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-- Un temps périt --
 
			Le temps 
			Déplace
			Nos pas dans l'espace
			Souffle sur les chats
			Les remplace
			Allonge les plis des draps, 
			Ajoute nos traces aux rivières du lit
			Fait voler les miettes en éclats
			Pour qu'elles retombent entières dans nos bras
 
			Le temps capture le soleil
			Donne du relief à l'éveil 
			Change les blessures de la terre
			En couleurs plus légères que l'air 
			Cime d'hier
			Pouponnière 
 
			Là où le temps se pose
			Il y a des escaliers de roses
		 	J'y fais parler les gens les choses 
			Que mes mains prennent et posent
			Le temps parle dedans
			Se souvient du futur d'avant
			Cap sur hier droit devant
			Maintenant
				
			Le temps sait des marées
			Et sait s'arrêter
			Le temps marie
		            Le jour la nuit
			Le temps fée des enfants à la vie
			Le temps dérive 
			En écriture cursive
 
			Ma vie, 
			J'ai tout ton temps
			À l'un fini
                                    À l'et-vie-danse, oui.
 
			Un temps périt
			Au soleil de l'éveil des vies
			Tu es partout, même ici
			Je t'aime temps
			Toute la vie
			Parce que je t'aime maintenant
			Tout le temps
			
					16-08-98
		
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			"Maintenant, au coeur de la roue du temps
                                    Ta poussière poudroie
                                    Le cercle des jours habite les nuits
                                    Le rire du silence, l'âme de la pluie
                                    Tout mon temps dresse la vie"
			
			"Temps dresse la vie" -Mireille Seasseau, 06-98
			__________________________________
 

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		À tNath qui m'a dit "ne t'arrête jamais". Merci.
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			-- À vie de tempête --
		
		Le Dravanteg ira au devant de la tempête
		Sans baisser la tête
		
		Les enfants passeront sous les arches des vagues
		Ils lèveront les bras
		Pour joindre l'eau d'en haut à l'eau d'en bas
 
		Je ne serai pas là, mais tout au fond
		Tes yeux pêcheront les lointains
		Houat ne voudra plus atterrir
		Et nous laisser partir 
		 
		Le sel nous rendra lumineux
		Nous donnerons des leçons de jeu
		Ouvrirons les yeux des bateaux
		Danserons dans l'eau
		Tendrons des élastiques
		Entre Houat et Hoëdic
		 
		Je ne serai pas là mais tout en haut
		Je tiendrai ta main
	 	Pendant les grains
		Je ne tiendrai rien
		Je tiendrai tout
		Je tiendrai à Toi
 
		L'amour fera la fête
		À vie de tempête.
 
					Bretagne 06-97/15-08-98
 
		 
		 
		
 
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			 	À la bougie de Noël, cadeau de feu...
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						--Chant d'ailes--
 
				Souvent tu m'emportes
				Tu brilles jusque sous les portes
				Tu t'accroches au ciel
				Suspends tes pieds au soleil
				Puis, tu diminues,
				Toute lumière bue
				Jusqu'à ta présence nue
 
				Ta vie dépend du vent
				Du sens des courants du temps
				La chaleur d'un instant
				Le souffle d'un enfant
				Un pas de géant
				À quoi tiennent les feux ?
				À si peu...	 
				 
				Dans ta lueur
				Je vais rejoindre les arbres et les fleurs
				Vivre à l'intérieur
				D'un soleil de couleurs
				Dans ton geste
				Je brûle toujours plus à l'ouest
				Tu es tout ce qu'il me reste
				Si tu éteins ton phare
				Ne resteront que les cases noires
				Les ombres de l'histoire
				
				Bleue bougie, 
				Fleur de magie 
				Flamme sans pluie
				Tu es les arabesques à dénuder
				Un incendie qui tient dans une main fermée
				La peau translucide
				De la lumière du vide
				Ta comptine arlequine
				Fait danser les lueurs marines
 
			 	Bougie bleue
				Brûle encore un peu
				Le temps que s'habituent mes yeux
				À devenir vieux
				Sans elle, sans toi, sans eux.
 
								15-08-98 
			 
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				  "respirer laisser couler la rivière vie
                                                  accepter que le jour poursuive la nuit
				  se rattrapent valsent s'enlacent s'étreignent
                                                  pour que la nuit s'éteigne"
 
				   Marie Mélisou-"La nuit blafarde posée sur un plateau", 11-97
			              ______________________________
		 	   
 
 
 

--Classe de mer--
                        
                        Réveil des bruyères,
                        Longs gestes des landes
                        À la marche des hommes
                        Où il n'y a pas toujours de sol
                        Dans le ciel,
                        Des bateaux fabuleux appellent
                        Seuls les enfants peuvent les suivre
                        Les enfants voient tout vivre
                        
                        Ils traversent les toiles des tentes
                        Remontent les courants de la pluie
                        Sautent par dessus les orties
                        Tirent l'océan de sous la nuit
                        
                        Au bord de la falaise
                        Ils grimpent sur les goëlands
                        Vont où leur rire les mène
                        Brillent dans le phare d'Ar-Men
                        Relèvent les jalons des joies des peines
                        
                        Bleuetagne
                        Dors encore un peu,
                        Les enfants te font un nouveau sang
                        En rêvant
                         
                                                        Sarzeau, 06-97/14-08-98
 
 

 
-- Horizon vert --
		
		Horizon vert,
		Il entre,
		Ou c'est le monde qui sort
		 
		Il pose quelques yeux
		Pour donner son regard à la pierre
		Aux paumes ouvertes des deux mains d'hier
		
		Peut être même dit-il quelques mots
		Nul vent pour les porter haut
		Rien que la joie d'être
		L'assemblage des lettres
		La beauté d'une femme en train de nager 
		Le cadeau de la rêver
		Les sourires du ciel familier 
		L'amour et rien d'autre
 
		Il songe à la parole des lieux
		À ces moments si forts 
		Qu'ils grandissent encore
		 
		Il fait rentrer le monde
                        Et l'horizon vert dans une même ronde
 
		Il sait qu'il n'y a pas de clé du mystère
		Parce qu'il est grand ouvert.
 
		 				14-08-98
		 
		
		______________________________________________	
		Ce soir, la Terre est au plus près de l'amas des Perséides, c'est le temps des"Étoiles filantes", la nuit des voeux... 
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		-- Perséides --
 
			
			Perséides
			Fontaines torrides 
			Les gestes du ciel
			Les crépitements d'ailes 
			Sèment les étoiles fugitives
			Les graines de lumière sensitive
			Médusent les dunes des nappes de chaleur
			Éclusent les yeux aux crues des lueurs
 
			S'allument les voeux 
			Autour des familles d'yeux
			En cercles bleus
			Se tendent les doigts  
			Pour attraper les flammes de vent
			Le vol incandescent
			
			Les mains 
			Font le tour des fleurs du jardin
			Puis lancent
			Les avions de souhaits
			Les cris du silence
			Les petites fusées d'enfance
			 
			Se croisent,
			Juste au mileu du ciel
			Les pensées les étincelles
			Échangent leurs vies
			Glisse la lumière dans la terre d'ici
			Montent nos histoires en haut de la nuit
			
			Maintenant,
			Poussent les graines de soleil
			Rêvent la tête en bas les grandes marées du ciel
 
					13-08-98 
 
				________________________________
				"Haz de tu puño algo cariñoso"
				(Fais de ton poing quelque chose de tendre)
				Lhasa de Sela
				________________________________
			
			 
	
-- Eau rage d'aimer --
                 
                 
                 Scintillent à peine
                 Les premiers mots des nés nus phares 
                 Bébés-lumières têtent le noir
                 Mers halètent les battements des coeurs nageurs
                 Mais
                 Éclate le ciel d'or meurt
                 S'ombrent en vrille
                 Les tours noyées
                 Au sursaut des nuages enfiévrés
                 Hoquets de ténèbres en eau rage
                 Fous droits mes pas sur la plage
                 Un port temps prend le large aux eaux flambées
                  
                 En clou de foudre
                 Les éclairs scient la lumière qui navigue avec nous
                 Tombent
                 Les pluies du toucher  
                 Se déploient
                 Les seins d'abeilles au pollen d'aimer 
                 Nous entourent 
                 Les voiles des bateaux de peau
                 Nous sément
                 Les vents d'Ys-percée en graines de marée
 
                 Reste
                 Une tour de lumière
                 Danseuse sur la mer
                 Et quelques bateaux de nuits
                 Nés de l'eau rage d'aimer.
                  
                                                12-08-98
 

-- Peinture à l'île--
 
                Passe,
                Corniche des retrouvailles,
                Couleurs en bataille
                L'amour 
                En promenade
 
                Palettes des bateaux
                Peinture à l'eau
                Fresqu'île sur peau 
                 
                S'impriment,
                Le contour des arbres
                L'étendue finesse 
                D'une plage-caresse
                Pétillement des mains,
                Saveurs entières.
                Tes bras entourent la crique
                Ton visage appelle les vagues
                Et la terre tourne au bout de nos gestes
 
                Frottés contre les bateaux
                Nos yeux bleu miel au toucher du pinceau
                Marchent sur l'eau
                
                Tableau de grains
                C'est l'amour qui peint
                
                Le temps passe
                Les couleurs vivent toutes seules
                Des enfants naissent partout,
                Même ici
                Et courent autour de nous
                Même quand nous sommes partis
 
                Les bateaux puisent des gens dans l'eau
                La lumière prolonge les pinceaux
                
                Reste,
                Intensité simple,
                Les couleurs
                La corniche,
                La promenade,
                La vie.
 
                Et un peu partout,
                Du bleu sur la proue,
                Des grains de nous
                Embrassent les îles
                 
                                        Port Navalo, Golfe du Morbihan, 23-07-98
 

-- Train de nuées --
 
                        ____________________________
                                Au train bleu étoilé...
                      ____________________________
 
        
                Intime errance
                Des nuées d'importance,
                Les petits fruits
                Tombés de la nuit
 
                Chut,
                Le marchand de fables 
                Va passer
                Il dira vrai
                
                Les cris cueillis
                Aux confluents des vies
                Cadran lunaire
                Carcans solaires
 
                Syllabes,
                Douces dans toutes les langues du monde
                Font les mains fraîches 
                Et les lèvres rondes
                
                Les amours motrices
                Éblouissent
                La longue mélodie au chant de la vie  
                Parole sans bruit
 
                Tchou-tchou,
                Chuchoter dans le train,
                S'infinir à l'oreille de demain
                Qui se souvient.
                
                Train nu
                Baiser mordu
                Train d'amour
                Horaires du toujours
                
                 
                                           le 11-08-98
 
 

-- Äme île liée --
                 
                 Je m'écris une lettre
                 Je la lancerai sur le pont
                 Elle courbera les bruyères
                 Passera de sterne en sterne
                 Volera quatre saisons
                 Enveloppe plus blanche que les maisons
                 Plus légère que la pluie
                 
                 Repas de goëlands
                 Au nids d'eau tournoyants
                 Mots donnés aux oisillons
                 Repas de lettres chantantes
                 Saisons migrantes
                 Ailes de l'île, crique volante
                
                 Je lierai ma lettre
                 Depuis le fond
                 Surprenantes nouvelles
                 Signe la pluie à l'écriture du sel
                 Juste 26 signes de l'alphabelle
                 Collés à la coque 
                 À l'envers du ciel
 
                 Mes épaules haussées
                 En raz de-marée
                 Sourire du geste
                 Aux eaux célestes
                 Coulera la lettre d'abysses
                 Restera l'eau d'hisser  
                 Le flot d'aimer
                 Jamais cessé
                 En âme-île-liée
                 Et plus si infinités
 
                Je m'écris une lettre
                Pour me dire que je t'aime
 
                
                                06-08-98
 
 

  _______________________________
                
                Aux boucles des vies aux oreilles du temps...
                À Toi. À la magie de te vivre.
                _______________________________
 
                        --Feuille d'oreille--
 
                Deux feuilles d'or murmurent des secrets à ton oreille
                Deux enfants gracieux aux balançoires du soleil...
 
                Pavillon noir des traversées silence
                Galères, poivre de Cayenne aux mines de ciel
                Corsaires soufflent sur les rides des eaux
                À l'abordage des lobes du feu
                
                Escales liées en colimaçon
                Au château d'If des montées cristaux
                En esquives d'esquifs
                Tu rames en crabe
                Aux ailes d'eau radeau des méduses-lumières
 
                Aux creux des poèmes d'or
                Aux nacres nervures
                J' entends la sève
                Je rêve
                Du beau de l'air
                À peau lie n'erre
 
                Le sang des sirènes aux trésors des fonds
                L'or bleu des cordages aux noeuds sous-marins
                Le corps de l'eau en carte du trésor
                        
                L'or n'est que ton prolongement. 
 
                                Stéliade, 30-01-98/05-08-98
 
                ______________________________
                        "Fugitive beauté, 
                          Dont le regard m'a fait subitement renaître   
                          Ne te reverrai-je que dans l'éternité ?"
                                                        (Baudelaire)
                _______________________________
 
 

-- Eau de feu --
 
		En coupe de flammes versées sur une bougie de soif
		Des êtres d'eau
		Dansent la mousson des mots
		Le soleil de la peau
		
                        Au cercle fluide des argiles du vent
		Les baisers sorciers frottent nos gouttes l'une contre l'autre 
		Mes lèvres poreuses
		Vibrent aphones de ta pluie
		Éclaboussent l'incendie
		Enflamment la source aux averses du silex
 
		Mon rêve torrent incandescent
		Liquéfie le cri du chant
		 
		Il pleut du feu vers le ciel
 
			05-08-98

 
--Main bleue--
 
        
        Au rivage des mains côtières 
        Ta peau vitrée colle à ma peau 
        Cabotage sans fin aux marées digitales 
        Mes gestes se desquament aux doigts sans étreintes
 
        Passent
        Les vents de paume
        La houle des poings
        Demain
 
        Ta pulsation tactile tisse le sommeil du geste
        Le voyage implosion des écrans d'arrêt
        La caresse fluide vitrifiée
        Électrocute
        La ligne bleue des vies
        
        Reste
        La trace,
        Le sang vivant
        Dedans
        
        Du soleil aux poignets je brise la vitre
        Et là,
        Dans des lieux et des temps différents
        Nous applaudissons
        Ensemble
 
        Vit
        L'âme du toucher
        Ma main sur ta main en soleils liés
        Tu me vas comme un gant 
        De nudité
 
        Je t'aime
 
                                05-08-98
        
                        _________________________________
                        "L'avantage des fenêtres sur les miroirs, c'est qu'on peut y regarder
des deux côtés" (Jim Morrison)
                        --------------------------------------------------------
 

 
 Ultramarine 
 
                
                Tu marches et tu te tais
                Les eaux affluent vers toi pour te faire un parapluie de soif
                Tes mains courent toutes seules dans les herbes,
                Tu te couches sur le ciel
                
                Ultramarine,
                Aux couleurs de l'arc-en-sel
                Un peuple d'étincelles
                Sort du miel de tes yeux
                Ton ventre-Géode
                Arrondit les quatre coins du monde
        
                Tu te caches,
                Mais tu es partout
                
                Tu tournes,
                Et l'écriture de tes pas fait toujours face au soleil
 
                                                        04-08-98
 
 

 
Fleur ascenseur 
         
        Fleur ascenseur
        Grimpe l'escalier en sable lenteur
        Jusqu'aux marées du désert
        Jusqu'à manquer d'hier
        
        Escalier de couleur
        Fait monter 
        L'éclat des clés        
        Jusqu'à ce que le soleil ouvre la porte
 
        Échelle de chaleur
        Caresse les fils à rebrousse-toile
        Donne du vol aux voiles
        Du jour aux étoiles 
 
          
                                04-08-98
 

 
--L'amour bleu--
        
        
        Les cristaux de lèvres disaient les légendes à venir
        Le pont aux vies sur le bateau de pluie 
        Le rond de la crique en écrin d'enfants
        Les pinces du feu dans les casiers de homards
        Les tentes faisaient voile vers le pays du dedans
        Le soleil d'eau était au zénith  
        Les dragons de varech bouillonnaient tout au fond
        J'attendais la naissance ou la mort
        Et j'eus les deux. 
 
        J'eus l'amour bleu aux embruns de feu.
        
        
                        Presqu'ile de Rhuys, 06-97/07-98
                
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"Je marche à côté de moi en joie
J'entends mon pas en joie qui marche à côté de moi"
(Hector de Saint-Denys Garneau-"Regards et jeux dans l'espace")
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   ___________________________________________
                À Sterren, chatte en nuit de feu, d'un côté de la porte
                Au chat Beauté, féline céleste, de l'autre
                Aux "Chats du Soleil", de partout où ronronne la lumière. 
                Et au Chat-Parole...
                ___________________________________________
                        
                             -- Ma petite nuit --
 
 
                        Lyre du saut en corde d'air
                        Tu cours après la poussière
                        Tu brûles aux soleils sombres
                        Allume le feu des ombres
                        
                        Coulée noire en écharpe d'ange
                        Musique de griffes en souplesse tueuse
                        Au chant noirci des caresses
                        
                        Magie vivante en peau de lune
                        Tu bouges avec le vent des dunes
                        Petit noyau de prune
                        Brise gracieuse aux clés du dedans
                        
                        Ma petite nuit,
                        Tu tamises tes yeux
                        Roule en cercle de feu
                        Tu sais le pouvoir du jeu.
 
                        Fée à la couleur des yeux fermés
                        En éclairs veloutés
                        Tu tapisses l'envers du soleil
                        De rayons noirs aux miaulements lumière
                        
                         
                                                                3-08-98
 
 
 
 
 

--Rond de sorcières--
 
 
                Je suis un cercle d'épées parfumées
                Je brandis 
                Les yeux du métal en défi 
                En cerceau aiguisé autour de la nuit
                J'écoute la guerre des fleurs
                Le fracas des arômes sur l'envers des couleurs   
 
                Je suis les pas comptés des escaliers 
                Le moulin de blessures
                La pulpe des fissures
                La faim du loup
                Le brasier doux
                
                Je suis la vigne d'ombre 
                La source sombre  
                Ce qui remue dans le noir
                Le profil du miroir
 
                Je suis la grande patience
                Le dragon-providence
                Le cracheur de voeux
 
                Je suis la mort qui danse
                Je suis l'amour-cadence
                Je dors sur l'eau
                Charrie du feu sous ma peau
 
                Nages sorcières en bosquets de soleil
                Levier du ciel
                Ma pluie marche sur la coupe de tes mains
                Noyau du vivre  
                Folie du Grand Livre
 
                Dans le rond-des-fées
                J'allume le feu d'aimer
                 
                
                                        02-08-97
 
 
 

----------------------------------------------- Pour Mireille, semeuse du Yagour ------------------------------------------------  
        --L'heure du thé--
 
        Échine de la Terre
        Épaules de lumière aux collines crépuscule
        S'écoule la poudre des frontières
        Pétrie entre les lèvres des hommes
        Se parle la seule langue 
        Tournent les pages de pierre
        Aux ocres en lignes tracées sur le corps des cieux
 
        Les noms que disent ta bouche
        Clairières de feu
        Éclairent la route  
        Se déplacent en petits sauts de nuit
        En baisers rampés
        Au mépris du danger
        
        Sur le froid des yeux  
        Se presse le jus des fruits
        Le fluide des pierres-pensées 
        Que tu serres dans ta main
        Jusqu'à faire couler la sève des rochers
        Dévale les pentes de la mer
        Dessine l'écume du désert
 
        Tes jambes pliées
        S'enfoncent dans le sable brûlé
        Personne ne voit que tu n'a jamais autant marché
        Que depuis que tu t'es accroupi à l'heure du thé
        
        De l'intérieur
        Le sang de la terre
        Tatoue ta peau
        Les dieux s'invitent dans ta tête
        La sable remonte le temps
        La nuit fait des enfants au vent
        Des petits souffles chantants
 
        Réunion des grains au désert peuplé
        Solitude d'aimer
        Richesse de donner
        Courbe du thé dans le ciel
        Source lunaire, larmes de miel 
        Gestes de la vie torrentielle
 
        Le thé versé
        Flots des visages d'ambre en soif partagée
 
                                Stéphane Méliade, le 02-08-98
 
 

--Solstice d'hiver-- (Nov 92)
 
 
Un cercle rouge,
deux mains jointes,
Trois louves patientes.
 
Le cercle rouge 
fait fondre la neige
et se reflète
dans le regard des louves. 
 
Les deux mains crispées de l'homme
n'ont rien caressé
depuis longtemps.
Elles ne sont plus bonnes
qu'à faire des copeaux avec le bois mort
et à prier Dieu
que la première morsure 
soit la délivrance.
 
La joie de mourir des crocs
d'une si belle créature
lui fait presque oublier le froid.
 
Sans prévenir,
le désir lui vient
peau contre fourrure...
Il monte en lui comme une torche
et fait fondre
un peu plus de neige.
 
Son corps nu est translucide
sous les flammes dansantes
 
Les louves se lovent contre lui
sans mordre encore.
Il se réjouit
que sa dernière nuit
soit aussi la plus belle.
 
Dans le village,
les bûchers crépitent de joie
les cercles rouges
lèchent trois adolescentes
qui cueillaient trop d'herbes.
 
Les mains de la foule
ne sont pas jointes.
Elles maudissent
et crachent leur doigts
vers les filles qui savent.
 
Dans le village,
une louve s'approche du brasier
et pleure sur le monde.
Sa larme éteint le feu
et allume l'âme délivrée des sorcières.
 
Dans le sein froid de la forêt
l'homme est heureux :
il meurt nu.
Son arbre de vie entre ses mains jointes
peau contre fourrure.
 
Il s'est offert au baiser mortel
de la louve amoureuse
au moment où la dernière flamme se taisait.
 
Maintenant,
le seul cercle rouge
est celui de son sang enfin heureux
 
Dans le village
entre la procession des louves.
Treize filles de treize ans
tracent des cercles rouges
dans la chair des juges.
 
 

 
--Cahier de peau--
 
        Aux mains tendues du papier
        J'abreuve l'encre pliée
        Souffle sur le froid des peaux
        Incurve la soif de l'eau
        En pliures de mots
        Strates aux sphères
        Forage du stylo
        Aux gisements d'hier
        
        Mes paupières écloses
        Voient les fleurs du cahier
        Tourner
        Éclater
        Le sang des couleurs
        Le poids des pétales
        Ferment les yeux du papier
 
        Feu de pollen
        Mains graminées
        Découpent les vides
        Ajoutent quelques rides
        Plient la feuille en bateau  
        Cahier de chair aux granulés carreaux
 
        Maintenant,
        Les doigts des mots écirivent sur ma peau
        
                                2-08-98
         
        ___________________________________
                "Je suis une tribu 
            Qui appelle la marée d'écrire à flot"
                (Mireille Seasseau - "Sauver notre peau", 06-98)
        ____________________________________
 
 

 
 --Trois dauphins--
 
        Aux cadeaux du sel. À celle que gemme. Merci "médusé".
 
                 
        Tombés du sel
        Lumières aînées des hommes
        Nous sommes les mains bleues
        Caressant la mer
        Nous rions dans l'eau dans l'air
        Nos chants en mouvements
        Ressemblent aux mots secrets des enfants
        Nous savons que la mer gronde
        Pour faire danser la marche du monde
        
        Versés des étoiles
        Nous infusons le temps
        En marées de mémoire
        En plongeons d'avenir
        En cieux sous-marins
        Hier aujourd'hui demain
        
        Nous sautons
        Pour tirer les grands fonds
        Jusqu'en haut des vagues
        Pour faire des ronds dans l'air
        Pour offrir 
        Des vertiges aux abysses
        Pour verser la lumière
        Jusqu'aux failles de la terre
        
        Trois dauphins nagent,
        À l'intérieur d'une seconde  
        Pour faire fleurir une onde
        Collier de pensées
        Bleu des cieux salés
        Ballet nautique
        D'étoiles océaniques
        
        Nous connaissons le ciel par coeur
        Nous sommes les visages en fleur
        Les sourires sauteurs
        Les courants en couleur
        Du mot jamais noyé :
        Aimer
        
                        Stéphane Méliade, le 1er août 98
         
        _________________________________
         
         "À la fin, le ciel est noir de feuilles, de fleurs, d'oiseaux de nuit,
de mains volantes. Et le faiseur de nuit est fier"
 
        "Celle qui murmure"- Nadine Brun Cosme
  ___________________________________
        
 				 
________________________________________________________
        "Alors, Chloé se dirige vers la plus grosse des racines. Dedans, il y a
aussi un escalier." ( Mémoire Vive" CM1/CM2 d'Hénouville-Stéphane
Méliade 05-98)
         _________________________________________________________ 
 
 
        --Arbre du ciel--
 
 
         Chaque feuille
         De l'arbre du ciel
         Dit le poids des ailes
         La fracture du soleil
         Les eaux parallèles
         Jointes en cristaux de ciel
         Les nageoires en échelle
         Pour monter
         Les degrés de l'espace 
         Pour faire voler les traces 
         Rampes gracieuses
         D'un escalier de flammes ténébreuses
         
         Quand le vent caresse
         L'écriture de ses tresses
         L'arbre-tendresse
         Scintille en poudre de feu
         Carillonne aux yeux.
         
         Arbre du ciel
         Marée immortelle
         Né de la furie des eaux
         Et du baiser du feu,
         Tu savoures le jeu du vent,
         Étales le peu du temps
         Dans tes cieux ardents
         Naissent les enfants des instants
         
         Sève sans hasard 
         Ciel en fleur
         Enfant-phare,
         Le chant de tes feuilles
         Ouvre l'oeil
         Aux couleurs du coeur
        
 
                Stéphane Méliade, le 1er août 98
          ______________________________
         "J'aimerais pouvoir emporter un arbre avec moi sans arrêter la sève"
(Adeline Boyreau, 11 ans, 1997)
        _______________________________
 
 
 
 

--Le beau vent--
         
 Tes mains sont la musique de la terre
 Elles bougent avec les herbes 
 Sous le vent
 Indiquent la direction du temps
 Se courbent vers droit devant
 Tu te lèves,
 Tu bruisses
 Et te déploie
 
                 Je te connais
                 Tu craches des noyaux de soleil
                 Pour que germent les arbres du feu 
                 Tu t'éveilles
                 Tu crépites de vivre
                 Tu aimes ce lieu qui attise
                 La faim des yeux
                 
  Ici, 
  Le soir,
  S"inventent les couleurs du noir
  Ici,
  Ton sourire distribue l'espace
  Tes bras encerclent la vigne 
  Tu as de quoi boire
  Quand les mots sont rares
  Ici, les flammes abreuvent le bois
  Et rien ne dort jamais sans raison
 
                Un instant,
                La nature oublie d'avoir peur de l'homme
                Et le soleil nu
                Montre sa couleur secrète
                Tu as marché longtemps
                C'est l'air qui te respire
                De te savoir ici
                Toute entière 
                 
 
                        31-07-98
        
        ____________________________________________    
 
 "Te voilà traversé par les soleils et les nuages, te voila parcouru de
vent. Écoute le beau vent qui danse sur ton sang comme sur les lacs des
montagnes. Écoute s'il le fait sonner du beau son de la profondeur"
(Jean Giono-"Le serpent d'étoiles")
        ____________________________________________
 
 

    D'aimée nager
____________________________________________
 
 " Qui dira comment s'arracher pour aller vers ce qui éclaire ? " 
         "Paradis en miettes"-Marie Mélisou, 11-97
        __________________________________________________
 
 
        Parfois, 
        Mes mains noires
        De l'autre côté du mouroir
        Ombrent la neige
        En suie side
 
        Parfois,
        La soie désire
        Les pas d'un sourire
        Lumière qui déchire
        Beauté qui respire
        
        Parfois,
        Le silence grave un cri dans les yeux
        En folie taire
        Reste une lumière
        De l'amour dans l'air 
          
        Parfois, 
        Les étoiles dansent
        Chauffent la nuit
        Enfancent les portes 
        Font rire les murs
        
        Parfois,
        Le vent m'appelle
        Le sol s'éloigne
        La terre me lance
        Et je rebondis en chantant jusqu'au soleil
 
        Joie de te savoir vivre
 
                        31-07-98
 

 
Pour m'écrire  
La page des poèmes de Marie Mélisou
 
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