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la page poésie n°11

 
 

-- Pont des Arts --
 
        Tu regardes l'eau. 
        
        Un geste de ta main lance une ombre dans le fleuve
        Ton ombre en bouteille dans la Seine, va vers la mer, n'effleure rien,
enclose dans le verre. Miroir intérieur. De dehors, on ne voit rien,
rien que le vert aveugle. Seul un papier dépasse du goulot. Seules les
lettres voient dans l'eau trouble de la Seine. 
 
         Maintenant, je te vois, je suis le bois du pont et l'huile des
tableaux, le tremblé du ciel et les ondes de chaleur de ce matin d'été.
Bientôt, dans une minute, je marcherais vers toi et je ferai semblant de
te voir pour la première fois, de ne pas te reconnaître.
 
        Un oiseau décrit une arche de vitesse, plonge vers la Seine,  saisit le
papier dans son bec et l'emmène. Il sait que ce ne sont pas des lettres
à lire, mais des lettres qui lisent le monde. 
 
        Éclat fugitif du soleil sur la bouteille. Étoile à boire d'un trait, à
capter dans les yeux.
        Tu attends sur le pont, ta peau bleue vanille rayonne sous la chaleur
et tatoue le soleil.
        
        Envies de lunes en plein jour. 
        
        Tu sais tout déjà et tu ne sais rien encore. Un peu comme l'eau. 
        Le temps, comme un grand réservoir. 
        
        Toi, si belle dans le soleil, presque au bout du pont. Ma longue
traversée courbe, longue marche aérienne au dessus de la Seine. Mes pas
sur le bois, comme grimper sur un arbre couché.
        
        Regard. Rencontre suspendue entre deux rives. C'est le pont qui
traverse les eaux sur nous. Quelques pas pour empailler la nuit, le rose
de ta robe pour fleurir le jour. Et, dans le parc,  cette musique, si
familière qu'il nous semble l'avoir composée nous-mêmes. 
        
        Envol de ce temps jusqu'à maintenant. Se pose ici, comme neuf, lavé par
la pluie. 
 
        Maintenant, le pont déployé sait marcher sur l'eau. La bouteille,
devenue transparente, occupe le centre exact de toutes les eaux du
monde, île de verre, à travers laquelle le soleil fait loupe pour
allumer les fonds marins et offrir la lumière à l'eau noire. 
 
        Avec patience, l'oiseau a appris les lettres à ses enfants, et l'on
rencontre de plus en plus d'oiseaux qui savent parler.  
 
        Je reviens parfois sur le pont. Il y a toujours un vent tournant, là où
tu étais, qui dessine ta présence. À présent, l'eau coule vers notre
premier regard. 
 
        Les voiles du pont t'ont menée jusqu'à la mer. Là, tu es encore plus
belle, tu complêtes le monde et tu mênes doucement la terre vers le
soleil. 
 
                27-09-98
 

- Esprit des bois --
 
        Hier 
        Je viendrai couvrir la forêt
        Lancer la pluie en l'air
        Et retomber avec elle
 
        Argile de soleil
        Tu creuses un puits dans la mer
        Les yeux en l'air
 
        Jadis
        Je viendrai germer ici
        Je déroulerai le tour des troncs
        Relierai les champignons
 
        Chateau de sève
        Tu rêves les vagues de la terre
        Germes les mouvements de l'eau
 
        Autrefois
        Courront les feux d'écureuil
        Et
        Au bout de mes doigts
        Se multipliera le jour
        Éclateront les odeurs
 
        Lune de vent
        Tu pétris la magie des courants
        Fait lever les pousses des arbres d'équinoxe
        
        Toujours
        Signe après signe 
        Goutte après goutte
        Une lettre par feuille
        S'écrit le Livre de la forêt
 
                        27-09-98
 
        "Une passerelle
                 Tu es
          Entre eau et ciel
             Arbre bleu"  (Marie Mélisou)
 
 

-- Songe crépitant --
         
        Douleur ramure
        Danse dans le chemin des lettres
        Murmure les phares du ciel
        Effeuille les bateaux d'en haut
        Vibre à l'étendu des cordes de la lumière
        Cherche
        
        Fière hauteur 
        Rondeur de la mer
        Sauter
        C'est tourner
        
        La falaise se ramasse comme un chat de craie
        Et saute du bord de moi
 
        Le chant
        Plonge à la fête        verticale
        Catapulte la joie
        Irise ses mains au prisme du vent
        Passe de pluie en pluie    saisit les lianes d'eau
        Brise la souplesse en pointillés sursauts
        Ouvre les bras au soleil
        Mord dans le feu    rit de le boire comme le miel
 
        La falaise 
        Trace
        Toute l'histoire de la terre
        En lettres de craie sur le ciel
        
        Rondeur du ciel
        Le vertige capture le mouvement
        Toi,    
        Falaise de soleil
        Songe crépitant 
 
                26-09-98
 

-- Chant de vision --
 
                Corps né 
                cristal-lin de ciel
                Tombé froissé d'un habit de soleil
                Monte en incandescendre,
                Brillant trébuchant
                Oeil vivant
                Seuil voyant
 
                Les bateaux de nuit
                Aiment à voeux gréements
                Mouillent  la vie du feu 
                Clignent dans les yeux
       
                Corps nés
                Liquides âmes nautiques
                Placent un tas visionnaire
                Oeil hier
                Sur la lumière
                
                Ainsi voit la nuit
                Silence regard déchiffre la vie
 
                                        26-09-98
 
 

-- Indéfinitifs --
         
        Mourir au tranché des vertiges dispersés
        Devenir la marée
        Devenir le danger
 
        Tourner en gouttes de soleil dans la mer
        Descendre  
        Descendre 
        Oublier qu'on a jamais respiré
 
        Menacer les courants froids de mourir de chaleur
        Entourer les monstres d'un collier d'eau câline
        Surgir cavalier sombre au bal des abysses 
        Faire luire de ténèbres un couteau de corail
        Mordre leurs écailles comme un chien de lumière
 
        Et là, 
        Sauter toutes les barrières  
        Avoir pied dans la nuit
        Retourner l'océan comme un gant
        Poser la mer au dessus du ciel
 
        Crime de chant
        Tuer le temps
        Toujours plus eau
 
                24-09-98
 

-- Vents d'anges --
         
        Automne
        Rousseur de vivre,
        À bonds dansent les fauves des couleurs
        S'écourtent les heures
        S'allongent les ombres les lueurs
        Souffle le temps sur les hommes en graines
        Corail des pensées sur un ciel de traîne
 
        Mois de cep tendre
        S'échangent les sarments
        Des frères de chant
 
        Sommeil de sêve
        Les feuilles ferment les yeux et rêvent
        Empreintent des sentiers invisibles
        Rayons sensibles
        Maquillent la vie d'or paisible
 
        Pourtant 
        Les visages penchent la lumière 
        S'enflamment inventent des saisons à suivre
        Hérissent le pelage du vivre
        Regardent deux vents d'air hier   
        Jurent qu'il n'y aura jamais d'hiver
        
        Vent d'anges du soleil
        Cette année, les feuilles monteront des arbres vers le ciel
 
                                        23-09-98
                         ----------------------------------
                 
        À vous, tous mes souhaits pour un bel automne de vie et de poésie
 

-- Nervures de lumière --
 
         
                Femme-feuille
                Ondule aux assauts des deuils
                Respire à flots l'eau de vivre
                Écrit les pages de nos livres
 
                Ses mains trempées dans le sable
                Inventent le vrai des fables
                Ruissellent du sensible
                Éventent nos soifs au prisme des possibles
                
                Son souffle change le destin du vent
                Délivre les enfants
                Pose des sourires pour faire voler le chant
                
                Femme-naissance
                Sève patiente aux saisons de l'urgence
 
                Je te vois
                Tes gestes lèvent la mer
                Tes yeux savent le dedans du soleil au translucide des paupières
                
                Femme-joie
                Demain vit en toi
                En nervures de lumière
 
                        21-09-98
 

À la Provence.   -- Peau du soleil --   Ocre Roussillon La poudre de terre danse les mains ouvertes Boit la soif de la peau en magie bleue nue Donne un corps à la lumière des odeurs Fait l'amour aux doigts en souffle lueur   Ciel en poussière Essence de la pierre Crépitement d'arbres Sèche providence Abondance Celle des hommes aux paroles d'images Celle du tissu des visages Immensité du voyage Ici, La pierre amante Prend feu à la lumière vivante Dessine mes courants magnétiques Flambe dans la nuit magnifique Rassemblement des mains Basilic frotté sous le nez du jour L'odeur même de l'amour   Rochers chaos Musique verticale d'une éternité en marche Courbe l'âme en arche Souvenir du chemin des arêtes Capture le fluide de la mémoire complète Fleuve de grains Accord par fée aux rires volière Claires à les toucher Les étoiles en eau vive pleuvent sur le soir Relient les pointillés du noir Monte de la terre Mon ombre éblouissante Qui gravit De tuile en tuile Les tourbillons du ciel Jusqu'à s'habiller de la peau du soleil   Ici, Un bout de moi sait les sources   20-09-98  
-- Poudre du temps --
        
        En poudre d'or sur le corps du noir
        Le temps scintille
        Remonte le courant des familles
        Fait jouer la lumière dans les rideaux des yeux
        Change la pierre en feu
        Grave le poids des mains sur les ailes des cieux
        Trouve la joie par surprise
        La traînée de soie aux lignes d'eau qui se brisent
        Respirent
        Et déploient demain en papiers de sourires
        
        Je nage
        L'eau lumineuse de tes Pensées
        Les grands fonds chantés
        Voyage écrit sur la nuit , rivière de vie assourdie
        
        J'entre dans le bruit
        Deviens le tracé du cri
        La face cachée des étoiles
         
        Aimer, 
        Capter la voix florale
        Le flot des feuilles dansantes,  le tourné du bal
        S'éveillent les plis des voiles
 
        La roue du temps broie la poudre du miroir
        Te contemple en tournant autour du hasard
        Rassemble tout pour voir
        Les lendemains, les jours, les soirs
 
        Toi
        Musique autour de moi
         
                                20-09-98
        
         
" La roue du temps tourne
par la force du vent des âmes seules.
Elle tourne pendant que nous continuons
à demander la même réponse à une étoile.
 Comme si on ne connaissait pas les signes
qui nous disent la juste mesure
superbe et absurde de cette existance." 
 
        (Luis LLach)
 

-- Fête du vent --
 
                
                Sauts des yeux aux marelles nuageuses
                J'envole le vent
                Colore le souffle
                L'enroule autour des nuances du temps
 
                L'eau respire et se retourne dans sa peau
 
                Aquarelle du feu au soleil touchant
                Peinture sur soi aux couleurs du temps vivant
                J'imprime mes pas dans les vagues
                Fond dans la danse
                Capture le silence
                Présente la mer à l'enfance 
 
                L'eau ouvre un oeil et prévient les vigies des bateaux
 
                Je cours et cours encore  
                Fais briller le sable en traînée d'or
                Distribue l'air autour de mon corps
                Brûle le bleu du ciel  
                Donne des leçons de lumière au soleil
 
                L'eau sourit enfin au jeu des courants chauds
                
                Je lance la joie au bout du fil de mes doigts 
                La rose dansante
                La vie volante
                 
                L'eau regarde le reflet fleurir son flot
 
                Course des enfants au voyage cerf-volant
                Au bout de mes mains
                Je tiens                
                Demain
 
                Ce soir
                La mer danse en tenant le soleil au bout d'un fil d'eau
 
                        19-09-98

-- Vie machinale --
                        
                Falaises d'images
                Fontaines de sons
                Lune de salon
                         
                Quelque part
                Maintenant
                Des lumières suivent le vent
                Des feux
                Des mains qui s'y réchauffent
                Des yeux qui s'y plongent
                Un langage qui en naît
                Partout
                Où la vie est possible
                
                Regard laqué fixé sur les murs allumés
                Rires enregistrés
 
                Plus loin
                Dedans
                Des fleurs jouent à saute-vapeur
                Des arômes font des concours de couleur
                L'odeur des herbes est un chemin respiré
                Des enfants rient dans des maisons grandes ouvertes
 
                J'attends
                Un serpent
                Pour m'emporter
                Mais la solitude n'atteint pas les organes vitaux
                Paraît-il
                
                Elle se contente de tourner
                Sans les mains
                Les pages du programme télé
 
                        18-09-98

-- Grave légèreté--
 
                
                La courbe de l'horizon au sol envolé
                La transe bercée des fruits
                Cousus dans les bruits  
                Plume de neige soulève la terre
                Plonge le voyage ciel
                
                Montée
                En cercles vers le cristal-contour de l'eau
                Le grain de lune
                La terre solaire 
                Dans laquelle tourne la mer
                
                Image innée, 
                La lumière déroule le ciel présent
                Les éclaircies pour les cendres d'avant
                Les canicules sablées pour les plages de maintenant 
 
                Moi,
                En grave légèreté
                Je continue ma montée
                Jusqu'au tour du ciel
                Jusqu'au léger du soleil
                Au plus vaste du petit
 
                Pierre de plume
                Je monte
                Plonge vers le dessus du monde
                 
                                17-09-98

-- Légère gravité --
 
                
                L'oblique de l'horizon au vol penché
                La transe percée des cris 
                Cousus dans les plis  
                Chiffon de suie pèse sur les ailes
                Envole le tomber
                
                Piqué
                Droit sur le cristal au milieu de tous les autres
                Le sel-soleil
                L'étoile polaire  
                Autour de laquelle tourne la mer
                
                Face innée, 
                La mer invente les nuages de demain
                Les pluies pour les fleurs à venir  
                Les giboulées salées pour les marées des près
 
                Moi,
                En légère gravité
                Je continue mon piqué
                Jusqu'au centre de la terre
                Jusqu'au plus lourd de la vie
                Au plus sourd de l'infini
 
                Oiseau de plomb
                Je descends
                Soulevé vers le fond
                 
                                17-09-98

-- Écran tactile --
 
                Courir en rond
                Dans un carré
                Presque toucher
                Presque vivre
 
                Carré ment
                Quadrature du temps
                Cercle de vent
                Autour des jours blancs
 
                Écouter
                La vie se dérouler
                L'été
                Loin
                Briller
                Dedans
                
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                Au crible du chant
 
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                En carré
                Électrons élus
                Fusil à vivre dans les coins
 
                Toucher en pente
                Lune scintillante
                Écran tactile
                Carré magique
                Neige prison
                Beauté vision
                
                        17-09-98
 
 

-- Ambre solaire -- 
 
                Château de puissance
                Corps allumé de l'espace
                Soleil des traces 
                S'éveille le chant
                Se colore le vent
                
                Seul cri dans le soir 
                La douleur du miroir
                Mon reflet soupire 
                Immersion d'un respir
                Nuée sur mon visage
                Éclairs écrits bleus
                Buée du sourire
 
                La foudre cuivre les instants riants émouvants
                Découvre des territoires dedans
                Surprend l'évidence des mouvements
 
                Au coeur de la fleur
                Entouré d'ambre solaire
                Tenant dans mes mains le premier miel du temps
                J'aime
                La montée des eaux
                L'aube blanche et verte
                Que regarde la mer
 
                Jardin au creux de moi
 
                                17-09-98
 

-- Ambre blanche --
 
                 
                Château de distance
                Corps gelé de l'espace
                Soleil des glaces 
                S'éteint le sang
                S'endort ce qui ment
                
                Seule vie dans le noir;
                La chaleur du miroir
                Mon reflet respire
                Inversion d'un rire
                Buée sur mon visage
                Éclats petits feux 
                Ruée du soupir
 
                La foudre givre les mouvement du temps
                Ouvre des espaces blancs
                Suspend les danses des instants
 
                Au centre de la glace
                Entouré d'ambre blanche
                Tenant dans mes mains la dernière feuille verte du temps
                J'aime
                La tombée de la neige
                La nuit blanche et verte
                Qui regarde la mer
 
                Jardin au bout de moi
 
                                17-09-98

 
Pour m'écrire
 
La page des poèmes de Marie Mélisou
 
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