas de crier qu'ici
il y a eut, il y a, il y aura
ce qu'ils nomment " l'inconnu "
ton goût
à calciner les gorges
spacieuse fête des papilles
je m'en entoure, m'en garnis, m'en enrichis
je te crie, Liberté
même sous la douleur de te laisser me traverser
nous, Captifs de Formes, de peur d'oublier,
écrivons, écrivons, sans mots blancs, en douleur,
en couleur surtout,
pour retrouver vos regards
qu'aujourd'hui, comme hier,
sur le demain de toujours
nous apprenons à vivre sans la peur
sans la peur d'oublier
nous essayons
Marie Mélisou 16 avril 2000
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Mise en page : Stéphane Méliade
Mise en page de la page "Octobre-Novembre 99 ": Florence Noël
Merci à mes deux "Soul and Wings Managers" : Florence Noël et Juliette Schweizguth
Et à Marie Mélisou pour ces très beaux textes.
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