"j'entends
          sous ma peau fleurer l'âme"
 
           MARIE MÉLISOU,
-- POÈMES DE JANVIER 1998 --

<= Pour écrire à Marie Mélisou

 

 

JANVIER ja JANVIERnvier

 
 
 
heures démenées
 
 
 
      sur le fil des pensées traine le ciel
         le fond coloré ne me regarde
        une grande joie en feu naître
                             pourtant
          nouveau
             nous voeux
        pin parasol     figuiers
            grand mûrier
       tout est à peu près comme avant
     pirouette
 
        les nouvelles minutes s'écrasent
      ouragan    heurts menés
          ébullition
       chaîne des vents intérieurs fort
          qui regardent les hommes debouts
 
        à l'avant du bateau
        heures démenées
 
        une jetée
              voyage commencé
                          ronds à vivre
 
 
 
                        Marie Mélisou  1 janvier 1998
 
  
 
Vie veux
 
  vie voeux
         eau vive
  prise dans le lac
  soleil ciel lune journée objet
  une griffe tressaute depuis l'univers
  comme c'est drôle
                d'aimer
  vive allure 
  la griffre fonce sur moi
     vivre
  pétales de jasmin se consument
  enfant qui tant rêvait 
  coup de frein  bête aveuglée
 
  à larme eaux musicales
  coupe pour boire
  m'abreuve de ton ciel
 
  demain raccroché
  deux mains séparées
 
 
                Marie Mélisou  1er janvier 1998
 
 
 
Anse ouverte
 
 
            je t'écris de cette nuit de janvier
           l'écho de nos rires forme un tel silence
                           nuit sur le chemin jour
           ta seule présence vibre la joie
                émeraude ou jade
           nul ne connait le temps de la voie
             soir de vent 
                      baisers appliqués 
                                       yeux en musique
 
            je te crie de cette nuit de janvier
                l'originel d'un ventre de femme
             la quiétude d'une goutte de pluie
                                sablier sans ombre
            ta seule pensée allume le feu
                  carmin ou rose doré
           l'éclatante liqueur repousse le voleur de temps
             jour salé
                    paroles de braises 
 
                       collier safran allume les caresses
                                      
 
 
                                  Marie Mélisou  1 er janvier 1998
 
 
 
 
feu follet roux
 
 
 
en une journée la saison allume les feux aux bois
lumignons des derniers jours
                       avant le tout premier
oeil éclat noisette
manteaux frimas et châles de brumes
jonchées rêveuses aux flamboyants reflets
automne bruinera
 
 
 
 
                     Marie Mélisou 4/1/1998
 
 
 Lisse erre
 
 
ta bouche, fraise des bois
                 la gourmande danse 
elle, lissière des ombres et des lumières
          tisse le silence proche
                   si lance la vision qui laisse traces au coeur
lisse erre
   lit aire
     lier l'air
précieux parfums messagers
le cache-cache du partage commence
sieste allanguie batifole taquine
                           câline
amour efflorescent
chacun de tes pas illumine mes collines
                   éclaire nos rivières
                                       rives errent
                     avive les sourires
                                       rires
                         nuées mouillées
     arc-en-reins
          miraculeuse passer'elle à il
 
 
 
                  Marie Mélisou   4/1/1998
 
 
 
 
Deux meurent
 
 
habitude
elle soupire
plus d'errance
             ni d'attention
juste une décoration
femme fantôme sous séquestre
mémoire d'une jeunesse dans le paysage
                               pays devenu sage
lent chagrin du temps égréné
                  bois dérivant
marécages défaites aux pigments ôtés au gré de la dérive
 
silences sans nostagie, juste une idée des jours usines
                  inextricables falaises
récifs contounés puis oubliés
                               ne pas compter
longue route plusieurs chemins à raconter
souffles furtifs indifférents
double silence
             sans ces attentions
juste des décorations
soupirs lourds
habitudes
 
 
                        Marie Mélisou    4/1/1998
 
 Kalliste 
 
 
 torrent du souvenir
le maccjha épais ondule et éclate 
au bout, sera le village
                                 toujours
                        romarin des saisons
le sabot, lenteur voulu, s'inscrit sur le granit
tu songes à bâtir tes rêves
à libèrer le temps
 
au loin, la vague bat le sel
liège écorcé
vestiges défensifs impénétrables devant l'avenir
          vagabonds sur la mer
               conquêtes inattendues
 
d'archip'ailes en chaînons et arêtes montagneuse
découpée échancrée
tu es le paladin qui écarte la myrte, brette le laricio 
     
                             vigne et olivier
              fenêtres géminées
    balLade sablée
 
toit pan coupé et nuit étoiles belles
elle, ineffable présence
            troncs frissonnent
               racines dénouent sa courbe imaginaire
     hanche de mousse où se détache une ondulation
 
la forêt chante sans sommeil et l'obscur s'écarte
                           sauvage délivrance
 
à grande distance
au fond du goulet la marine capte le début lumière 
                  vérité de l'eau lorsque le haut pleure  
     murailles calcaires
        blocs roulés à la grève
 
de parcelles en murs de pierres sèches
ton pas cavalier devance celui de l'animal
        tu contes en tête les vues ensoleillées vives
                     et partage cette île coulée de racines
 
                      retour qui permet de trouver son chemin
                                      ile rassemblance
                              espace traversée
               
                            
 
                Marie Mélisou   3 janvier 1998
 
 
 
 
 
		Traine eau
 
 
              je suis la sans pays
                           en quête d'un même ciel
                    des racinées
               sens raciné
                             errance longue bleue
 
                               perception sensation 
         silence rythme espace étendue
       nuits des temps obliques   jour du miel doré
                  mes idées s'envolent
                            s'enlovent les écharpes soi
                        sarabande au-dessus de rien
                         paradis en enfer
 
                           je veux partir tournoyer
                           rejoindre le royaume clé
 
           je veux, je veux, je veux...
              qu'est-ce que tu veux ?
 
 
 
                               Marie Mélisou   6/1/1998
 
 
 
Un vent taire
 
 
 
les cordes que des mains tirent
      tendent l'ombre du ciel
                                  léger vertige
indifférence des éternelles conversations
 
les signe de vie dans la chaleur du jour
sont impatientes caresses
            nuque de jardins en coeur
                                  secouée séduite
les empreintes de feu brûlent chacun
 
les confettis mouvants
taches de couleurs
        rêvent d'aromes à comtempler
                                  mélopée belle
histoire de liberté 
ainsi les montagnes à escalader
visionnent par-dessus l'épaule les chuchotements
 
                                et la nuit tangue
et les envies du monde immense
                          grandissent
 
 
 
                   Marie Mélisou    7 janvier 1998
 
 
D'écume et d'épave
 
 
le décor plante le sable cris et le vent 
                        vaguement
               sur la rive
fragilité de l'air et violente tempête
lui, il, écoute la complicité tonitruante
               sur le sel
 
jade violine ou grise
la mer trépide, très vive
 
mains ancrés dans le sable
       lui, il 
la voit se parer courroux devant le ciel orangé
 
                  la dune crépite
renforcée à l'idée que la grève est du verre
  et que nous sommes de souples barbares
 
la mousse blanchâtre agitée 
        postillonne sa salive à ses pieds
                   lui, il
 
une coque de navire perdue
          sur le rivage en colère
est rendu au mouvant sans un râle
                        sans un frisson
 
lui, il, attend 
peu à peu s'infiltre la joie
          pure 
                  celle invisible du pays sauvage
images où tourbillonnent l'eau vive 
                       murailles franchies
 
 
 
                Marie Mélisou    7 janvier 1998
 
 
 
 
 
 
                    Mais sage
 
 
       femme d'un été 
    creuse les anses, dépasse les ports
                    j'aimerais arrêter le tempo
                        Summertime sussurré
                blanc du drap froissé
       femme d'un temps
    détourne l'exil, colore l'océan
                    j'aimerais jouer d'autres nuits
                        Celles Câline de Chine
                lèvres pourpre entrouvertes
       femme d'un passage
    disparue sitôt le hissé
                    j'aimerais tant continuer plus loin
                         Cap Vert, Îles sauvages
                 vert sombre du goémon                        
      femme de l'âge réconcilié
    contrarie le nord, il n'est plus un pôle
                     j'aimerais être mille gouttes de mer
                          arc-en-ciel de l'essentiel
                 pastel du camaïeu au sol
      femme d'embruns
    marie force et fragilité du chemin
                      j'aime l'ignorance et le sacrilège
                           construction d'éternité
                aussi, 
                    l'odeur de ta peau
 
 
 
                        Marie Mélisou   10 janvier 1998
 
 
 
<< Il est bon d'être seul, car la solitude est difficile. Il 
est bon aussi d'aimer, car l'amour est difficile >>
 
                               Rilke
 
 
 
 
 
 
Empêcher les maux
 
 
    noir sans douleur
        triste est l'étreinte éteinte
   écris-lui au stylo bleu mourir
 
        le ciel 
      nuage après nuage a des crampes
    écris-lui le grandiose de la galaxie
     les naines bleues qui meurent
           dans l'indifférence
             d'un univers trop occupé
                   qu'elle pleure pour une belle raison
 
    noir sans couleur
        histoire sans croire sous perfusion
    écris-lui le mal heure improvisé
 
        les larmes 
      sans paravent ni parcelle de pouvoir
    écris-lui avec une plume trempée dans le fiel
           avec l'indifférence
              d'un être aveugle pas concerné
                   qu'elle se piétine utilement
 
    n'écris rien
          tant que le bleu ne se pose pas
     tant qu'elle n'attrape pas 
               le rose ou l'orangé du nuage qui passe
    n'écris rien
           le beau tu, reviendras
 
 
 
                        Marie Mélisou    10 janvier 1998
 
 indevinance
 
 
        je te lis tendrement en aveugle
        et sombre ton corps indemne
        buée du monde, transparence tout autour
        rayon lumineux de ta bouche noire
        au bout de ta route commence le chemin
 
        et c'est là, ailleurs
 
      
                        Marie Mélisou   17.1.1998
 
Cercle dans l'eau
 
 
étourdie du partage des grains
odeurs confuses
le sable ocre ampleur que nous foulerons
resplendira dans le ciel
     changer 
      les portes en tête claqueront
     pour ne pas rester sur le mal
remercier la lueur solaire qui veillera
                      châle heure tout eau tour
vie entre-ouverte
      même 
      si glacée je me chercherai
t'émouvoir sera un volontaire rire
  me trouverai comme sur papier blanc
  te retrouverai des cygnes noirs
                               champs de grains 
                               d'ici jusqu'au ciel
fil et éternel d'un matin bleu et orangé
filet du profusion profond
    nous tendrons encore des ponts fatigués
              seul le drap sera blanc 
 ondes concentriques du ricochet des gestes
 
le monde a des armes
           désarme le monde évasif
et traverserons le matin premier
                               évadés d'eau à corps
 
 
          Marie Mélisou  17.1.1998
 
 
L'instant sacré
 
 
 
        la beauté fugitive ne dure pas
        amours remparts
                     première fois 
                            tant suspendue
        vol gracieux 
        à corps d'eux
                     et toutes les secondes fois
                            temps suspendu
        amours regards
        goutte de rosée perlée tissu meurtri
        soupirs mouvants d'émois
        battements des coeurs
        l'un dessus dessous sur sons entrouverts
             vivants poèmes
        Belle d'un moment 
        l'éphémère enlace les petits riens du tout
            délits cieux 
         passagers qui parlent aux anges
                        accrochés au fixe-mémoire 
         vie amantée 
            cycle perpétuel du désir magique
         création destruction des states d'histoires
         amours départs
             bout de quai
 
 
 
                                 Marie Mélisou  17.1.1998 
 
Peinture
 
 
       je dessine les fleurs
               pivot du coeur de l'héliotrope
             pétales aux éclats solaire
       j'écris l'eau
               courant de la magie
             gestes aspergés
       je repeins les nuages
               châles multicolores
             courbes d'audaces suivent les feuilles tombantes
       j'oriente le vent vers la lumière
               vol de l'espace
             libellule poudre de riz
                           sons couleurs senteurs
                           magie de l'allure sans rudesse
       je pense l'éphémère
               les utopies potenteilles
             apparaissent sous une pierre calcaire
                                      ou derrière un bouleau
             une feuille suit le cour de la rivière
             cascade du chant d'eau joyeux
       juste 
       la vie
       je rends visible
       je suis éveillée
 
 
                       Marie Mélisou   15.1.1998
 
Carnet d'un instant noir
 
 
          ils cherchent à lui sourire
          essayeurs d'azur
          marchands d'accords
          je sors de la fabrique
          rémission au ciseau d'ardents éclats
          j'entends
          sous ma peau fleurer l'âme
                    s'étirer l'idéal
          et le chant des pendus bruisse
          absinthe rauque
          ailes tristes d'une gueule d'artiste
          elle soupire
          lourdeur d'un bouquet fané
          sanglots des anges
          et chaud froid d'une balle perdue
          s'endormourir devant l'horizon
          sans le silence d'errances qui divaguent en solitude
          je croyais nager
               je me noyais
          elle veut crier
          pour se ressusciter sans horreur ni dégout
          honte sur l'abattoir vie
          apparence sage d'une femme mère veille
                   à l'intérieur     mer en furie
          je sais
          le jour se lèvera encore
          << la vie est un long je t'aime >>
 
 
                        Marie Mélisou   17.1.1998
 
 
 
<< la vie est un long je t'aime >>
 
       Vivant poème - Barbara
 
 
 
 
Brindille chimérique
 
 
       une brindille chimérique
         dépouillée
       dépositaire d'harassantes nostalgies
       se balance 
                obsédées par des chants
       se perd dans de douces rondeurs
       brûle-parfums
                et bleus de Chine
       s'enivre
         marche après marche
       émerveillée de ne pas tâtonner comme aveugle
 
       miracle épanoui des perceptions aîgues
       visage tourné sur corridor ouvert
           aucun bruit 
                sur les averses de pétales indestructibles
       elle déchiffre visage et corps
       tournoie avec lenteur
                filtre le fantastique 
       et goûte
       le prolifique délit cieux
 
       toujours se redresse
                 brindille plie
                     chimères sourient  s'envolent
       brindille
       ne rompt pas  
 
 
                              Marie Mélisou   21 janvier 1998
 
 
 
 
Un pays sage 
 
 
     la lumière vive de roches soifs
     roule et salue l'étendue verte colère
                     signes   sourire complice
     plus loin aller
     au-delà cette fois
         les rêves lient l'attente
                     et les vertiges chants
     parallèles rails 
     pareil elle rêve
 
     puis il surgit
              et pas à pas sage
                       passage paysage
 
     le silence est blotti
          il la contemple et se penche
      sourit à la pluie
                  laisse durer l'approche
                  que laisse passe fragmente
 
      complainte heureuse en soupirs
      petits bruits d'à corps frémissement doux
          il dénoue ses lacets
        et frôle le bruissement d'une jupe
                pandants d'oreilles déposées
               bretelle tombe
                 le bretteur relêve le suspens
      s'empare de l'action
      en douceur
      en amour
             arpenteur pas dérouteur
                     pays de passage
 
      elle est étourdie 
                 de la nuit ensoleillée
           belle froide pour mieux s'enrouler
                         tangue chavire vacille
      gestes abandonnés
                l'espace toujours plus haut
                crie la langue de la peau
 
      il plante le vent et le sable
      ses muscles fouillent les pistes déchevêtrées
                polyphonie des âmes
      plume à lit sait
              lisser le flâner
 
      du bout de ses doigts il compose 
                                  le virtuose
      un ciel meilleur
                 une source rouge 
      des arbres étranges   un astre sans nuit
      un horizon sans heure
                 de secrètes caresses
                       un courbé paysage
                                 sans pas sage
 
      promeneurs en noyaux de braises
                           étincelles pénétrées
      les racines s'asseyent
                revêtent leurs âges
        trouvent les sens
                   les sensés en immensitées 
                                   aux paroles nues
                   croient à l'absolu
                      des amants pas sages
 
 
 
          Marie Mélisou   21 janvier 1998
 
 
 
 
 
 
amphore
 
 
         vagues et bonds   âge textuel
               portraits sens    gestuelle belle
         vagabond 
         est l'oiseau pélagique
         au-dessous
         un bateau sur mer langueur
               s'amarrera à la terre liberté
         temps orageux 
               si l'artifice ciel est le chemin
         espaces 
         en échanges de joies
         la terre est faite ciel
            la mer est peinte nid
         les âmes 
         en chemin vers deux mains
 
 
                        Marie Mélisou    21 janvier 1998
 
 
Les denses heures
 
 
        tes mers intérieurs se cachent en une crique
        repaire de bandit 
                   se promène dans le bonheur
        émotion sur une plage   
        corps s'allument et s'étreignent  
        le merle la sittelle
        denses heures
 
        mes mers intérieurs accompagnent ton allant
        tu entres en elle
                  riche tempête et pêche 
        jardinier d'une marée
        corps se trouvent et se fouillent
        un albatros une mouette
        danses heures
 
        nos mers intérieurs oublient le temps d'avant
        sillages de collines bleues
                      marins de paysages libres
        mémoire à fleur de parfum
        corps de cimes empilent et s'éprennent
        un soleil une femme
        nus danseurs
 
 
                               Marie Mélisou  21 janvier 1998
 
 
Pour suivre
 
 
     la couleur des vagues sur l'horizon de l'air
     est chair de garçon
     affaire de quelques distractions
     sur les lichens s'éclaire la mousse de l'eau
     tranche le terrible des murs
     le nouvel élan des housses de désirs
     un soleil pouvoir
     s'interrompt
     abrupt dans mon rêve
 
     l'été s'amorce en jours sans plus naufrage
     poursuivre
     la vie cogne au front
 
                                 Marie Mélisou   22 janvier 1998
 
 
 
 
 Un si long temps
 
 
       j'ai marché longtemps 
                                       pieds éteints 
       sur des terres en nuits froides et brouillards
       aucune conscience  insouciante
       je mens
       je m'en rappelle   
       la nuit fut longue sans bondir ni élans
 
       j'ai erré longtemps
                      esprit en cagibi 
       grands creux qui sonnaient vide
       traits tristes sur gaité jouée
       je mens
       je m'en souviens   
       je perdais raison plumes et plaisirs
 
       j'ai cherché longtemps
                                      colères noires
       des sentiments lumineux sans ombres ni doutes
       irrésistibles brûlures
       je mens 
       je m'en rend compte    
       le vrai comporte des incertitudes
 
       l'on tend vers eux
                   long temps marcher 
       sur les chemins torrides  
       ceux des torches vives   dévastateurs
 
       je m'en réclame    recherche rêves 
 
 
                      Marie Mélisou   22 janvier 1998
 
 
 
 
 
 Horizon tale
 
 
        étoile ma sacrée
        rivage ravage
        ne t'avance
        sur les ciels cassés
 
        étoile sacrifiée à plat
        moucheron caresse
        de l'ombre
        dans les coins jetés
 
        fruit d'un matin
        horizon faim
        talée
        foulée
        tu es une étoile horizontale
 
 
                          Marie Mélisou   23 janvier 1998
 
 
Cerulean blues
 
 
            assorti aux rives lointaines
                    à la nuit la plus claire
            clandestinité
              cerulean blues
            ils se tiennent couchés
            ouvrent les formes et les noms
                           l'eau et les murs
            cerulean nourrit les rêves
            étoffe au vent bleu terre
                       hiver leur fut cadeau
            châle bleu buée tissu
            geule de nuit libellule
            cerulean blues
                   dix averses coulent l'horizon
                       et mille fontaines cajolantes
            à travers nos peaux bijoux
            muraille écartée
                   les sens mangent 
            clandestinité
            clan destiné
                             soie froisse le bleu
                             souffles bonheurs
 
 
              
                         Marie Mélisou   23 janvier 1998
 
 
 
 
 Emma
 
 
       elle donne le peu d'air qui passe
       sève de plus tard  
                  de très loin
                         de son corps 
                              le vacilleur l'hiverneur
 
       Emma rêve qu'elle
           abonde crépite foisonne retentit aime
             fleur sans mystique
       s'oppose partage refuse accepte s'approche
                à paumes bleues ouvertes
 
       rit d'ailes diurnes vers des sous-bois
       voudrait siffler l'eau de la joie
                   pénétrer les roches tendres
       qu'elle dessine des cercles en lierre
       tisse la buée des bonheurs
                    enlace les fenêtres
       pense à ceux d'en bas tout bas
 
       sur la route des chemins
                ferait de l'oeil au bleu du ciel
 
       Emma se rêve 
                    brûlante et douce
          dans une chambre chaude
       s'incurverait en vagues de joies
       qui combleraient les creux vaquants de son esprit.
     
 
 
                       Marie Mélisou  25 janvier 1998
 
 

 
 
 
Arabesques fleuries
 
 
 
      le soir tombe
      prunelles sombres s'accoudent aux fusils
      je voudrais brûler les meurtriers
            ceux qui tranchent les villages 
                  dagues, poignards, cimeterres
                  veilles de veillées mortelles
 
      les femmes, des mortes vivantes
      avant
      lignes sinueuses aux formes gracieuses
             arabesques épicées
 
      les hommes,  déchus et maudit
      avant
      vies laborieuses de croyants aux promesses
 
      elles ne rêvent plus
                marmottent leurs prières écarquillées
      se souviennent du temps d'avant les fanatiques
           errent hantent vagabondent pleurent
 
      ils regardent le sol
               cherchent où s'est retiré l'honneur
       se souviennent d'autres guerres fétides
            maudissent s'unissent pourchassent
 
      le jour
      les pleurs des femmes brûlent encore le sable
                   et l'oasis rouge sang coule déborde
      le soleil fulgure l'horreur
            conte les mille et une victimes
                      chaque sombre recommencée
 
      tandis que les assassins dorment
                        ils enterrent les morts
      voiles noirs scandent un hypothétique futur
      au son des dagues poignards et cimeterres
          sans vivre pour ça longtemps
 
          tombes d'arabesques fleuries
 
      je voudrais écraser
      les infâmes aux reflets vermeils
                ceux qui tisonnent le pays 
                   cloué sous tous les croissants
 
 
                           Marie Mélisou  25 janvier  1998
 
 

 
 
Les voiles des ployés
 
 
 
        tristes et glauques, ils suivent, les moutons
        éternité de pierres de murs
                       nulle place à l'improviseur
        sont rongés sans s'accomplir
                     galériens vacants d'eux
 
        je ris
        moi je connais l'air rose
        ton souffle, plus fort se serrer contre toi
        et le sourire de ton corps
 
        terrible absence des ployés
            endurent les plaies brûlantes des villes
        courbent les visages où plus rien ne se crie
        faibles qui fléchissent
                         
        tu ris
        toi tu connais l'eau verte
                 te déploie vers moi sur horizon profond
        mer chargée de nous
        yeux fermés confiance   cargo vers la liberté
 
        les jours avalés des abaissés, ceux courbés 
                               jamais ne s'envoleront
        fauves mornes déracinés, livrés, cernés volontaires
              suivent la grisaille du seuil deuil
        toutes voiles affalées
 
        je ris
        moi je connais la terre ocre
             celle qui s'effrite sous mes pas 
                  cherchent toujours
        celle qui merveille, fritte en fusion vers le cristal
 
        les rançonnés glissent feuilles mortes
                 mégalopoles déchirés les éteignent
        les ployés s'emploient flasques
          nuits de loups en tanières vipères sans voiles
  
        tu ris
        toi tu connais les nuits bleues 
                  celles des étreintes de s'écouter
                           celles de mes grottes illuminées
            celles qui brûlent
        fragilité volontaire aux forces des éléments
               
            toutes nos voiles aux vents, déployées
 
 
 
                      Marie Mélisou  25 janvier 1998
 
 
 
 
 
Ris d'eau
 
 
       parfum de la terre colère
                   colle erre
       j'empaille tes illusions
       dis-toi simplement 
                      qu'une colline bleue s'est tue
       qu'elle ne savait plus donner
                ses cimes se terrent
 
       mais l'espoir n'est pas malade
       les oiseaux ne se meurent pas au soleil
                                      sol air insépare bleu
       s'écaille la mémoire
            plus tard
       une inconvenante assoupie
       un bel assouvi
       rideau sur le désir des signes
 
       le vent sort ses épines
       les plantes se roulent en boule
       le chat feule
       tu pleures
             tes poings sur mes hanches
                              mon ombre n'est plu
                            si le soleil s'est tu
 
       tes poings balayent le temps
                               mon ombre s'est tu
                           si le soleil n'est plu
 
 
 
                          Marie Mélisou  28. 1. 1998
 
 
 
 
 
 
 
  Nuages de reflets
 
 
 
        Quelques soleils
                     et un hiver froid
                                   esprit sans soucis
 
 
        Des spirales d'estime
                     mais connaissance
                                   coeur dépouillé
 
 
        Petits cailloux  
                     passion d'oiseau
                                   cheminer au bien               
 
       
        Des cimes turquoises
                     envisager d'existence
                                    vent d'air pur
 
 
        Une montagne bleue
                      plonge dans la mer
                                    une île s'échappe
 
 
 
                         Marie Mélisou   31 . 1 . 1998
 
 
 


°
 °0 ;-)
 
Bloub !
Pour les eaux d' hier, cliquez sur la sirène de  gauche
Pour les eaux de demain, cliquez sur la sirène de droite...
 
 
 
 
 
 
 
Vers novembre-décembre 97     Vers février-avril 98