"Une plume jamais étouffée, danse un pas à pas fantastique"LES POÈMES DE MARIE MÉLISOU, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1998![]()
<== Pour écrire à Marie Mélisou
NOVEMBRE
Rose des vents Au bout de ce fil auquel je suis attaché, également pour ne pas me perdre, je respire à peine. C'est beau de regarder la Terre depuis si haut. Etrangement magique et silencieux. Deux mains, bras en l'air, me retiennent depuis en bas. D'abord j'étais posé sur le sol, Nylon plié, froissé, baguettes décrochées mêlées aux herbes courbées. Courbées par un grand vent qui, en rafales, emportaient les cris de joie des enfants rassemblés sur l'esplanade. Venus là tout exprès, communiants d'une même messe, ils étaient chacun penchés, sérieusement, comme il se doit pour jouer, au-dessus de leur jeu. Deux mains m'ont déplié. Mon étendue rose s'est lissée. Tout de suite j'ai réalisé un petit saut, virevolté sur quelques mètres pour un instant offrir une émotion à celui qui avait oublié de déjà tenir mon fil. Deux mains m'ont jeté dans l'air avec élan pour me voir me dresser, accompagnées d'un grand cri d'espoir en moi pour plus haut me soulever. On a soufflé sur moi, pour rire, pour demander au vent de me cingler. Mais surtout pas en bourrasques. Non, très régulièrement, à la façon d'un ventilateur qui ni me mugirait, ni ne mollirait. Maintenant, les deux mains s'activent en un ballet joyeux qui me guident, m'orientent dans le bon sens de la bise. Depuis le sol, on m'admire déjà je crois. D'ici, quelques mètres de plus vers le soleil, début des hauteurs bleutées, j'aperçois encore des doigts pointés vers moi. J'entends même le grelot d'un rire, il vient résonner contre ma toile. Entremetteur de la Terre et du ciel, je l'expédie d'un coup d'aile légère vers plus loin, vers des étoiles de soleil, rayons qui m'effleurent. Je continue de m'élever. Ascension délicate, où chacun de mes mouvements est analysé. Je suis regardé, redressé, contrôlé. Deux mains souples me retournent, basculent mes fils, me poussent sans rudesse vers plus loin, m'isole des souffles pâles d'en bas. Vibrations se suivent, mes couleurs au vent, je frémis sous ses caresses osées. Maintenant, on me distingue à peine. Je suis loin... Je vais bientôt atteindre le bout du monde. Pour un peu je passerais de l'autre côté de la Terre ! De couleur rose, flatté de courants d'air d'émotions, je mélangerais les teintes de pétales de mes ailes aux sauts de vent en couleurs grisées de lune. Bouffées impétueuses, je me lisse dans le doux, glisse dans le venteux, et tourbillonne entre deux rafales tourmentées. Deux mains me tirent pour que je revienne vers elles, me pressent de bientôt jouer à la girouette pour que je m'abatte. La fantastique montée sans horizon, où seul un fil me retenait, touche à sa fin. Ce fil qui m'empêche de connaître l'ivresse d'un ballon. Lorsqu'il s'éloigne, s'envole, vers nulle part, sans attache, irrémédiablement, sans aucun retour possible. Fil entièrement déroulé, j'ai plané, savouré l'instant d'être un oiseau dans le ciel libre. Mais deux mains m'attendent, me rappellent en insistant. Ca va trop vite, j'en perds le souffle. Je plonge à tout allure, pique vers le sol, ligne droite sans pallier. Je chute durement, oublieur de bleu, d'ivresses, mon nez se plante dans le marron dur de la terre. Deux mains m'attrapent et me serrent fort. Deux mains me caressent, et me roulent maintenant. On me range. C'est fini. S'il y a du vent un prochain dimanche les enfants s'approcheront de moi en riant, me réclameront, et crieront avec bonheur "Cerf-volant, cerf-volant, on veut le cerf-volant !" Marie Mélisou - Nov 98 -Vous aimez rêver ? Une plume, jamais étouffée, danse un pas à pas fantastique, grince sur le chuchotement des murs, parcoure le vert tissé par des araignées où toutes les grandes espérances jouent à saute-nuages en riant. Cette plume s'agite aussi sur les siècles mis bout à bout par des amis loyaux. Elle s'agite sur des amours cachés, lettres bleues aux légers parfums insoupçonnables. Plume, qui grignote des notes accords au bout d'un phare où galope des chevaux imaginaires en verre filé sur l'île de Murano. Passage fenêtre du grimoire au soleil. Plume, qui inscrit "Le monde commence, il est plénitude, tendresse vivante, envies émouvantes." Des banalités, mais qui font plaisir à lire. Plume qui gratte l'idée de la liberté. Et transforme tous les mourants en personnages de roman. Marie Mélisou - Nov 98 -Chemin creuxMaints dans la main longtemps senteurs des entrailles creux de la nuit écouter se glacer le plaisir en portant la vie dans sa poche Au matin tu rends tes ailes brûlées Harcèlement virtuel à concasser les étoiles à froisser les légendes elles tissent les mots migrateurs à broyer les immondes démons Toujours si loin de toi tu échines tes désirs vaints Que vogue le gemmail Portes étroites pour échapper à la ville qui dort papiers tremblés mouillés froissés Les ailes survivent à tous les fils cousus de blanc Marie Mélisou - Nov 98 -Vie en sansPar la fenêtre tranchante j'ai passé ma tête cassée et j'ai tout coupé Farce douce j'avais les idées ailleurs depuis longtemps Geste simple pour éviter les regards n'avoir pas à expliquer les miens ni être jugée Chemin de bois Par la fenêtre tranchante cette nuit en rêve j'ai agrandi mon sourire Peinture rouge à la sang-guigne Vigie sur vie-gît Plaqué sur ma tête dégringolée au sol il était terriblement radieux j'ai du vite fermer le monde Voilà pourquoi il fait nuit aujourd'hui Marie Mélisou - Nov 98 -à L-A-SLes amis véritables puis ils comprennent tout le demain éclairci de chaque hier quand plus bas que morte elle est le ciel les angles des coins de l'âme noms a donner au silence milliers d'oiseaux volages sentent osent croient sans écailler la mémoire comme le bonheur et mots non sciés émotions sans braconnier les véritables siens Marie Mélisou - Nov 98 -Tiroir secret
j'attends un pays toujours en été escale non forcée où la mer ventée au fin fond de l'herbe savane s'étonnera de soleil ne plus attendre y être est-ce cale sans fond des quelques-uns qui osent le soir où il fera grand jour fantasque fanfare des idées s'ouvre le tiroir secret d'une sauvage graminée ivraie clair de chant s'en va rire sans froid Marie Mélisou - Nov 98 -Le message du simpleLa vie prise de mouvement a bouleversé le sommeil hurler aux défis celle qui délivre les remous cherche dans l'aube ignorante une mélodie supportable mou rire je dessine de simples yeux à la vie Marie Mélisou - Nov 98 -La dérivée
un nom en écho pour apprendre à voler ma fuite de mémoire sur une sale rumeur et la terre s'en était ouverte de l'autre côté du paradis un petit tour et puis s'en va femme aux couleurs hissées d'or fort de torts de ports de morts de corps de sorts retour au monde sur des lisses et des chagrins craies blanches et vagues splendeurs pourfendues quand en divins petits secrets la Terre tourne Marie Mélisou - Nov 98 -
A J et R,Vaste évasion monter longuement émotion sans mots nous promenions le bonheur tête baissée contre les arbres écoutions nos souffles courts crissait le tapis aux feuilles de vérité peiner et se sourire d'amour continuions vers le haut soudain tête levée regardions tout alentour depuis là jusqu'à loin par-après la brume se laisser surprendre car soudain avec force l'orangé merveilleux éclatait Marie Mélisou - La St-Baume, nov 98Nuit et soleil
à la suite des éclats de nuits en grands matins jours d'ouvrages tressaille le blanc gardien de la rosée sur Terre nos coeurs frottent leurs yeux somnolents plus vite que les rêves se dégourdit le soleil il glisse par-dessus les tâches de son ombre s'incruste en quais d'attentes wagons à verser la vie les rayons coulent leurs brins d'éclairs et moi qui recueille cet or clair je chancelle de joie touffeur attendue Marie Mélisou - Nov 98 -Âme sons
baisers en givre soufflé sur une coque renversée mise à l'épreuve grands vents la paupière du soleil s'est fermée elle étreint la lumière en prétention à la vie vague douceur de pouvoirs et mots dansent sur l'âme sons de profonde lune vrai bleu d'un rouge sang Belles différences Marie Mélisou - Nov 98 -"Bien sûr, on s'enfuit en voyage à la recherche de l'étendue. Mais l'étendue ne se trouve. Elle se fonde. Et l'évasion n'a jamais conduit nulle part." A. de St Exupéry. mon âme se perdra si mon corps n'est plus tsigane solides rien contre les vents les traces n'usent pas les collines elles portent des fenêtres je nais autour de toi à chaque voyage Marie Mélisou - Nov 98 -l'important
très étonnée de passer à côté de muets je me sens complètement noyée souvent yeux fermés le vent grouille en remous joyeux ou tristes complètement terrorisée parfois de ma cour intérieure monte une fraicheur de château penché dans la nuit les notes syncopées déchirent mes souvenirs d'avant grandiosement liées Marie Mélisou - Nov 98 -DÉCEMBRE
Bocage vieDans l'étroit d'un bocal immense la vie J'essaie de souffler sur demain - mais hiver - les jours ont gelés Seule et unique démesure de mon patinage s'entend sur l'horizon épar les bribes répandues du lac qui se craquelle La beauté essentielle - Pensées en rangs comme peupliers - dans l'immense d'une vie étroite est mon bocage Marie Mélisou - Dec 98 -Vérité La bourrasque qui m'évite le noir est voilée quand se montre le jour Pensées nocturnes sur éclairs de coeur Distinguer l'unique à ceux semblables quand les vagues sont hautes et les yeux fermés est vie enfin respirée Marie mélisou - Dec 98 -Très peu de paroles
Passe l'amour sur les brins du vent Le soleil piqué au bout d'un grand bâton néglige la lune à la fenêtre La mer repliée jusqu'au prochain amour est rangé dans le ventre de la montagne Sans plus rien serrer que l'arche éventé vous êtes vivants je suis dissoute Marie Mélisou - Dec 98 -Il en est des poèmes comme des hommes, certains sont bien meilleurs que d'autres. Il est des poèmes comme des hommes, on souhaiterait certains vraiment beaux. Marie ____________________________________________Tour d'Anges Bout du monde comme lune sur Terre il est des jardins sans limites qui portent mes amours La Tour des Anges Nos passions croisées sans comédies légères - Ne pas y croire - ni Toi Moi Rythme trépidant ne séparent les choses aimées Ton aveuglement n'est qu'un immense mur d'escalade Où l'inaccessible m'attire Chaque instant je le gravis Livre vie Mémoire et entretiens mes rêves Dans le vent au pieds de la Tour des Anges Cité des Désirs Palais de mes veilleurs je prépare les prochains Je gravis et franchis Car comme une vieille folle qui radote son chant voyage sa fringale de songes D'espaces sur des parois de glace je m'entête Marie Mélisou - Dec 98 -Si je viens à m'en allerUne année glacée sous toutes les planètes aux facettes survoltées Je la laisse s'écouler Quand un grand soir j'emprunte un grand jour quelques petits pas mais ils dansent Nuit pas comme les autres et j'en viens à m'en aller Un radeau de pierre dans la mousson fend pieds nus la lumière Alors les montagnes pleines d'âmes aux portraits cachés devance l'impatience des amarres à défaire Elles crient ma course en écho à mes pas Marie Mélisou - Dec 98 -Emois d'effluvesOdeurs en souvenirs de voyages Habilleurs de rêves Jasmin sans limites Violette salée Cannelle Orange Les effluves des souks en sillage de Citron pomme doux jouent l'olfactif témoignage Ambre Seringa Vanille Rose d'Orient en fragrance épicée Traces de parfums Ou la simplicité pure L'odeur de la rosée sur la mousse Marie Mélisou - Dec 98 -Pour temps
mon coeur emmitouflé par vos sentiments à coups de dents hurle tout de même l'ensoleillance mes mains enserrée par vos regards en branches froides défont quand même les idées fermées ma salive d'écume par vos baisers en guerre gâchée abreuve malgré vous le temps assoiffé Marie Mélisou - Dec 98 -Cherche Voleur Sur un grand bateau comme un cheval se cabre un jour effroyablement doux nous aurions été à l'autre bout du monde Avec toi Chercheur d'énergies Danse macabre sur le fil de l'Horizon Qui aurait tranché net le rouge du soleil et mes ricanements de haine quand le cercle déformé t'aurait vu là m'abandonner Toi Chercheur d'une vérité ruisselante Loin loin au Bout du Monde Sans même le front de l'enfant puisqu'il n'y a plus de corps doux Sans chairs embrasées puisque déjà tu te serais éloigné Chercheur proche d'être renversé Désolé pour les élans en murs Mon cŠur en lucarne d'oubli sur un air habituel de douleurs aurait joué avec les nŠuds d'un ponton tandis que tu m'aurais abandonné là Toi Voleur sur qui je pleure Marie Mélisou - Dec 98 -Hurler au loup
Tes bras à bras me posent sur le pavé bouleversé où s'engouffrent et s'ouvrent nos ombres soufres Tes pas à pas tels mille loups m'écrasent et me heurtent Mon armure en carton n'y résiste Je t'aime tu ne le crois Fièvre de cailloux Ronds dans le ventre vide Je suis un jouet grotesque quand ta douceur mortelle murmure le merveilleux Tes promesses ne supportent pas mes montées au ciel Tu es parti la porte crie Marie Mélisou - Dec 98 -Hurler au loup Tes bras à bras me posent sur le pavé bouleversé où s'engouffrent et s'ouvrent nos ombres soufres Tes pas à pas tels mille loups m'écrasent et me heurtent Mon armure en carton n'y résiste Je t'aime tu ne le crois Fièvre de cailloux Ronds dans le ventre vide Je suis un jouet grotesque quand ta douceur mortelle murmure le merveilleux Tes promesses ne supportent pas mes montées au ciel Tu es parti la porte crie Marie Mélisou - Dec 98 -Papillons
En silence nous rions d'eux, yeux papillons dans nos âmes, les mots. Ils sont des enfants aussi fragiles que les brins d'herbe du chemin. Quand la rosé se pose sur eux, ils éternuent. Nous, nous cheminons. Marie Mélisou -Dec 98 -L'enfer à naître d'une nuit dehors Et du froid, et du vent Seulement Fêtes imposées, où seul Et demi-mort sur ton banc tu Trimballes tes souffrances, tes idées Estompées et creuses Sur la vie qui glisse entre tes doigts gourds Danse des passants ignorants qui Espèrent ne "surtout" pas te croiser ce soir Noël, Noël... Il y en a encore qui croient, qui Osent, mais ils t'effacent délibérément Et j'ai mal pour toi qui connait plus L'enfer vivant que L'enfant divin Marie Mélisou - Dec 98 -TOUTES LES PAGES EN UN COUP D'OEILVERS AVRIL-OCT 98![]()
VERS 1999