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la page poésie n°10

 

    À toi, Marie, ce grand jour de joie pour ton premier livre publié. À tous ceux, plein, qui suivront pour nous enchanter
 
        -- Sarbacane -- 
 
                Une femme
                Un jour
                Porte des mots en elle
 
                "Fais nous vivre"
                Disent ils
                
                Patiente,
                Artisane,
                Elle les sculpte
                Taille les flêches
                Lisse les caresses
                Irise les larmes
                Fait provision de rires
 
                Urgente
                Passionnée,
                Elle les fait vibrer
                Tourner
                Donner des mains à son âme
                Courir dans la forêt
                Apprendre les secrets
                        
                Elle ressemble le sacré
                Autour du feu
 
                Les mots sauvages
                Les mots sorciers
                Les mots guerriers
                Les mots enfants
                Les mots sourires
                Tous ensemble
 
                Alors, 
                Du coeur de la forêt
                Elle les souffle
                En sarbacane
                Et ses mots nous atteignent
 
                Et là
                Ses mots plantés en nous,
                Le contraire d'une blessure
                Flèche de joie
                Écriture fruitière
                Plume pépinière
 
                Et tout ton chemin regardé
                Ensemble
                Les mots qui m'élisent ou me taisent
                Je les prends tous
                
                Une longue route qui s'incurve en sourire
 
                                17-09-98

-- Ligne de feu  --
 
        Centre de l'âtre erre
        Mouvements soie vive en volière
        Elle passe de braise en braise 
        Ponts de soleil pour nourrir la vie
        Diffusion du vent dans les fenêtres de la nuit 
         
        Souffleuse de verre
        Chant brasier en crinière
        Elle vient déplier la chaleur
        Dessiner la ligne de feu autour du coeur
        Voir l'incendie côté nuit
 
        Corps des flammes
        Appels du bleu empaillent le jeu   
 
        Alors,
        Nuit et feu se souviennent l'un de l'autre
        
                                15-09-98
 

-- Ligne d'eau --
 
        Bord de l'âme erre
        Épure d'ombre vive en lisière
        Elle saute de grain en grain 
        Profil de vague pour faire des ronds dans l'île
        Infusion du temps dans des yeux vivants
         
        Sous voeu reine 
        Vent poudre fluide en lumière
        Elle vient border la marée
        Suivre la ligne d'eau mot à mot
        Voir l'horizon de dos
 
        Coeur des grottes
        Échos du sel rebond
 
        Alors,
        Terre et mer se souviennent l'une de l'autre
        
        15-09-98
 

-- Figure de proue -- 
         
        Je suis une figure nue, immobile
        Je tire les yeux des hommes
        Toujours plus loin
        Les emmène vers leur fin
        Je suis la plus haute marche du sommeil
        La nuit qui dort tout au fond du soleil 
 
        La nuit,
        Les vagues sculptent des yeux vivants dans mes yeux vides
        Mon regard est invisible
        Et les hommes fous
        Qui ne font que me suivre
        Croient m'avoir créée
        
        Tourne le vent
        S'enfonce le temps,
        Danse la mer
        Se ferment les paupières
        Lentement 
        Se diluent
        S'effacent,
        Les hommes
        Ont ils jamais été là ?
 
        Je chante pour les nouveaux temps
        J'appelle toute l'eau du monde
        À remonter des fonds
 
        Une vague,
        Si haute qu'elle emplit le ciel
        Large comme tout l'océan
 
        Tout en haut de la vague
        Danse un peuple de bateaux
        Accord parfait des gouttes de la mer 
        Chant immense
        
        Les figures de proue
        Enfin libres
        La vie de la terre
        Enfin lavée des hommes
        
        Maintenant,
        Toutes les vies du monde ont des yeux
        Ensemble
        Au sommet de l'eau
        Nous faisons route vers le soleil
 
                        13-09-98
 
 

Chair de Lune
 
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        À cette nuit magique d'il y a sept ans, dans un bois
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                Ombelune, toi qui vit au bord des canaux, dans la Venise Verte,
remontes tu parfois le fil du temps ? 7 ans... s'étend...
                L'instant précis où il n'y a ni le jour ni la nuit. Je suis assis dans
une clairière en pente, au coeur d'un bois en forme de lune, un long
demi-cercle qui prendrait ses aises. 
        Ce matin, je suis parti sans toi sur ta planète. La planète des secrets
de famille, des regards obliques et des volets qui se ferment comme des
plantes carnivores. Gangues des vies. 
        Tu croyais que je n'oserais pas y aller. Alors, j'ai traversé Bordeaux
et j'ai sauté dans le premier train vers ta planète. Je plonge dans ta
terre, Ombelune, et tu veux la voir par mes yeux. En ce moment, malgré
l'heure, tu as les yeux ouverts, là bas, dans cette chambre d'université
un peu étroite pour deux souffles, et tu ne les refermeras que sur moi,
pour m'entourer de tes paupières, quand je revendrai. Tu m'attends, je
le sais. Tu es en train de te demander si je suis vers les châtaigners
ou dans les maïs, si l'odeur de tes brebis flotte dans l'air ce soir.
        Ombelune, c'est un de tes noms. Tu en as beaucoup. Tu les fais tourner
autour de ton coeur, parce que tu as peur, peur du moment où les noms
s'arrêteront de tourner et que ton coeur sera nu. Toi, tu m'appelles ton
Diseur d'Âme. 
        Je te sens frissonner, dans les feuilles vibrées autour de moi, je vois
la longue coulée de tes cheveux, bleus d'être noirs     , s'étendre sur tout
le bois et s'enrouler autour des branches, dans la densité des
châtaigniers. Je décris un cercle pour faire le tour des présences du
bois, inclure mes gestes dans les leurs, dire mon respect de vivre dans
la vie du Bois. Je souris bravement. Salue les esprits. Pays de
sorciers. Ici, on trouve encore des chouettes clouées sur des portes et
il y a autant de grimoires que de livres de messe. Pays âpre, rêche.
Chez toi, seuls les cris habillent les oiseaux. Mais tu es née le jour
de la St François d'Assise, alors tu sais voler nue. C'est pour ça que
tu es partie.
        Toi et moi, on adore se promener dans la nuit, s'y enfoncer profond,
ensemble. Toucher les arbres. Et je n'ai jamais vu quelqu'un capter
comme toi la lumière de la lune. 
        Je t'entends d'ici sourire dans la nuit.
        La lumière est devenue très rouge, comme si des milliers de cordes se
frottaient sur le ciel.  
        Je lève la tête vers le pylône des lignes à haute tension. Elles
grésillent un peu. J'aime bien. J'ai l'impression de vies mystérieuses
qui courent sur les fils.
        D'un coup, le ciel s'éteint et les étoiles ont l'air de jaillir d'une
eau noire. La lune est pleine. Le bois se serre un peu plus autour de
moi. Une présence puissante, habitée émane de la terre. L'odeur forte de
l'herbe donne des envies d'amour.
        Je relève les yeux. Instant magique. La lune a l'air d'être posée sur
un des trois fils. Je ne fais qu'un avec le bois, j'ai toujours été là,
au milieu des cercles de plumes laissés par les chats ou par les
sorciers. 
        Je sais que tu as vu, la même chose que moi, au même moment. C'est
l'instant où je ne sais pas où je finis et où tu commences.
         Alors, en chair de lune, un même souffle nous prend et nous courons
sur le fil, faisant rouler la lune, deux chants vivants dans la nuit.
        
 
                24-08-91/13-09-98
 
 

-- Vie blanche et verte -- 
 
 
        Les ronds de la pluie sur la mer. Légers d'abord, puis furieux. L'eau
hache le ciel, fouette l'air en gris-vert, puis se jette dans la mer.
Comme un fleuve qui se suicide. 
        Face aux éléments. La beauté. Sur les mains, l'odeur du bois,
persistante, puissante,celle d'un meuble caressé. Fraîcheur du nez sur
les mains.  
        Dans le ciel, sept couleurs différentes, comme les bois dans la maison.
Marquetterie de ciel. Arc en ciel taillé dans les arbres.
        Les arbres brûlés dans la colline en face. Poussières d'étoiles. Le feu
en nappes dansantes sur la mer. 
        La Beauté, prise d'un coup, entière.
        Le bout du jardin. La vie en terrasses, la vie blanche et verte. Comme
la maison.
        Vent de la vie en pleine figure.
        Envol de cette maison, lancée loin, se pose dans une autre tête.
        Les pointillés diapason  du téléphone raccroché. Fil en La. Marcher
dessus.  
        Puis mes pas, loin de la mer, Place des Abbesses, Paris.
 
        Paris, entièrement repeinte en blanc et vert.
 
                Le 11-09-98
 
 

-- Cour des miracles --
 
                Palais pavé de souffles baisers
                À flanc de lumière
                Colonnes musiques en arbres sagesse 
                Coulées de feuilles, caresses d'or sur les mains
                Ici,
                Tout parle
                À vie déployée
 
                Pourpres offerts tissus splendeurs 
                Courses dansées aux jardins rieurs
                Un sourire dans ton thé  
                Drape la vie déshabillée
                S'étire la peau triomphe
                Virevoltent les rires chemins
 
                Juste avant de naître
                Des pots en ciel pétri 
                Mûris au coeur du soleil
                Remplis de vies 
                Puiser et choisir
                Quels enfants nous serons
 
                Je plonge ma main 
                Je regarde mon visage sur l'eau dans ma paume
                Et je souris
 
                        10-09-98

-- Toi --
 
                        Tes yeux font vivre l'eau
                        Projettent loin
                        Les squames des squales escales
                        Au fond d'aimer
                        Déposées
 
                        Toi,
                        Seul le monde est à ta taille
                         
                        Lignes de fuite
                        Sur le tableau troué
                        Descendent les enfants
                        Des amours à dos laissant
 
                        Toi, 
                        Tu épouvantes les nuages
                        Aimantes le soleil      
                        La terre boit ta force
                        
                        Le soir, les oiseaux se rassemblent
                        Te regardent à hauteur d'or
                        Viennent dire les chants qui te ressemblent
                        Rêvent de voler comme tu marches
        
                        Toi,
                        Si belle
                        Qu'il faut plusieurs vies pour te vivre 
                        
                        
                                                10-09-98
 
 

-- Tourbillon --
 
                        Tes mots
                        De saisons flambées
                         
                        Montent
                        Les feuilles en ondes tournoyantes
                        Circonférences de gouttes disent la parole du monde
 
                        Je pars
                        Ici
                        
                        J'abonde au vent voyage
                        M'envole en rosace dans toutes les directions
                        Me rassemble, effile mes rayons
                        Frappe à la fenêtre pluie
                        Me nappe sur le toit en tourbillon lumière
 
                        Regard loin 
                        Longtemps
                        Maintenant
 
                        Tes mains
                        Trempées dans la mer
 
                                        09-09-98
 

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 À la vie à soi-fée
                       ---------------------------
 
                                        -- Statue de ciel --
                        
                        Visage pétri
                        Mesure les angles du froid  
                        Calque de gestes millénaires 
                        Aux graminées porteuses de pierres 
                        
                        Présence fière 
                        Feu circonflexe en chapeau de ciel
                        Diffracte mes yeux aux prismes hasards
                        
                        Feu couvé
                        Incendie des doigts 
                        Prend à la vie, déborde 
                        Le métal se cambre aux mains en fusion
                        Moire les surfaces manèges
                        Défait patiemment les coques sortilèges
                        
                        Je ralentis en plein virage
                        Fourmille de vivre
                        Saute dans une barque
                        Vogue vers le sourire marbre
                        
                        J'attends
                        Courbe sur le ciel
                        Sourires en terasses
                        Geste
 
                        Cercle d'ambre,
                        Anneau pensée autour du rouge agité 
                        Enrobe les escaliers 
                        Éclate en murmures rassemblés
 
                        Quelques pas
 
                        Autour de moi
                        Le monde tout en pierre
                        
                        Nous seuls 
                        Vivants
 
                                        09-09-98
 

-- Gelée royale --
 
                Abeille de fond froide
                Tu voûtes les pierres de la vie barrière
                Poudre d'or foulée au corps
                Corridor de lumière
                Sous la gouttière
                Tu saignes les nuits des ailes
                Ta clé de doute écrouche la route
                Vole en vrille seule
 
                Tu as froid, 
                Feu pâle en hiver de pétales
                Gelée royale
                Ouvrage dard, beauté saccage 
                 
                Amie-soleil, 
                Ton miel lumière en sommeil d'hiver
                Un jour éblouira nos yeux 
                Le vent de tes ailes verdira le désert
                Changera les pierres givre en marée scintillante
                Les pas décroissants des jours violents
                En coeur dansant
                
                Abeille de sol-aime
                Or riant des perles, secret des gemmes 
                 
                                09-09-98

-- Sauve qui pleut --
 
                Les murs d'eau
                Escalade noyée,
                La pluie qui cogne dans la tête
                Pénêtre
                Fait des boules de papier avec les fenêtres
                
                L'eau boit toute la vie  
                L'eau donne toute la vie  
 
                Mort épave coeur aspiré crié
                Sourire pensée caresse murmurée donnée 
 
                Éclairs
                Écriture du feu aux saignements du sursaut
                Ciel piqûre
                Visages fascinés ciel haché en regard fixité
 
                La lumière brûle toute la vie
                La lumière porte toute la vie
 
                Cri poing chaos coulé disloqué 
                Joie visage chant nagé dansé
 
                Et là  
                Deux lèvres
                Posées sur l'orage
                Se rassemblent
                Et disent le mot
                Qui conduira le temps
                Devant.
                 
                                8-09-98
-- Flamme - 
 
 
        La nuit,
        Toi,
        Si loin
        Une bougie
        Un rêve
        Un souffle 
        Un regard
         
        D'abord
        Le bleu
        La nage du sombre du feu
 
        Puis 
        Le rouge
        Les pas de l'air qui bouge
        
        Enfin,
        L'or
        L'élan du soleil dedans dehors  
        
        La nuit,
        L'air
        L'amour
        Une flamme
        Toi
        Tout près       
        Si fort.
 
        Le baiser  du feu sur la nuit
        Tout autour de la vie
 
                        
                        07-09-98

  -------------------------------------------------------------------------------------------- À Marie, Rémy et Joanie ---------------------------------------------------------------------------------------------
-- La nuit serrée contre trois--   La nuit serrée contre toi Lisse les pluies des draps Tes mains sont la maison D'autres mains plus petites Ensemble, Plus grandes que le noir Rassemblent les éclats du miroir Omelettes de rires fêlés Neige sur la télé Le poing des larmes sur les soirées Cheveux sombres dans cheveux sombres Les jeux du soir font flamber l'ombre Le nid du monde autour de vous Dit que rien, c'est déjà le début de tout La nuit serrée contre trois Les chevaux se regardent Secouent leur coeur crinière Savent qu'ils sauteront plus haut que la lumière Parce que l'aube croit en eux Galopent Sous le sourire du ciel Dans le carosse du soleil L'amour, l'amour et l'amour   07-09-98  
-- Mi amor --
 
                Sang des arbres
                Promenade colère
                Feu nègre des regards nuit étouffant la lumière
                Mes pas pèsent sur la terre
                Mes mots tuent les vies de l'air
                
                Meurent les feuilles
                Se couchent les mains écorchées
                Dorment loin les cendres hurlées
                
                Mi Amor,
                Mis à mort
                Se fendille mon corps
                
                Vie étrange
                Où les coeurs se mélangent
                Je pourrais rire pourtant 
                Et je meurs en marchant
                
                Je rentre
                S'achève la journée
                D'une vie enterrée
 
                                06-09-98
 
 

------------------------------------------------------------------------------ À l'Irlande, le pays où toutes les fées du monde peuvent demander l'asile poétique ------------------------------------------------------------------------------- -- Eiréann --   Terre patiente Ta palette verte fait germer la lumière Tes chevaux de joie courent depuis le fond d'hier Le profond de la mer Est leur seule barrière Tes landes sont les vies dansantes De la joie patiente Elles ondulent se passent nos âmes de brin en brin Font sourire les mains Terre urgente Ton sol coupé en deux Lance la mort noire aux églises aiguilles Le tranchant des prières Le Bloody Sunday Les joyaux de la couronne tirés à bout portant dans tes enfants>   Terre mousseuse Tes pubs parlent ma langue fraternelle La soif d'amitié universelle Verse ta musique dans nos rêves Les chants les flûtes les chants gorgés de flammes la folie la sêve> La tournée générale du pays des songes Le vrai des mensonges Terre amoureuse Tu chantes dans le mouvement des tes filles Leur corps porte la vie les sources l'étreinte le lumineux du sang> Elles bougent même en dormant Leur ventre est la baie des oiseaux L'horizon des berceaux Ici, Les danses mordent la pluie Lancent des défis à la vie Caressent la peau de l'envie Puisent la joie font le soleil Chantent la lueur Tatouent la nuit de fleurs Terre à cheval sur le ciel Goutte de fée posée sur l'océan Pays où je me souviens de moi   5-09-98 * Eiréann : le nom... irlandais de l'Irlande
 
Pour m'écrire
 
La page des poèmes de Marie Mélisou
 
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