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        "Nous nous touchons comment ? Par des coups d'ailes...
          Par les distances mêmes nous nous effleurons" 
          (Rainer Maria Rilke)
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                                À mon Amour sea green...
 
                         Loins teints 
 
 
                Une palette respire
                Fait le tour des couleurs du pire
                Caresse des projets au trait
                Colore la distance
                Patiente aux interstices 
                Dessine juste un soleil
                Trempe le pinceau dans ma peau.
 
                Rideau,
                Nuit de noces en hélices 
                Nuancier des marées
                Amour fauviste
                Je pars 
                Loin vers Toi
                Dit-lueur du noir
                Mais sur le chevalet
                Le soleil a pied
                
                Un carré d'été
                Encercle la nuit
                
                Je crie en crayonnés gommés
                En fondu au blanc
                J'habite loin dedans
                Tout autour de Toi.
                
                Simplement t'aimer
                Conjurer la fleur du noir
                Couleur par couleur
                En loins teints intérieurs
 
                                19-07-98
 
 

Rimes en nid pour onze bougies
 
 
Ceci n'est pas un poème, juste une pensée qui insistait...
          
         
        Loin d'ici,
        Ami,
        Sur l'île des noms en i
        Au Sud de midi
        Avec Joie-Nid
        Tu cours sans pluie
        Tu rêves sans gris 
        Tu ris,                            
        J'espère aussi
        Au grand voyage de ta vie
        Pas toujours choisie
        Avec ses cadeaux, avec son prix
        Et moi, pas question que j'oublie
        Même sous la pluie
        Même dans le gris
        Que tu as onze ans aujourd'hui
        De minuit à minuit
         
        Aime à la folie
        Celle qui t'a donné la vie
        Donne lui le jour de la nuit
        Des bisous qui font du bruit
        Un amour sans tri
         
        Du sel sur les bougies
        C'est juste la pluie qui rit
          
                        18-07-98
 
 
 

 
Coeur fruitier
                
                Ciel marin,  
                Lune malicieuse
                Chant proche aux rives sémaphores
                Carillon-surprise
                Musique des arbres du dedans
                
                En signes d'eau
                Les rires muets des mains
                Sang d'oiseau
                Au nid des bateaux
                Une rose-radeau
                Dans la puissance du flot
 
                Étoile de mots
                Sur un océan d'ailes
                Flambeau doux du ciel 
                Tu portes haut
                L'écriture du soleil
 
                Flore de lumière
                Caresse de fleurs en couleur
                Source dansante en jardin de gestes
                
                Coeur fruitier
                Esprit mélodie
 
                        17-07-98
 
 

Mort à Venise
                
                 
                Des anges d'écume lavent le Pont des Soupirs
                Les Gondoliers sous-marins 
                Allument les mots de la fin
                Des Vaporetti tirés par des pigeons  en feu
                Font voler
                Les amours désarçonnées
                
                Naufrages ignés des amours migrantes
                Des bulles crèvent à la surface         
                En chantant O Sole Mio
                
                Un million d'oiseaux se posent sur la lagune
                Leur tapis d'ailes couve la mort de la Cité des Eaux
                Nos mains s'accrochent à leur décollage
                
                Nos torches submersibles en noyade lumière
                Meurent l'une dans l'autre
                Noyées dans l'air
 
                                17-07-98
 
 
 

  Clin d'oeil grâve à la p'tite soeur de la Joconde, partie hier en voyage;-) Les hauts narrent Le vieil enfant trace Les accords des couleurs Aux plis des trilles des oiseaux-pinceaux Tu poses, Labyrinthe de ton visage métronome Je cache mes yeux derrière ton dos J'entends Tes pieds glisser sous le cadre Je vis Au Sud de ton sourire Léonard devint ciel Mais nous nous pressons toujours devant toi. Sourire en joke-ondes    
17-07-98

Bateau blanc    
 
 
                 Furies des glaces à l'assaut du bateau
                 Eau plus dure que le sel
                 Joues mordues en arêtes vives
                 
                 Voyage des vies prises en glace
                 Resserrement de l'espace
                 Rareté des poches d'air en crispation du ciel
                 Mouvements fouets des langues durcies
                 Demandent si le soleil a jamais existé
                  
                 Buée de sauvetage figée sur la vitre des yeux
                 Pulsations blanches du cercle solaire
                 Scandent  en hante-arctique
                 Nos phrasés volontaires
                 
                 Mais déjà s'insinue
                 Le gel de mer en flots-taisons
                 Descente raideur en nuit blanche
                 Nous touchons le fond
                 
                 Tout en bas 
                 Les taches polaires du soleil en rayons aiguilles
                 Ciel bleu abysses 
                 Fige la minceur des souffles
                  
                 Marée de givre en lent crescend'eau
 
                                17-07-98
 
 
 

 
Nathive                                         
 
                       Pour Nath, qui sait faire du jour avec la nuit...
 
 
        Tu es femme
        Mais tu es née dans un souffleur
        De vers
        Tu ouvres tes ailes à vif
        Montre l'enfer du décor
        Crie l'ire au nid du sort
        Nous,
        Nous te vivons un peu
        En extrèmes de film
        Tu danses
        En chute de rimes 
        Puis tu repars
        Nous laissant
        Or-félins de tes mots
        Tu es indij'aime
        Nathive
        Du pays de poésie
 
          
                        16-07-98

 
Craie d'eau du poête joueur de mots                                                             
 
                  Hier aux glyphes
                  Ses cris virent
                  Les lierres de Rosette
                  Plante grain-pente
                  Sève escaladeuse
                 
                  Les sources d'une île
                  Désert sable aux noeuds
                  Silence en nuits yeux
                  Un su portable
                  Une poignée de fable
                   
                  Je suis le chant-pagne
                  La cérémonie doutée
                  Je suis la parole gris fée
                  Des ors donnés
                  Personne ne peut me ranger
                 
                  Je vis haut long
                  Même en Ingres Attitude
                  Personne ne peut me désaccorder
                   
                  En tache de roue-soeur
                  De l'intérieur
                  Je fais bronzer les peaux-aime
                  Je vis à sang hâleur
 
                  Merci d'être voeu-nu
        
                                15-07-98
 
 
 

 
Océanide
                
                Devant toi
                Je tasse mes mots en flacons capiteux 
                Corniche fabuleuse aux dragons de mer
                Incandescence persistante des îles-cendres
                Orgueil de croire nommer les eaux
                
                Une fumée salée 
                Donne du mystère à tes yeux
                
                Farandole de planctons
                Main dans la main, jusqu'à l'infiniment grand
                En combats de géants
                En rochers volants 
                Marée fabuleuse 
                Éclaboussures d'enfants
                
                Ma pensée nage à contre-mourant
 
                                15-07-98
 
 

Maux d'absence
                
                
                Les sommeils thérapeutes
                Peinent à calmer
                La vie affamée
                Les torsions des canyons 
                Ta présence qui résonne
                
                La soif couche
                Les herbes de juillet
                 
                Je marcherai
                Jusqu'à ce qu'on ne sache plus
                Où finissent mes pieds, ou commence la terre
                
                La mémoire liée   
                Peine à boire
                Le sang du soleil
                La longue urgence,
                Le désert de pluie avance
                
                Je peuplerai de Toi
                Les pensées de toutes les créatures vivantes
                Pour être sûr de te rencontrer
                 
                En or-riant Express
                Chaque seconde de ton absence voyage  en première.
 
                                14-07-98
         
 
 
 

 
Liaison Fractale
        
        Silences flammêches 
        Les heures fractales s'étirent
        À te reparcourir
        Te vivre et te mourir
        Seul dans le soir
        En tourbillon d'ivoire
        En délivre de vie
        Tu surgis en moi
        En nid rond d'ailes
        Tu fée le printemps
        En eau tissée
        Ulyssière du temps
 
        Tu es neuve
        Tu es nombreuse
        
        Tu vis toujours pour la première fois.
 
                14-07-98
 
 
 
 

Birdy
 
        Mon cou s'allonge de regarder le ciel
        Je crispe mes  serres
        Perce des trous dans leurs mots rampants
        Je veux quitter la terre
        Voir les faux amis rapetisser
        
        Les gens de plomb me disent fou
        Leur regard croit m'avoir enfermé
        Déjà mes ailes rongent leurs  murs
        Déjà ma chute m'élève  
        Déjà, ils meurent d'être si bas
         
        Je vais sentir le corps du vent
        Déchirer la lumière
        Faire se lever les yeux des enfants  
        Jouer avec le peuple du ciel
        Les gens d'air
 
        Ils croient se pencher sur mon corps
        Mais ils sont loin dessous
        Seules leur bottes courent vers moi
        Eux, ils dorment depuis longtemps
        
        Ils croient me ramasser
        Je m'envole sans me retourner
 
                14-07-98
 
 
___________________________________
 
 "vouloir grande beauté
 vitesse à la roue joie
 la lenteur des heures pleines
 caresses renouvelées
 rayonner dans le vent
 oiseau par-dessus le toi
 c'est pour vrai"
 
"Libre toujours"-Marie Mélisou,12-97
___________________________________
 

L'île Miss t'es rieuse                                                          
 
        À l'île d'Houat, et à nos ailes...
        
 
        Même assis, les enfants couraient
        Toutes les directions leurs étaient grand large
        Les vents convergeaient vers tes lèvres
        Il voulaient vivre dans tes mots
        Pilotés par ton souffle
        Tu étais si belle
        Tu dévastais mes yeux
        Ta peau animait la nudité des maisons blanches
        Tes mains étaient la luxuriance de la lande
        Tu marchais
        Et tu peuplais toute l'île
        Une couronne d'enfants te parait
        Tu écrivais déjà dans ta tête
         
        L'île pouvait s'éloigner
        La mer pouvait sêcher,
        Toi, tu allais vivre.
 
                13-07-98
 
 

 
Fresque                                 
 
Pour Mireille, à la mosaïque des sphères...
 
 
         
        Architexture vivante
        Miel piquant de tes phonèmes
        Échos décalés des distances proches
         
        Nous te lisons à cru,
        Galopons sur tes chevaux pur-sens
        Marchons sur tes braises
        Jouons nos vies
        Tournons avec tes mots
        En châteaux de roues
        En lunes qui hurlent au loup
        
        Patience,
        Tes mots deviennent le vent chaud
        Carreau par carreau,
        En eau fresque
        En mosaïque du presque
        Tu désaltères nos sources
        
        Persistance rétinienne de tes signes
        Longtemps après l'extinction des fées
        Tes phrases continuent de brûler.
 
 
                13-07-98
 
 
 

Seconde chance (Nov 92)
 
Du vent salé,
sur la plage, 
naît l'homme de sable.
 
À chaque seconde,
il se découvre autre,
mais le souffle le maintient,
le porte,
le fait avancer.
 
Des millions d'années passent,
la mer est devenue vapeur
La vapeur a coulé sur la terre
et la plage est devenue forêt.
 
Rien ne se souvient du vent salé
ni de la plage
mais une statue de sable en lisière
ressemble à un homme qui avance
porté par un souffle.
 
Elle marche.
Des ses épaules rondes
tombent des gouttes de sueur
que les scarabées lapent
sur le chemin.
 
Cette nuit,
elle a rêvé d'une plage
sous un ciel différent
et d'une très ancienne tempête.
 
Elle est près du rocher.
L'air sent le sel.
Ellle hausse les épaules,
rajuste sa robe
et se tient plus droite,
sans savoir pourquoi.
 
Du fond du temps,
l'homme de sable essaye de bouger,
d'appeler,
de vivre.
 
Elle va,
pour prendre un bout de rocher.
Elle n'a pas de poupée,
elle a des pierres
qui vivent en elle
et lui parlent un langage secret.
 
Elle a dix ans.
Tout ce qui vit voudrait la protéger.
Dans ses yeux
brûlent des soleils patients
 
Elle rit,
à cause du goût du sel sur ses lèvres.
 
Un grain de sable se détache.
 
Une chouette,
exceptionellement,
a quitté son sommeil de jour
et ulule.
 
Il a cent millions d'années.
Son éveil est lent, massif.
Il est blessé, quelque chose s'est détaché de lui.
Mais il vit.
 
Il l'avait oublié.
 
Elle ne rit plus.
Quelque chose s'est détaché d'elle
Elle goûte.
C'est une larme.
 
Elle la mélange au sable.
Elle a fait quelque chose d'énorme.
Elle le sait.
 
Il pleure.
L'écho d'une très vieille tempête
résonne en lui.
Il se sent très vaste.
 
Elle se sent vivre
Elle danse un peu
et rejoint un rythme,
celui qui fait se mouvoir les eaux.
 
Lui,
il la voit danser,
il sait son nom
et aussi ce qui n'a pas de nom en elle.
C'est pour elle,
que le vent s'est levé,
sur une plage,
il y a cent millions d'années.
 
Elle était une étoile,
amoureuse de la terre.
Elle ne pouvait pas rester.
 
La pierre tombe.
Il est neuf.
 
Ils dansent ensemble.
C'est un enfant qui est sori du rocher,
il est jeune
de tout l'âge du monde.
 
La danse raconte
ce qui a franchi les âges.
Le pont jeté sur toute la création.
 
Un écureuil regarde
et un autre en profite
pour voler ses noisettes.
 
Un serpent rampe,
liane sifflante.
 
Elle cueille une pomme bien mûre,
sourit au serpent,
longuement,
et lui écrase la tête,
avec la pomme.
 
Ils mangent le serpent.
 
Un énorme rire secoue le ciel
et la première voix du monde se réjouit :
"Cette fois, c'est la bonne".
 
 

 
 Xii
 
                Tes yeux liquides noir Mékong
                S'accrochent au tableau
                Comme à ton radeau 
                Boivent nos mots rapides
                Oublient nos phrases liquides
 
                Il faut deviner
                Si tu regardes le même soleil que nous 
                 
                Ta peau fait de l'ambre à nos yeux ronds
                Tes fenêtres amandes 
                Refusent et demandent
                
                Ceux que le soleil laissent froid
                Prétendent même que tu n'existes pas
                  
                Et-Xii-liée
                Amie du dedans,
                Tu as la couleur des rêves d'enfant 
 
 
                                09-07-98
 

 
Facettes
                        
                Initiations vues d'avion
                Six pattes qui se posent sur les rituels des hommes
                Feu qui s'adoucit,
                À travers la transparence des ailes.
                Chitines irisées au soleil né des mains et du bois
 
                Frôlement des pattes sur le tambour
                Galeries de sons doux insistants
                Vrombissement caresses
                Élytres harmoniques pincent le coeur intérieur
 
                Milliards de petites créatures,
                Mémoires du monde
                Maintiennent la terre en place sous leur poids.
                
                Amants des fleurs
                Trompes se tendent vers le ciel
                Puis plongent dans les désirs d'odeurs
                Exultent dans les pétales de soleil
 
                Ils glissent vers leurs cibles
                Suivent les chemins invisibles
                Et nous 
                Jamais tout à fait nés
                Nous courons vers les fleurs
                Des ciseaux dans la main
                 
                Mais entre les pots étroits 
                Et le Pollen d'Amour
                Les fleurs ont déjà choisi leur camp.
                
                 
                                        09-07-98
 
 

 
Étraintes
 
	 
	Parfois, je viens marcher 
	Dans les jardins de fer
	Écouter les cris quais  
	En cendres de rosée
	Sur le tableau des arrivées
	
	Fleur tactile, vertigineuse
	Je soufflais sur ta main bleue
	Je caressais ton brasier pluvieux
	Tu changeais ma vie en feu
	
	Des baisers derviches tourneurs
	Pleuvent du panneau des heures
	S'accrochent à mes doigts
	En épines de soie 
	Je sais que tu ne viendras pas
	
	Mais même quand tu n'es pas là
	Tu es le ciel de mes yeux
	
		08-07-98
 
	 
	 
Les cris turent
 
        
        J'essuie les yeux du vent
        Pétris le soleil en taille-rayon 
        Papillon à lettre
        Une feuillle s'envole par la fenêtre
           
        Agrafe par agrafe
        Les chapitres du drame 
        Jonchent les plaies des trames 
        Font carillonner les âmes 
        Mêlent les feux
        Dégèlent l'écriture bleue
        En mots épars pillés
 
        Les vagues en soeur-fées
        Cassent les carreaux du cahier
        
        Les oiseaux des mains
        Picorent le plancher du ciel 
        Happent l'Eau d'Ys aux crayons du soleil
        Scarifient les mots-disciples
        Posent des enfants sur nos yeux
        
        L'hiver du soleil en brûlure du froid
        Soie belle était Toi
 
 
                8-07-98
 
 

Effasoeur d'ancre
 
        
        Récif de voyage  
        Solidaires transes océanes
        D'hante elle de vagues 
        Sur des jeux nous de grand-mer
        Trousseau de jeune marée,
        Tri côtier.
        Régate de mots dans un cahier
        Mots d'amer en incarné de bord 
        Sauts de poisson-charme   
        Vigies lentes de bas en eau
        Voix liées en offre-âge
        Mats sacrés
        À quoi rit homme déversé
         
        Grain de ciel 
        Sur signature Bleue Marine
 
                        06-07-98
 
 

Grand saut
                        
 
                Bretagne piquante en gouttes aiguilles
                Tremplin falaise
                Saut propulsé par ses battements de coeur
 
                Il plonge en visant l'horizon
                Flotte sur l'aile du biniou des bardes
                Vol glissant 
                Sur les ailes pointues du chant 
                
                En touchant la mer
                Il corne une vague
                Pour se rappeler où lire les eaux
                
                Il laisse l'eau le traverser de part en part
                Il laisse la mer le boire
                Il remonte en fusée
                Se rattrappe au rocher
                Pour ne pas s'envoler
                Lêche la pierre salée
                Atteint la vague aux contours noirs
                Qui raconte son histoire
                Vague au coeur solaire
                Oeil mouvant de lumière
                 
                En haut de la falaise,
                Les bardes sont partis
                Mais il entend encore le biniou
                C'est son amour qui joue
 
                Douceur et dureté
                Ne sont plus opposées
                Le temps plonge en montée
 
                Il roule avec les oiseaux
                Dans l'écume colère
                Il parcourt les pages de la longue quète liquide
                Marée millénaire
                Danse d'amour aux mains vides
 
                Au fur et à mesure 
                Qu'il compose les chants du Livre de Tempête
                La falaise se couvre de fleurs 
                Aux pétales de sel
 
                Déjà, elle préparent leur saut
 
                                06-07-98
 
 
 
 

Porte ouverte
                
                
                Soir de Passage 
                Les étoiles versent les signes
                Les hommes s'assemblent et tracent les pistes
                Les lumièrent tournent dans les cages de la pensée
                Elles veulent vivre et parler
                Elles ont fait un long chemin d'instants 
 
                Lune de mer,
                Les voix profondes lavent les âmes à grande eau
                Sourires en cercle, gestes spirales
                Se réunir est déjà une danse. 
                
                La fugacité, l'éternité
                Lancées d'une même main
                Écorchée d'être née
                La solitude et le partage
                Toujours marcher pour que l'eau nage
 
                Long chemin
                Diront aussi ceux d'après nous
                
                Sous les reflets morsures du ciel nu
                Les peintures sur peau prennent vie
                Les plumes d'oiseaux s'animent sur les coiffes des hommes
                Nos mains contiennent leurs mains
                Nous nous levons sans bouger
                Face à la mer,
                Lumières iodées, 
                Nous guérissons la Terre blessée
 
                Nos doigts tambourinent sur la peau du ciel
 
                Le chant accorde nos pensées
                Les étoiles descendent l'escalier
                En majesté.
 
                La Porte s'ouvre
                La Terre sait danser.
                
 
                        06-07-98
 
                  
         " Il sait qu'il est venu aussi pour cette  épreuve, pour qu'il n'y ait
jamais plus "un autre monde". Il est le fil et malgré le danger
extrème,  il ouvre les yeux quand même"
         ("Li-Ad-Sté et la Rose des Vents" © Marie Mélisou-Stéphane Méliade,
07/1997)
 
 
 

 
Entre deux eaux                 
 
                Loin, dansant sur le fond
                L'amour est leur seule respiration
                Langues tressées
                Folles de s'entourer
 
                Doigts agglutinés enroulés 
                Dépassent à peine de la surface 
                Se balancent,
                Appellent l'oiseau-délivrance
                 
                Sous la morsure baiser
                Des créatures à demi nées 
                De leur seul désir
                À la merci de leurs sourires 
 
                Elles grouillent gargouillent autour d'eux  
                Leur souffles mouillés
                En cercles moites
                 
                Ventres courants chauds
                Offrent enfin leurs cris irrigués
                Lancent leur chaleur vers le ciel
                Sourient au soleil
                Et volent entre deux eaux
                Déjà morts
 
                                06-07-98
 
 

 
Cinq ricochets
 
 
        Je danse
        La pierre poreuse,
        Si légère 
        que c'est elle qui te lance 
 
        Je chante
        L'ombrelle rugueuse,
        Parapluies étagés où les hommes
        Pleuvent sur les hommes en ricochet
 
        Je ris
        La douleur sinueuse
        Méandres lacées autour des fées 
        Eaux serpentines en cage poitrine 
 
        J'exhale
        Ma chute  somptueuse 
        En regard reflet scarabée 
        Plis impeccables du vol rocher
 
        Je brûle
        En tourbillon de sang
        Bleu vapeur sur l'étang
        Fou-rire plongeant
        
        Maintenant, 
        Il n'y a plus sur l'eau que des cercles élégants
        Toujours plus grands
        La pierre ne verra pas l'océan
 
        Une main seule s'éloigne de la rive
 
                        05-07-98
 
 

Goût de rond
 
 
        Je célèbre en fête écorchée vive
        Les amours corrosives
        Transes lucides
        Saupoudrées en pluies acides
        Lumières abrasives
        Harpes olfactives
        Furieuses, émotives
        Pulpes de mémoire  
        Brûlent le ventre en love scories
        Torpilllent les sommeils
        Noient la pensée en étoile de nerfs 
        Étranglent les vertiges
        Défient la gravité.
        
        Je ris de tout cela 
        Jette mon verre loin par dessus mon épaule
        Fais couler le sang des murs
        Marche en cercle fermé
        Trempe mes ailes dans le goût de rond
        Danse sur mes poings
        Dévaste mes mots
        Éclate en mille morts sots.
        
         
                                05-07-98
 
 
 

 
Vide Lune       
        
        Tu lies sur mes lèvres
        Les épines velours des pistes
        Cactées choristes
        Déserts artistes
         
        Tu vrombis sous l'eau
        Ton sang est de l'or liquide 
        Submersion du vide
        En noir Atlantide
 
        Dérision des étoiles
        Un Post-It rosit sous l'aube
 
                02-07-98
 
 
 

 
Feu de cheminer
        
        Je suis l'aiguille des heures en perfusion
        Enroulée bleue liane 
        Friche de mots en savane
        Flore diagonale  
        Qui pousse dans la trace de tes pas
        Enjouée d'avancer droit
        D'en être arrivée là.
 
        Je suis le chemin chaud,
        Me rafraîchis au feux de jardins
        Me trempe dans le soleil pour boire dans mes mains
        Peluches de métal aux nuits aimantées
        Jeux de langages tressés
        La trace du panier
        Sur ta paume je compte les croix d'osier
        
        Je suis juste des bouts de papier
        Les cendres brèves en durée saupoudrée
        La pliure la plus secrète
        D'un origami de fête
        L'instant où tous les cadeaux ont été ouverts
        Où on fait voler son regard
        Sans le fixer quelque part 
 
        Je regarde pourtant,
        Loin dedans.
        
        Chacun de mes instants est immortel.
        Chacune de mes vies n'est qu'un battement de ciel.
 
                Le 27-06-98
 
 
 

Légende
 
 
        Ce soir, 
        Le temps est au bleu fixe 
        Des enfants rient dans l'eau
        Envoient des éclaboussures de mots
        Vivent toujours plus haut
 
        Je cherche dans le sable,
        Les châteaux friables
        Les sentiers désirables
        Les épices navigables
        Les blessures aimables
        
        Sans bouger mon corps
        Je m'éloigne doucement du bord
        Passe par dessus mort
        Ris d'être déjà dehors
 
        Bientôt, 
        Un escalier d'oiseaux prolongera la courbe des vagues
        Je monterai les ailes quatre à quatre
        La marée pépiera
        Une roue chantante
        Posera la mer au dessus du ciel
        Il faudra sauter pour plonger
        Et tomber pour s'envoler.
        
        J'accompagnerai le soleil
        M'enfoncerai dans la mer 
        Surgirai aux antipodes
        Pour devenir légende
        Peinture sur peau
        Le rythme d'une fête
        Le balancement des têtes
        J'éteindrai les feux de bambous
        Je rapiècerai les voiles
        Ferai sauter les poissons droit dans les bouches
        Et au matin
        Je retournerai de mon côté de la terre
        Pendant qu'ils danseront notre amour.
 
        Nous serons leurs signes.
 
 
 
25-06-98 (écrit à la Rochelle, face à la mer, au couchant, le 16-06-98)
 

Fleur saccadée                                                                
 
(Pour mon amie Aurore, assise sur un trottoir, un mardi soir couleur
noir)     
 
        
         
        Sur la piste de danse
        Tu as bougé, image par image,
        Fleur saccadée 
        Enfant émiettée
        Film cassé
        Soleil voilé
        
        Maintenant,
        Rose aux mains fermées
        Assise sur le trottoir sans bouger
        Tu cognes sur ton histoire avec tes poings serrés
        Tes yeux pésent sur le goudron
        Pour que ta route tienne bon
 
        Aurore-dans-la-gueule-du-loup
        Tu as écrit l'histoire d'un arbre de vie
        C'est le moment d'aller voir ses fruits
        D'aller voler des pommes à midi,
        De faire du bruit
        Et pas d'entrer dans la nuit.
 
        Tu as dessiné
        Un oiseau blessé
        Sur une feuille que tu m'as donnée
        Avec des gouttes de sang
        Un oiseau tranchant
        Une douleur d'enfant
        Parfois, tu as beaucoup plus que dix ans. 
 
        Aurore,
        Dans tes yeux noirs il pleut des éclipses
        Ton visage fend les miroirs, écarte les murs, brûle les jardins
        Mais pour les grands aux mains pleines de livres
        Il n'est pas plus facile de vivre.
   En eux aussi, tout plié, tout noir,  
   Il y a un enfant qui pleure dans le soir
   Assis sur un trottoir.
         
 
        25-06-98
 

Rose nuit
                 
                Tes mains en charmille 
                Font de l'ombre au doute
                Comme des caresses en voûte
                Descendent en roue libre
                Les sentiers de fibres
                Les pensées en bribes
 
                Notre amour tend ses feuilles
                Bondit comme un écureuil
                Écrit des opéras d'oiseaux
                Et le chant est si somptueux
                Qu'il force le respect des arbres
                
                Une fleur-toupie
                Se vrille dans la terre en soleil rose nuit
                Un feu d'enfants
                Se fraie un chemin tournoyant
                 
                Hier,
                Je prendrai un train
                Que je ne rendrai jamais
                Demain,
                J'étais déjà près de toi
 
                Je suis un aujourd'hui profond comme un panier de fruits
 
                                                         10-06-98

 
De la cave au grenier
 
        
        Une torche dans les yeux
        Je marche dans la cave
        Le sol hurle sous la douceur de mes pieds
        Au fond de moi j'entends 
        Chatoyer les couleurs du chant 
        
        Puis je saute du rez de chaussée
        Pour éclater
        En rires de gorge
        En chant profond 
        En pluie d'or
        En pièces détachées d'un sourire qui mord
        En ironie du sort
 
        Enfin j'étale mes ailes sur le toit
        Pour que toute la maison s'envole avec moi
        En voilure de tuiles
        En cambrure d'îles.
        Récits de nuits transhumantes,
        Des mots de fruits s'inventent
        Tombent de mes mains dansantes
        
        Je t'aime
        J'accélère mon pas
        Je ne veux pas tomber à mi-soleil de toi
 
 
                        09-06-98
 
 

Pépinière   (à mes amis de l'école d'Hénouville)
 
                
                C'est un laboratoire en bal oratoire
                Où des fous savants éveillent les enfants
                Une piste d'envol où les mots sauvages décollent
                Une roseraie déguisée en école
                Un mélange d'étonnants
                Sous l'oeil arroseur
                D'un mômiculteur.
 
                Les chevaux d'étoiles de Magalie
                Solène qui est grande comme la vie
                Maintenant, je suis un peu de tout cela aussi.
 
                Quand je viens vous voir
                S'effacent les tableaux noirs
                Je me rends compte que je ne sais plus diviser
                Mais c'est vous qui me multipliez.
                
                         
                               09-06-98 en mémoire vive d'un 09-06-97
 
 

   
Pour m'écrire  
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