"respirer laisser couler la rivière vie
accepter que le jour poursuive la nuit
se rattrapent valsent s'enlacent s'étreignent
pour que la nuit s'éteigne"
MARIE MÉLISOU, POÈMES DE NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1997
<== Pour écrire à Marie Mélisou
NOVEMBRE
Transparence blanche
le jour pâle s'installe
mur blanc
elle diaphane
rêves en couleurs sur le grand mur blanc
vide long temps
heures creuse de l'attente
elle attend
le mur blanc repeint en esprit colle à l'égarée
plus que jamais déchirure du monde
mur blanc
elle hyalin
rêves en couleurs de douleurs incertaines
paysage de son corps flachs d'images non-ôtées
un manque se dessine
aussi
sur le grand mur blanc elle translucide
hier teintée de rouge
demain sera en impressions visuelles riches
un azur dessiné sans mur blanc
caresses souffles rauques en souffrances
Marie Mélisou 5/11/97

La bergerie au pistou
un chemin monte aux graviers qui roulent
le serpent mène à la bergerie
rayons du matin l'homme travaillera
une murette beige claire aux pierres taillées
petit lait doucement aigre
une vallée qui bruisse du lac profond à la crête nue
le sommet sera habité dès le soleil haut
depuis toujours coule le ruisseau
le pot sera lavé et recevra de l'eau claire
l'herbe jaunit sans ombres d'arbres reçoit
depuis longtemps l'homme attentif penché
les bêtes s'éloigneront pas non comptés
le feu et les senteurs de la soupe
suc du basilic de la vallée
deux regards rivés celui qui la connaît et l'autre
il est l'un et sourit au ciel nu d'étoiles
songe aux prochains ténèbres en rotation
où ses mains feront le long voyage
gros tissu rêche qui recevra leurs corps doux
l'étendu déployé prendra mille chemins
les descentes tracées seront miel embrasé
un chemin monte pente douce vers sa chaleur intérieure
elle attend le désir enflammé de l'homme penché
boules de feu qui crachent des rayons intenses
consignée sur la mémoire désirs la bergerie existe
Marie Mélisou 5/11/97

Paradis en miettes
heureuse époque n'est plus
évoquation achevée
inspiration du théatre de l'absurde
sursauts de joie en allégresse stoppée
c'était un jaillement comme une source inépuisable
échos épars du reste d'un monde illuminé
où le miroir reflet d'une lumière perdue et désirée
angoisse des hommes
le monde semblait sur le point de s'effacer
s'évanouir sans brillance
le monde et ses grisailles boue gluante
qui dira comment s'arracher pour aller vers ce qui éclaire
ni courir ni franchir
empêtré de photos
agitation du monde l'ennui sans joie
le non envol pose stationnaire intensité de la mort
mécanismes déréglés
absurde du quotidien des rêves et angoises du levé
ruptures profondes de découvrir l'étrangeté du réel
divaguer dans les mots
clichés qui se heurtent à l'image bancale
vie en long monologue
étonnement devant le monde
un désir de lumière aux milieu des angoisses de mort
passé et présent tout en images
obsessions
se tenir à l'écart pour mieux regarder la boule bleu
surprise des drames aux masques des difficultées
démarche identique
examiner le quotidien avec du recul
même l'angoisse secrète
est solitaire
les mots sont incompréhensibles trop souvent
Marie Mélisou 5/11/97

Univers hors temps
Pomare ne m'attend plus
débris d'une coco fraiche
un fou a pied rouge
rejoint une aigrette sacrée
le sable est noir
le sable est blanc
une sterne aussi
le rêve d'un sacrifice
Dieux ancestraux
sur l'ancien mara'e provoque ma fuite
le lagon est vie
Tahiti
où tous les bleus inondent la lumière
Marie Mélisou 5/11/97

Trois voeux
je me souviens de la parole
nuance
et expression de l'être
trois îles pour mots tracés
la fantaisie verbale
un certain charme
je rebâtis la vie
ce qui est en jeu
ce que je voeux
trois couleurs à perdre
secouer les apparences
derrière ton masque
je connais ta tête
trois pensées vers moi
relation avec les mots
ils ont le pouvoir étrange
inombrables sourires
Marie Mélisou 5/11/97

La gestation de la vitesse
il y a des heures
celle liberté
celles liées par des ficelles
quand tous parlent à l'unisson
disparaître dans le néant
rien ne le peut
le bruit est le réceptacle de nombreuses vies
expériences multiples
quantité de noms
hurlements
grondements des signatures diverses
où seul un inconnu
serait oublieux
douceur éclipsée
traces rouges non exessives
un éveil de soupçon
total
absence d'indice
quintessence bleue d'une épidémie de banalité
dans la foule abrutissante
l'invention d'exister
la vitesse de rotation séduisante
entend le vol-au-vent de l'heure importante
Marie Mélisou 7/11/97

Station Poème
mon sol absolu est un retour au calme
liens mortels
la terre du bonheur lorsque les pensées sont sous les nuages
écoute un cahier de poèmes
ce sont des prodiges de la nuit
je m'interroge sur l'oiseau qui vole
sur l'amour qui dérange
main dans la main
tu parcours de paysages et tous les matins
tu es mon visiteur de vie
et moi je t'applaudis
ton royaume tes secrets tes galops
je ne connais rien
en fait tu es tout frais éboulie
dans ma vie
porteur de sable de roches de bruyères en poussière
nos mots reconnus
commes si nous étions seuls à utiliser les signes
ici on descend Station Poème
mes phrases t'enlovent lorsque je m'envole
c'est la certitude de ton sourire

Marie Mélisou 7/11/97
Une coupe pleine de malice
jamais jamais je ne sais pourquoi
comme un panier de fruits de silence
pourtant tu me portes à bout de bras
moitié soleil moitié étoile
surtout grand vent
toujours toujours tu es le passage
celui qui allume celui qui éteint
sur son chemin
tes yeux ne peuvent me dévaster
tu ne me regardes pas
l'espace est beau
s'interroger sans être aveuglé
pour pas que la lumière soit triste
je veux parler pour éclore
je veux écrire pour rassembler
parce que tu m'as éveillé
enveloppe ouverte nous parcourons les pages
parfums de feux rose jaune et bleu
si je ne rêve plus à toi je suis crépuscule
chaque matin tu m'aides à crier dans l'ouragan
demain sera
Marie Mélisou 7/11/97

Où le chemin se perd
nous partageons des cris
amour
gris doux
désirs
bleu froid
petits bonds comme des brulures
le jour gagne le soir
tes mots me dévastent
Marie Mélisou 7/11/97

Si ma parole est nue
une langue rigoureuse
obsédée d'exactitude
tour à tour poésie
invention subversion
j'éblouie l'éphémère
littérature dans le grand vent
la lumière s'évanouie
le monde est blanc
une neige d'hommes
odeurs inséparables sur le reflet de la mémoire
racines à greffer qui creusent mon espace
la grande plage est une image de sable
sensuel soleil du tournesol
la mer se retire
la vague est suspendue
moi aussi
contre l'absurdité des jours
la haine des hommes
on a créé l'engrenage de l'histoire
l'écriture est le lieu de ma vie
je pose un mot relance la partie
je joue concernée
touchée voire menacée
mon cahier orange a le saut dans l'espace
il n'y a pas de maison abandonnées
Marie Mélisou 7/11/97

Le trajet de l'imaginaire
là-bas dans le jardin
j'aperçois un pied et un morceau de tissu
mouvements
il y a des étincelles
c'est impressionnant
le pas est pressé comme pour un dernier
danse fantastique extravagante habite l'air
quelqu'un qui court comme possédé
le souffle court sans me tordre le pied
caillou coupant je tranche le vent
je cours aussi
envol terrible communiqué
et j'atterris dans des bras
écrasée contre une force
vêtement pressés bientôt éparpillés
puisqu'heureusement c'était toi
tu me serre pour m'aimer
Marie Mélisou 7/11/97

Âme élit
Les enfants elle rêvait d'en avoir tant
Même autant comme un grand printemps
Les enfants ne croient plus que le ciel va pleurer
Le père Noël ne croit plus aux enfants rêvés
On n'expliquait pas comment ce jour-là il y avait un grand vent
Comment les oiseaux volaient hauts et tournoyaient méchamment
Dans une pièce fermée il y avait des poupées
Et une couette abandonnée
L'homme qui voulait des douleurs maitrisées
Qui chaque jour y travaillait allait abandonner
Les enfants ne croient pas perdre la vie pour une main lâchée
Les fées ne se penchent pas sur les nouveaux nés
On ne savait pas ce jour-là comment aller se promener
Comment effacer les pleurs sous une douche de gouttes mouillées
Dans un lit fleurit il y avait des cheveux épars
Et un corps poignant
L'homme qui voulait travailler à la vie hasard
Venait de laisser mourir une jeune enfant
Marie Mélisou 9/11/97

Incandezan
aujourd'hui j'ai eu vingt six zans offerts
dans une pochette tranparence et sucrée
trente-six petits escargots noirs enroulés
goût fort sur ma langue teintée
c'est pour rire c'est pour jeu
ce n'est même pas vrai
aujourd'hui j'ai eu vingt-six ans
j'aurais juste aimé avoir des zans à croquer
Marie Mélisou 9/11/97

Un foulard sur une chaise
au bout du rire il y avait l'émotion
c'était un voyage non tourmenté
il y avait une maison où je te savourais
un foulard sur la tête
l'herbe sur laquelle on ne se dépêchait pas
de légères plumes blanches
vie immaculée
tu avais souvent envie de me chatouiller
je savais pas que j'écrirais nos images
un jour bien plus tard
on s'appliquait à parler juste alors
personne ne nous demandait de penser
tu m'avais dit restons toujours ici
ton coeur en cage je n'ai pas su
ta vie était volage vol d'âge
c'était un voyage inachevé
reste un foulard sur une chaise
Marie Mélisou 9/11/1997

La première heure
me désireras-tu encore au bout de cette petite heure
puis prendre un café dans un bistrot désert
ne plus agir corps alanguis
après les lèvres laisser parler les doigts
pudeurs trop tard qui déchirent les coeurs en fragments
plus triste que la mort seraient les remorts
si je t'entraîne dans mes pensées tu n'en auras pas
si je te suis dans ta course à la liberté on en rira
m'aimeras-tu encore au bout de cette petite heure
sac léger du théatre imprévu de la rue
vues en répits inaccessibles comme invincibles
quatres murmures
aventure déchirure armure blessure
m'en voudras-tu au bout d'une petite heure
de t'avoir suivi jusque là
Marie Mélisou 9/11/1997

L'histoire sans faim
sur mon balcon un frigo
dans la cuisine une serre
et un écriteau
<< Le bonheur a été retrouvé, il est ici >>
l'herbe à Nicot traverse le couloir
volutes
je suis dans un grand pull couleur lavande
et la porte n'est jamais fermée
dans le placard de quoi sortir
et dehors des fleurs à rentrer
sur mon buffet un poisson
et à la cave ma télé
avec un écriteau
<< Lieu à débarrasser, s'il vous plaît >>
j'ai tout mélangé
ce que j'avais
ce que je n'ai jamais possédé
comme dans ma vie
qui est pleine d'aspéritées
je rêve à ce qui arrive
avec des phrases non sybillines
sur l'armoire les chaussures
au sol les toiles d'araignées
et un écriteau
<< laissez-nous vivre, longtemps >>
sur mon balcon un frigo
et rien à la cuisine...
Marie Mélisou 8/11/1997

Le présent oublié
j'ai pris une pensée pour un murmure
j'errais près de ton visage de papier
moi qui ne suis même plus un rivage
ton image commence à vivre passé
les couleurs et les tons aussi l'éclairage
éclair-âge éclair rage
un simple bruit et tu te figes froide
à la fois miroir vide à la fois non reflet
l'instant est enfui
hurler de perdre même les ombres
Marie Mélisou 8/11/97

Glissement nostalgique
j'aimerai aller à Venise
intenses sensations
image et nation
espace d'un rêve
Venir
kaléidoscopes de métamorphoses
magie inspirée
musées flottants
sable et îlots
instabilité du temps arrêté
ensorcelé ou freinétique
j'aime la dimension temporelle
dualité irrésistible
un orage inattendu
et désert nostalgique résonne
Adriatique coucher de soleil
Venise est étrange
image sans nation
cacher la tristesse sous des masques sourire
libertinages et amours sacrés
couleurs à Murano
caractère et détermination
j'aimerai partir à Venise
devant le portail des Doges
St Marc et mosaiques de Byzance
Quelques Soupirs sur le pont
Voyage à l'envers
romantique trajets
l'âme humaine est bouffon
peintres poètes fous
petite fugue souriante
sur un air de Giovanni Giacomo
sans fil de violence
sans loi du Talion clichés
images d'une nation
imagination
Venir à Venise
désorceler la Lagune
j'aimerai aller à Venise
Marie Mélisou 11/11/97

Perdu
je n'aime pas l'amour c'est du temps perdu
disais-tu
je vais faire un tour j'oublie ça
tas d'individus
il faut savoir ce qu'on veut
tu ne sais pas dire
j'ai bien entendu
un échange pris sur la vie
un jour je te dirai
pourquoi cette désolation
pourquoi plus de soleil
des pas sur le sable effacés par l'eau
anéantissement voulu
petits coups de pattes précis
tuyaux crevés
bouches béantes où s'engouffrer
je n'aime pas l'amour c'est du temps perdu
disais-tu
irrésistiblement tirée vers l'abîme
tentatives
début de l'infini
vent furieux sans oasis
comment pourraient se rencontrer nos envies
je suis partie
Marie Mélisou 12/11/97

Méditation
minuscule cour trois murs
moquette blanche en tapis ratissé
seule
une seule feuille découpée
rouge érable
sol
cailloux sable blanc
dépouillé
infini suggéré
espace rangé
carte postale d'intuition
indéfinissable langueur
simplicité travaillée
arch-île-pels en immensitées minuscules
mon regard intérieur sur ce jardin japonais
Marie Mélisou 12/11/97

Ne pas comprendre
dis moi cette désolation
dis moi pourquoi plus de soleil
être une île je ne sais
nimphéas nénuphars lotus
fibre d'une corde jouée
poser un nom
poser une vie
renaître
anéantissement voulu
avant la fin du monde
dis moi cette désolation
dis moi pourquoi plus de soleil
être une île je ne sais
avant d'en arriver là
Marie Mélisou 12/11/97

Un point c'est tout
un point
précis
de travers avancée en crabe
un point situé
milieu de phrase
n'a rien à faire ci
s'est trompé hurle la foule
petit accident
parcours sans rond-point
point faux libellé
élément de négation
de repère
de ralliement
de vue
je veux voir
un point ôté
pas noir
suspendue
belle avancée
trois petits signes colorés
et phrases ensuite
Marie Mélisou 12/11/97

La nuit obscure
un temps elle écrivait en pensées
joie de son vol contraire
enroulée aux mouvements
pulsion de désirs
les nerfs du corps et canaux convergent
comme un premier péché
grands nuages étalés
le vent gonflait le changement nu
puis est venu le grand matin
monde qui rit des femmes qui rêvent
idéal confronté
mauvaises herbes sur beau terrain
courants des rivières
nuits et jours ne reviennent
la corolle de mots en cohorte
elle a posé le fadeau
regardé les vérités
ciel et eux dessous
peintures
fol élan instant de semer
planter
Picasso
elle a commencé des milliers tableaux
tous sur un même sujet
Marie Mélisou 12/11/97

Les redoutées
j'ai peur
du pot de tiges penchées en équilibre
du vent qui souffle en s'intensifiant
de la vie suspendue à un léger brin
du bruit qui gronde sous les hommes en action
que l'Ailleurs ne soit pas
d'un demain qui serait obligatoire
qu'il n'y ait plus de pluies sur le sable
qu'il n'y ait plus de sable sur la grève
que la mer n'arrive plus jusqu'à moi
qu'un jour il n'y ait plus de mots
ou que je ne sache plus les écrire
que tu ne sois qu'un de mes rêves
mais alors ils existeraient
Marie Mélisou 19/11/97

Prendre ensemble un chemin sans bout
une histoire de peau désirée
la lumière était émotion
les vents sur le sable entrecroisaient les sillons
semblable à leurs doigts
elle entendait le bruit églantine à la hâte de son coeur
contre sa gorge
centre de l'espace visible
il tenait à ce que toutes les voiles hissent son éclat
généreux vertige qui transperce la pinède
pupilles agrandies d'un jour plein
ils prenaient le temps de la traversée
repas du matin illuminé en pluie vive
elle partait souvent
espoirs auquels elle tendait toujours avec ciel en avant
les nuits avaient porté leurs enfances au monde
c'était loin
seuls comptait ces jours uniques
impressions de manèges qui pénètrent
emportent
il la regardait et sans heurt leurs peaux envahissaient leurs sens
yeux miroirs où montaient les sensations tactiles de caresses
retour des aller
moindre geste
moindre cil habitait l'endroit où ils étaient posés
il revenait depuis les temps anciens sur le rôle de ses mains
et composait les sons de l'expression de la beauté
les douches naissaient pour continuer les averses
retrouver les besoins violents
un silence poursuivait la connaissance
se boire devenait brûlant
elle scintillait pendant les étreintes immenses
il tremblait lorsqu'elle s'enlovait depuis son cou en foetus serrée
les jours de voyages ne se comptaient plus en mots
le murmure des vagues devenaient vagues nuages ocres
glisser et se lire chantait le vent allongé devant eux
leurs côtes rocheuses prenaient pleine mer
la lumière humide était toute à son émotion
Marie Mélisou 19/11/97

Se réfléchir
sans rien pas une photo pas un dessin
mur nu
le miroir de la pièce mouillée lui offre
le regard d'un visage humain
simplement
reflet cheveux
quelques mêches
ébauche de se sourire
même pas
effleuré sans pénétrer
glace délivre-coeur
il n'y a que là
unique et seul
au fil des jours
pour être apaisé
que l'on peut ouvrir son coeur
vérité d'une image qui avance dans le temps
lieu de confidence aux petits pots dorés
endroit pour voies intérieurs
prendre le ciel lointain en essort triomphal
l'avenir-vie ses dernières heures
le vide sonore emplifit le vacarme de toujours
jusqu'au grandiose selon les matins
ou jusqu'aux larmes
le long du cou long
d'un reflet
Marie Mélisou 20/11/97

Déchirement simple
ta paupière apprend l'espace
ton oreille le monde
regards de pierres du ciel
sur ton visage dans le soleil
a percé la grande muraille
solidité
une de tes mains sans gémissement furtif me dévaste
l'autre est un pas qui bat dans mes veines
le poids de ton corps est un pacte de sang attendu
un jour
désir amour qu'importe
un cri se détachera
un jour
Marie Mélisou 18/11/97

Regard sur le sommeil
elle dormait
il était là
tendresse d'un homme
elle ne le savait pas
il était lui
pas encore eux
ses mots l'éveillaient
ses couleurs y travaillaient
sa chair la respirait
elle ne le voyait pas
confiance tentations impertinences
ils allaient tout poser à terre
quai du pastel
grand mélange
sans tri étrange
aquarelle de la tendresse d'un homme
lavis au milieu de la vie
leurs yeux croisés
regards reconnus
il riait du mot âme
elle acceptait sa puissance
dormir dans la tendresse de cet homme
Marie Mélisou 18/11/97

La ligne et les nuages
un bleu blanc gris s'étire
journée beauté ventée
s'arrêter à tout allure
trainées devant les mouvements
fascinée par l'entre-temps
j'observe l'harmonie compliquée
au milieu du tableau
noire nuée qui s'étire décomposée
désordre du vol
apparence d'un rapide rangement
tous suivent les prédécéceurs
disproportions et grâces
manteau de brises du monde autour qui bouge
le silence est parfaitement semblable
le froid et le bruit sont dehors
je choisis de voler aussi
intérieur extérieur
le jour vient de trouver son sens
Marie Mélisou 18/11/97

La nuit blafarde posée sur un plateau
ses couleurs ont des sons inconnus
dures presque violentes
départ où nul retour
envies de lâcher le fil
le ciel n'est pas dehors mais dedans
la nuit n'est pas ailleurs mais tout autour
la souffrance halète jusqu'à l'inacceptable
elle dévaste à petit feu
vaisseau rouge incandescent
respirer laisser couler la rivière vie
accepter que le jour poursuive la nuit
se rattrapent valsent s'enlacent s'étreignent
pour que la nuit s'éteigne
alors sur le plateau d'un crépuscule corail
une fleur éclot
nervure lumière
douceur d'un pétale
pays qui laisse éclater l'aube
émergence d'un possible paisible
ce jour encore on n'égarera pas la beauté
Marie Mélisou 18/11/97

Le matin qui tombe
Deux énormes masses bleue marine, épaisses, compactes et denses.
Juste entrouvertes au-desssus d'Eux, en une rayure horizontale.
Sur une bande de matin gris cieux, intacte et lisse, le ciel parle
à nuages ouverts d'une crise profonde qui les agite fortement.
Une illumination progressive de cette couleur foncée, et le marine
devient gris-bleu moyen.
Le vent se secoue à son tour.
Alors, les deux nuages inattaquables continuent de s'ouvrir, de se
déchirer en oubliant, ou en offrant au paysage des cirrus cotoneux.
Des écheveulés s'installent sur la plage de l'horizon céleste.
Eux, sont dessous.
Juste pour ressentir leurs souffles emmélés, ils ont encore tenté de
se réconcilier.
Le vent déplace l'air et le jour-matin tombe.
La pluie arrose le sol.
Sombre, pas chagrin, il fera jour plus tard, avec de grands frissons.
Ceux que procurent la joie de connaitre d'autres choses.
Marie Mélisou, 22/11/97

Temps qui pense
dehors ondée s'embrume
j'écoute le bruit de l'eau
un bruit presque autre
plainte ou rire
il court entre le jardin et la maison
entre les troncs et l'herbes lourde
entre la peau et le coeur
vagabonde jusqu'à mon esprit
je le choisis rire
cette pluie est du soleil
Marie Mélisou 26/11/97

Simplement
rêve, rêve, chante-t-il au vent
un rien inventé attendrit les yeux
ils simplifient tout
peau en amour
délier le rivage et la mer
chemin des sens
les corps
exploration du miroir nos reflets
ventre mille envies
recevoir
rêve, rêve, rit-il dans le vent
si en cadeau elle offre le rêve
il devient invincible
s'aimeront regards et rires
découvrir
le premier moment
l'instant où les bouches s'écrasent
puis
celui où la vie palpitante glisse
absence dans l'autre
ou renaissance
scandaleuses pensées
le vent sourit et en rêve
Marie Mélisou 26/11/97

Signal de l'écriture