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Aéropostale
	
	 
	 
	Crevasse d'enfance alpiniste
	Aviateur hors piste
	Tu sais les altitudes du peu
	Ne jamais nouer le baillon autour du feu
	Tu portes les lettres 
	Des chansons muettes
     Orbite en lèvres bleues
	Tu passes les frontières du jeu
	Ton avion-caresse fait fourmiller le ventre du ciel
	Lisse les épaules du soleil 
	
	Tu rêves,
	Ton masque posé sur ton nez,
	De la femme-fourmi en bas
	Du sol de ses bras
	Qui attend la lettre 
	Des sommeils enjambés
	De la nuit des lits vrais.
	Pour elle
	Tu tombes
	En feuille morte
	En sciure de porte.
 
	Quand tes moteurs meurent,
	Tu prends une lettre d'amour dans le sac postal
	Et tu la tends à bout de bras dans le ciel austral
	Et la lettre-gouvernail
	Dirige le voyage-vertige vers le coeur d'une femme 
	Qui attend des caresses d'antipodes
	Tu imagines les mots sous l'enveloppe,
	Avenir du souvenir
	Tendres comme la peau d'un premier cri
	Tu grimpes les cieux quatre à quatre
	Rien que pour la voir lire.
	 
	Aviateur,
	Ta main bleue d'avoir volé
	Est le pont du feu des baisers
	Déjà, une fourmi court sur la piste d'aterrissage
	Sa boîte aux lettres pour seul bagage.
 
 
					  08-06-98 
	 
	

 
Futur simple
 
 
         Peut être,
         Dans un million de tour de roues
         Nous cueillerons les bruits défendus
         Offrirons des marées à l'eau douce
         Trouverons l'arbre où poussent les clés
         Réveillerons les fleurs d'eau rangée
 
         Sûrement,
         Dans un million de battement d'ailes,
         S'envolera le long tunnel
         Se poseront les baisers sur la passerelle
         En frissonnant
         En oubliant 
         Le chaviré du temps.
 
         Dans quelques vies à peine
         Nous serons tellement beaux, mon amour,
         Que les oiseaux nous demanderont de leur apprendre à voler
         Et les fleurs amoureuses s'offfriront des bouquets de nous.
   
          
         
                                                07-06-98
 
 

Langage d'effleure  (exercice de pistil)
 
                
                La paix tu nia et la guerre éclata
                Mais
                Le mime osa parler sans mots
                L' or temps scia les secondes en trop
                L'ose iris vogua de Nil en Nil
                En mue gaie, un nouveau soleil brille. 
 
                                        Le 07-06-98
 
 

 
Pleurs de Tiaré
 
                
                Femme penchée 
                Lune vanillée
                Au silence capiteux
                Femme en creux
                Lune amarrée
                Femme encre liée  
                Île pleut sur les bougainvillées  
                Île bleu en solitude salée
 
                Gueule d'alizé
                Saupoudreuse de baisers
                Femme délice en miel bleu
                Aux lèvres fleur de tiaré 
                Aux dunes chemins de feu
                
                Tes mots n'ont pas sêché
                Depuis ce bel été
                Je peux te l'azurer
 
                                07-06-98
 
 
 

 
Chat d'eau Sur la pointe d'épiée Je goûte par un trou de sourire Des saveurs sacrées-saoûlées Des papilles ions de nuit Les petits des jeux nés.   Mots d'oiseau, Mots à fleur d'eau Les ailes du serpent En goût le vent Langue de vie-paire, Shadow à fleur de lumière Chat d'eau en clair de terre. Un nuange ne cache jamais le soleil.   07-06-98      
 
Ta page nocturne
 
Nuits en chambre sourde
En pleur du noir
En crayon sans mémoire
Pluie d'ans criés 
Sur les carreaux désertés
Où ne s'écrit que la marque du cahier
 
La nuit sang fou,
La nuit sait tout
La nuit a plus d'un soleil dans son sac.
 
Les mains de la nuit n'écrivent que sur les carreaux cassés.
 
 
  
                        06-06-98

Chérie noire
 
                
                Prends une fille qui s'en nuit dans un bar
                Un soleil glacé sans espoir
                Une chérie noire de polar
                Elle joue du piano avec ses talons hauts
                Allume ta clope rien qu'avec son regard
                Fume ton coeur
                À deux sangs à l'heure
                 
                Un flic rêveur, une fleur sur son veston
                Vieux canasson des whiskys sans glaçon
                Blindé comme un fourgon
                Qui appelle sa pétoire par des petits noms
                Qui aime les femmes en cinémascope
                Qui cherchait du feu pour sa clope
                
                Leur regards trinquent en cul sec
                Leur premiers mots sont des répliques
                Piquées dans des scénars de la cinémathèque
                Ses seins s'animent en phrasés esthétiques
                Il fume la fleur de son veston, le coeur au bord du bec
                La nuit les blouse en crescendo panique
 
                Ne t'endors pas sur la fin
                Soigne la chute de reins
                Peau cible sur femme invisible
 
                Recharge ton crayon
                Et tire sur le chariot de ta machine à tuer
                Regarde les tomber 
                En nice crime bien sapé
                Laisse la musique jouer
                
                Reste une fleur tombée d'un veston
                Un talon haut sous un piano
                La fille n'a même pas dit son nom
                Mais c'est la fin du scénario
 
 
                                          06-06-98
 

 Jardin dansant
        
                
                         
En lèvres d'eau 
Quand personne ne la voit
Juste avant que le matin chauffe les toits>
La rosée vivante
Brille en s'éveillant
Danse en respirant
Chante en parfumant  les yeux du dedans>
Et saute par dessus
Le brouillé des buissons
Le mouillé des gazons
Loin par dessus les saisons
Prend forme d'une fée en feu frais   
Se glisse sous nos paupières
Sous nos yeux d'hier.
                        
Et nous pleurons
Mais sur nos joues
C'est elle qui nous dit à demain
                         
Jardin dansant
En peau de fleur
 
                06-06-98
 
 

Inventaire trouvé dans la mer
 
                
                Une vague-balançoire
                Une lumière art d'hante
                Un né nu phare
                Le récit d'un offre-âge
                Une coquille de soie
                Une vigie lance trompée
                Un chat-luthier
                Un horizon roulé
                Un soupir de sirène qui ne croit pas aux hommes
                Un homme à la terre
                Un papillon noir de pirate
                Une ligne de floraison
                Un poisson qui voulait devenir oiseau noyé entre deux airs
                Des mots sans gilet de sauvetage
                Un baiser au long cours                 
                Un cristal de sel que j'aime
                  
                
 
                                        05-06-98
 
 

Noir lumineux
         
        Je te regarde dans le blanc des cieux
        Compte sur tes doigts mes trois voeux
        En nuit éblouie
        Au choeur de la vie
        En ficelle de ton marabout 
        La corde bleue du Grand Tout
         
        Rose flamboyante
        Un chat joue dans tes yeux
        En noir lumineux.
 
05-06-98
 

Indéfini sable Tu nais du longtemps rocheux Tu as vu mourir des millions de soleils Et le temps d'une marée Tu es déjà hier.   Tu cribles nos corps qui roulent Les habille d'or fugace Pique les étreintes sans carapace En chatouilles, en grimaces En petits cris d'espace. Tes grains dans l'eau Semblent le poivre du sel Les étoiles ocre fluide La danse poudreuse D'une étincelle ténébreuse. Tes fleurs flottantes sont les bancs des libellules En croise-hier conciliabule Tes grains en pente où mon rire se brûle En corde à noeuds En flous rugueux Un peu de toi dans mes yeux. Train de clochettes Carillon de conquète Tes petits riens tournoient Mes oreilles mangent ta voix. Fête friable, Pont plus solide que la vie, Chemin des échos liés Tu es le futur des montagnes Et le passé du cristal   Tu es le toujours du jeu.   Le 03-06-98    
 
 	Lettre capitale
                        
                        
Les draps de la Seine débordent
En plis de toi,
Rien ne peut repasser
Le bal ansé             
Des eaux rayées
Froid sait.
 
Je marche dans Paris
Tu marches dans moi
Les mots entiers s'écrivent à deux voix.>
                         
La vie est une bouche d'aimer trop
Les signes sont des oiseaux sans parole>
Le mot nu ment aux vies
Seule l' amusée d'or sait.
                
T'écrire,
Chercher le feu sous le fleuve 
Le crayon de soleil,
Je fais ce que je pleut.
                         
Je ne relis pas ma lettre,
Je pose le timbre de ta voix
Sur mon enveloppe charnelle
Et j'envoie.
 
                         03-06-98
 

 
Rouge prière   J'exécre les petits soupirs mous Culs angles droits sur une chaise assis près de Dieu, La raie au milieu J'aime les sirènes sans cran d'arrêt, les loups de feu Le ventre dévoré par une faim sans milieu, Le renversé des cieux.   J'ai peur de l'eau du bénitier Genoux sans contours aux amours machines Eaux noyées, sans fièvre saline Je cours dans les comptines qui piquent mes yeux Je plonge du haut d'un dictionnaire en pierre, Je galope, un ange accroché à ma crinière.   Je fuis les gentillesses des âmes qui ont toujours pied Coeurs paniers à la quète des oui de la tête, Mains qui tremblent, de peur que personne ne les achète Je veux des étoiles en plongeons bleu soleil Des arbres inoubliables, Des explosions d'abeilles Le chuchoté des nuits, les maisons de l'oreille.   Je veux l'aujourdhui de la vie.   02-06-98
De profil
 
	L'effervescent de tes yeux
	Grise ma pensée en altitude 
	Le cercle de ton bras qui appelle,
	Sémaphore de montagne,
	Fait un bouquet des poussières du temps.
 
	Les secondes deviennent folles
	S'étirent, roulent, sortent par la fenêtre
	Des glaises tournoyantes inventent des nouveaux visages
	Et les mots sont toujours les mêmes. 
 
	Les jeux de lumière versent des gouttes de présent
     Sur ton profil-tobbogan
	
	Des enfants glissent sur toi en jouant.
 
				Le 02-06-98 
 
 
 

Souffle vitré
       
        Des vocalises montent l'échelle des rires étagés
        Le cri-caresse des joies blessées,
        Des pincements aux fleurs
        Laissent des fissures en couleur,
        Une vitre à briser d'une seule pensée
        Je dois rêver,
        Sûrement.
 
        Non,
        Je sème
        Le toucher des mains sous les tables
        Les syllabes du vrai des fables
        Les courbes du bougé des visages
        Je cache la carte de ton voyage
        
        Je regarde à travers le mur,
        Une petite fille fait la roue sur un seul doigt
        Nage de carreau en carreau dans le fluide des fenêtres
        J'ai cent mille ans d'amour écrits sur un seul ongle
        J'habite une maison où le soleil brillle au plafond
        Je dois rêver,
        Vraiment.
        
        Non, 
        Je porte
        Le plié  du temps
        Le salé du vent
        Le balancé des saisons,
        Je suis une méharée sur le dos d'une chanson. 
 
        Ton souffle vitré pose des carreaux sous mes pas
        Pour que mes pieds voient.
        
         
                01-06-98
 
 

		 Roue d'amour
 
                Moustique dans le faisceau du phare,
                Toute petite fleur éblouissante et savonneuse
                Tu cours si vite
                Que tu peux choisir tes gouttes de pluie,
                Tu peins des yeux sur tous les fruits.
                
                Tu respires dans l'eau
                Chantes dans le feu
                Tu fais signe aux bateaux,
                Inventes les oiseaux des mains.
                
                Les essieux du train sautent dans la poële des jours
                La pluie s'étonne du soleil
                Le sommeil rit de vivre encore
                Les gestes de flamber en couleur
                En marelles mouvantes
                En moulin de plumes
                En échappées bleues.
 
                Roue de mésanges, amie-chemin
                Tes ailes à aubes font tourner les jardins  
 
                                31-05-98
 
	
 
Cerise Voltigeuse
                                                                 
        Tes mains-arlequin 
        Ont laissé des traces de couleur sur le trapèze.
 
        Mon amie-pirouette,
        Toujours à tirer la langue, à sourire d'être là,
        Toujours à mourir aux éclats.
         
        Ta pépinière d'enfants est venue te voir
        Des pivoines dans chaque main
        Comme les valises de Brel.
         
        Tu avais des ignorances éblouissantes,
        Tu te garais n'importe comment,
        Mais tu mettais une majuscule sur chaque enfant.
        Tu es l'histoire d'une vie réussie
        Une vie pas si longue, mais très large.
 
        Le spectacle continue
        Tes pieds inventent un sol suspendu
        Un rêve sans échasses
        Un vol sans ride 
        Où l'homme serait au centre du ciel.
        Tu allumes des feux sur la piste du cirque
        Pour que les mômes traversent aux passages clownés.
        
        Voltigeuse,
        Cerise savoureuse,
        Petit grain de poivre sur les lèvres d'un sourire,
        Petit poing tendre dans la gueule du mourir,
        Tu m'auras bien fait rire,
        Sauf une fois.
         
        
                                  31-05-98
 

 Sylve
                                          
                Parfois, tu as besoin de sommeil,
                En haut de toi s'arrête le soleil
                Tu te dérobes en mort d'orée
                Tu laisses l'ombre déborder
                Te replies en chemin aveugle
                Où seules tes odeurs sont visibles.
                
                Forêt maritime,
                Coupe habitée et intime
                Tu t'incendies en pas de siècles,
                Ton feu a tout son temps,
                Ton enfance dure plusieurs de nos vies rapides.
                
                Tu grandis, les pieds dans le sel, la tête dans le soleil,
                Des enfants courant sur ta peau
                Soufflent en l'air pour ouvrir ta voûte 
                Ils n'ont jamais vu la plage,
                Et s'imaginent que la mer est en haut
                Que le soleil est un feu d'eau.
                
                Tu ouvres les chemins des voyageurs
                Prolonge les mains des marcheurs 
                Pour qu'elles se trouvent et se joignent
                Pour que les bras des amours entourent tes arbres
                 
                Des corps nus verdissent en roulant sur ta mousse,
                Tu leur apprends les mots de sève
                Les nages de terre, les racines des rêves. 
                
                À force de chercher
                Nous trouverons les clés des nervures compliquées
                Ouvrirons les portes des troncs penchés
                Nos pieds trouveront les branches qui mênent au sommet
                Si haut que nos têtes se couvriront de neige
                Si haut que le souffle de mon aimée sera ma fourrure
                En brasier de givre
                En flamme veloutée.
                 
        
                Nous plongerons dans l'océan à peine en retard sur les oiseaux.
 
                                        
                                                27-05-98
 
                                          
                 
 
             Mouette rieuse
	
	
	Poudre scintillante,
	Raies spires du soleil,
	Quand tu ris, tu sèmes de l'or,
	Oiseau-pépite dans le tamis du ciel.
	
	Tracé de flamme en pleins et déliés colorés
     Plume de chaleur et d'élan
	Ta pensée vivante plonge en piqué.
	
	Le vent ne peut pas te faire tomber
	Tu te moques de ceux qui veulent nous faire payer
	Le prix des danses
	Le salaire du feu
	Tu ris au nez des yeux sans été
	Tu traces les pistes aériennes pour danser
	Tu allume les lignes des amours-clarté
	 
	Tes ailes épouvantent les coeurs pointillés,
	Ton bec perce les gris essouflés
	Tu relèves les coins des sourires
	En lianes volantes
	En châteaux de rire.
	
	Tu portes un dessin de fauve noir
	En cercles sur chacune des tes ailes bleues
	Ramassés et opaques, 
	Ils grondent quand tu plonges
	Pour nous rappeler le danger de vivre
	Le noué des chemins
	Les grands sauts du destin
	
	Tu te brûles sur les toits des hommes
	Emporte là haut le désir des vagues
	Brise les silences des promenades,
	Attrape les mains des enfants
	Tu fais d'eux des cerfs-volants
	Leur apprend les jeux importants.
	
	À toi toute seule, 
	Tu tires toutes les îles des légendes
	Ton vol-carosse fait germer les graines des eaux
	En fleurs d'amarre-île-Ys,
	Tu fais surgir les mondes 
	En écume babillante
	En confettis d'algues tournoyantes.
 
        Mouette rieuse,
	Tes ailes font rouler le soleil. 
	
	
	 			26-05-98
	
	
	
 
 

Reflets d'orée
        
                En finesse d'Épée-Soeur
                Ta main photophore,
                Fascine mes yeux fermés
                L'allume hier coloré 
                Des peaux cédées. 
                
                Ma mémoire en volets
                Filtre les ombres des ans chantés  
                Rit aux plaies en tri
                Au lumineux des blés sûrs
                Des heures du sablier.
                
                Je traverse en or-fée
                En rêve fléchi de miroirs
                Les eaux de l'été
                Les brumes d'ici paix
                À l' et vie danse t'aimer.  
                
                En clair de nuit,
                La forêt brille sur ton visage en reflets d'orée.
 
                                Le 26-05-98
                
 
 

Bleue corail
 
                 
                Tu te piques au jeu en aube-épine,
                Fais s'émouvoir les dunes sensitives
                Monte les gammes des peaux
                En lever de sommeil.
 
                Rideau de lumière
                À la marée des miroirs
                Ton corps sait le léger des souffles
                Et la force des songes.
 
                Ta main en azur chaud
                Parcourt les pentes sablonneuses
                Goûte le salé des sursauts
                Le roulé des respirs.
                 
                Tu caresses l'espace
                Ta pulpe bleue corail
                Effleure l'intime du soir
                En toucher de soleil.
 
                                25-05-98
 
 

Sabbat d'eau 
 
        Le samedi, 
        Alvaro marche dès l'aube. 
        Il écrit la saudade avec ses pieds. 
         
        Tant que le soleil est plus haut que lui, 
        Il traîne le long de la plage, sans jamais regarder vers le large,
        Sauf les filets des poissons, qu'il aime appeler ses frères.
        Il aime se brûler les yeux aux terrasses blanches
        Il aime attendre.
        
        Il attend de voir apparaître une certaine silhouette,
        L'entendre tinter au loin
        Cette femme si belle qu'elle fait peur
        Aux reins luisants
        Aux cheveux nocturnes
        À la bouche carnivore,
        Déboucheuse de flacons,
        Lanceuse de soleils.
        Lorsqu'elle bouge,
        Le sang d'Alvaro vole dans ses veines. 
 
        Il aime attendre sur le port et lêcher sa plaie,
        Une chanson aux lèvres
        Et devenir aussi long et gris que la jetée.
        Je crois qu'il aime bien mourir souvent.
 
        Tant que dure le jour,
        Il l'aime en eau et en désert,
        Il l'aime tout droit et de travers
        Il l'aime de ne pas l'atteindre.
        
        La nuit, c'est pire.
        La nuit convulsive,
        La nuit de brasiers,
        Où l'alcool flambe dans son ventre
        Où il gratte sa barbe comme des cordes de guitare.
        La nuit n'est qu'une chanson, qu'une forge de mots le portant au rouge.
        
         La chanson dit
        "Ai, que segredos tem"
        Et elle le tue jusqu'à l'aube.
        Mais les secrets, ils ne dit pas lesquels
        Si même il s'en souvient.
        
        "Azujelos sur ta peau nue
        Font des soleils bleus au ciel en feu".
 
        Cela, la chanson ne le dit pas,
        Ce n'est qu'Alvaro
        Qui divague, 
        Des enfants accrochés à ses mains.
        De temps en temps, l'un d'eux se noie dans l'océan
        Parce qu'il pense à autre chose.
        Tout le village le sait,
        Il y a des gens du port qui sont payés pour rester toute la journée dans l'eau
        Pour observer Alvaro 
        Et recueillir ses enfants.
        Le lendemain, il y a un tintement de plus
        Vers les terrasses blanches.
 
        Il se souvient qu'un jour,
        Cette femme apparut, griffe rouge et noire sur la pierre blanche.
        Il se souvient que lorsqu'il vit des gouttes couler le long de sa gorge
        Il vola en éclat.
        Sabbats d'eau en fissures bleues
        Mirent le feu à son sommeil.
        Les fées lurent, 
        Les ardents au soleil.
 
        Il ne se rappelle de rien d'autre.
         
        Un jour, Alvaro s'endort,
        Un chapeau devant ses yeux.
 
        Elle n'était pas sortie depuis longtemps
        Sur la terrasse blanche,
        Elle le contemple  longuement.
        Puis rentre dans l'ombre bleue
        Fait tinter ses enfants
        Avec un signe d'adieu.
 
        Le chapeau est tombé,
        Le soleil va se coucher,
        Au dessus de lui, un avion dans le ciel,
        File vers le Nord en tintant,
        Et quelqu'un qui ne reviendra jamais,
        Se promet de jeter les clés des Terrasses Blanches.
 
        Il est l'heure,
        Alavaro va rentrer chez lui, 
        Ne lui dites rien...  
          
        Ai, que segredos tem...
 
                                24-05-98
 
 
           Pour Teresa Salgueiro, voix magique de Madredeus
"Est ce que ce sont les clés de votre coeur ?" (Lisbonne Story)

 
Bal en soir
 
        
        Ce soir,
        Les chevaux se dévident,
        S''ouvre le bal en selle
        Des arts sonnés.
 
        Les garrots s'effleurent,
        Mirages visonnaires, 
        Joutes florales
        Des lys yeux.
 
        Tu tisses ta danse
        Cherche ton chacun,  
        Rêve déhanché  
        D'à paire se voir, 
        Ton âme-sueur.
        
        Souffleuse de vers,
        Tu m'ensonges,
        Agrandit le manège, 
        Colle les ans lassés,
        Les reflets des cris nièrent.
        
        Au piano,
        Les Gymnopédies rondes
        Grains de sable
        Dans les roues d'hanté
        Pour Satie Sphère
        Le tour nid du désir.
        
        Danser,
        En faunes espiègles,
        En fées déplumées, 
        En ronds d'ailes, 
        Joies saccadées,
        Jusqu'à mourir de vivre.
        
        En douceur,
        En tombé de voeu lourd
        L'aimé chant se tait,
        Pour un temps, seulement.
        
        Demain, tu remontera en sel,
        Pour tisser la marée. 
        
        On achève bien l'écheveau.
 
 
                        22-05-98
 
 

 
Si Reine 
 
 
        
        Trompette marine,
        Corne de brume enfoncée dans le flanc des hommes,
        Tes chevaux de nacre écument sous la lune,
        Tirent les vagues en envolées furieuses,
        En ruades humides, en spasmes d'algue et de cuir.       
        Tu te cabres en méandres opalines,
        Solaire et enfantine.
        
        À tes cheveux s'accrochent les oiseaux libres,
        Tes sabots fouettent le sang des feuilles,
        Ta course crève les yeux du jour
        Dissout les poings furieux,
        Arrête la mort des eaux, tue les chants frileux.
 
        Ta course fait palpiter tes naseaux comme des volcans vivants
        Ta crinière déchire les mains qui ne vivent qu'à moitié.
        Centaure aux yeux de miel,
        Cavalière cambrée sous les cerceaux de feu.
 
        Guerrière de foudre et de sève,
        Tu chantes pour chaque mur qui tombe,
        En stances-vertige, en refrains- fruits.
 
        Spirale saline, tu sais les clés des portes océanes,
        Tu sais les morts qui portent les vies
        Et qui respire sous le fond des eaux.
         
        Tu arriveras au bout, 
        Les haleines pulseront jusque dans les tempes, 
        Les cires sourdes crieront dans les flammes, 
        Sonneront les cloches, s'ouvriront les portails,
        Bouillonneront les eaux du port, 
        Quand ta cavalcade annoncera la nouvelle saison.
 
        Ils t'entendent déjà au loin, 
        Tu luis comme une lame d'amour
        Comme une marée d'ambre.
        
        Le bruit des hommes qui tombent à l'eau
        N'est que le fracas des naissances,
        Ce qui semble hurler 
        N'est que le doux murmure des bourgeons sous la brise.
 
        Regarde toi dans leurs yeux !
        Tu as hanté leurs nuits, bien avant qu'ils ne soient nés.
 
        Ce soir, 
        Les barques s'assombrissent au couchant,
        Mais sur les visages, ta clarté fait briller les lèvres de ceux qui
t'attendaient>
 
        Tu fais vibrer ta crinière, 
        Ta tête se renverse vers le soleil.
        Tu marches vers la mer.
        
        Ils n'ont pas beaucoup de temps,
        Juste celui de te voir t'enfoncer en chantant.
        
        Maintenant, 
        Seuls tes bras émergent,
        Ils tendent une harpe.
 
        Les oiseaux,
        En se posant sur ses cordes
        Décideront du premier chant
        De la nouvelle saison.
 
        Tu ouvres les mains du vent.
 
                        21-05-98
 

Chemin de terre
 
         
        Sur le sentier des douaniers,
        Il y a des passeurs  de frontières,
        Des pierres emplumées.
        Des bleus nuancés marchent en silence dans la nuit tiède,
        Des couleurs émigrées.
 
        Du brillant sur leur lèvres clandestines
        Les femmes-lisières caressent les bords durs
        De l'avenir du futur.
 
        Elles séduisent les doux à nier
        Font tomber leur casse-quête sur les rochers
        Et les aiment en sève, en bruine, 
        En étreintes serpentines.
       
        Sur la plage froissée
        Les jambes des lettres se fraient un chemin de montagne salée.
        La marée -cage, 
        En bouillonnement un sang sait
        Art-pente nos souffles en montée.
        Sur le sable, la trace de mes pas s'est enfancée.
 
        Dans la ville désertée
        Les mares-ailes font voler les trottoirs en éclats
        Ciel, terre, enfer racontent les secrets de la vie révélée,
        Indice craie.
 
        Maintenant, 
        La nuit épaissit le trait des visages,
        Et fait crier les bleus nus ansés  
        Les clans destins vont s'avancer
        Vers la frontière pointillée
 
 
 
                        20-05-98
 
 

Qu'eau ainsi danse     Le souffle d'un seul mot plie l'océan, Porte le voyage des ondes, Maintient leur cercles entiers dans les tempêtes.   Le matin, Lorsque les premiers oiseaux touchent la rive, Leur bec sourit en plongeant, Leur chant semble semer ton nom sur l'eau.   Le feu d'un seul mot marche sur la mer, Donne du courage aux jambes, Rafraîchit le sang vivant aux déserts liquides.   Le midi, Lorsque le ciel aspire les gouttes, Nul ne sait où finit ton corps et où commencent les vagues, Ta sueur ressemble à une prière de vapeur.   La main d'un seul mot lance les cailloux blancs, Les soleils plats font ricochet, Et volent plus haut que les oiseaux.   Le soir, Des fleurs se referment et d'autres s'ouvrent, Tes deux mains suivent cette marée de parfums, Leur danse fait respirer la rive en couleur.   La vie d'un seul mot fait bouillonner les eaux, Nager les cristaux au fil salé des courants chauds, Allume les fonds en feux de coraux. La nuit, Des îles-oiseaux gonflent les voiles de leurs ailes Des fées sautent de vague en vague, Tu brilles comme du lait sous la lune. Sur tes seins cerclés d'algues se pose une libellule.   17-05-98
En nid vrai 
 
        
        Chant léthal
        Les écailles des sirènes,
        Les vagues à lames,
        Les colliers de cavernes.
 
        Chant vital
        Les ailes en couleur,
        Les cils des phares,
        Les bains de perles.
         
        Respirer
        Une mouche sur la vitre
        S'alourdir,
        Une île sous-marine
        Accrochée aux pieds
        Et s'oublier
        En happe-né.
 
        Ou
        Jaillir d'une fontaine
        Onduler
        Parler toutes les langues
        Pétrir l'arc-en-ciel
        Et rire d'exister
        En nid vrai.
 
        T'aimer.
 
                        13-05-98
	   
	  

	   Nid chaud, ni froid                                                     
     
 
        Tu étais trois.
        Pour te voir entier
        Je devais lever et bouger la tête.
        Alors, je te ressemblais
        Je tendais mes mains pour vivre le vent comme toi.
 
        Nous avions les mêmes désirs de ciel
        Tes feuilles étaient les étoiles vertes du jour
        Ta plus haute branche était un arc pour mes voeux
         
        Mes doigts couraient sur toi
        Tes noeuds reliés,
        Corde à sauter les années.
 
        Tu buvais mon enfance
        En trois gorgées
        Tu avais l'air d'un grand papier blanc roulé
        Où  écrire sans jamais s'arrêter
 
        Quand je doutais
        Ton ombre m'acceuillait
        Fébrile en sêve givrée
        Pour rafraîchir ma peur
        Des troncs paix.
 
        Tu sais, 
        Au début, je croyais que tu allais te mettre à marcher,
        Mais c'est moi qui ai commencé.
         
        Mon arbre, tes feuilles avaient des sons scintillants
        Tu étais comme un oiseau de bois et de sève
        Un aigle d'or à chevaucher
        Le carillon du temps arrêté.
 
        Je t'aimais,
        Tu me faisais nid chaud, nid froid
        Hiver comme été.
 
        Tu étais trois comme un nid
        Tu étais si blanc que tu éteignais la neige.
 
                        Le 12-05-98
 
 

Arc Ange 
 
         
                Tes cils en cieux
                Tissent le regard du temps.
                Ton coeur cible-aime
                Pâlit au lever du jour.
                Tes doigts-lumière
                Allument les chants d'ailes
                Quand délabre le feu.
                
                Une rose ployée
                Arc Ange tire la flèche-vie.
        
                Un parfum en plein coeur
        
                              10-05-98
 

 
À l'ombre du zèbre
 
        Sous l'été en fer forgé
        Le soleil hachure ma peau
        Dans ton silence épais
        L'ombre écrit sur mon visage
 
        Le long de mes bras
        Les rayures suivent les chemins de mes veines
        La coupe de mes mains
        Verse des jours et des nuits de poche.
 
        Au fond de l'eau des yeux
        La grille d'ombre solaire
        Rampe encore sur la rétine
        Et, de temps en temps, remonte à la surface pour respirer.
        
        Soleil-prison, ombre sans murs
        Il faut une chanson pour limer les barreaux
        Il faut des couleurs dans tous les interstices
        Il faut des mains pour ouvrir les portes.
 
        Il faut scier le zèbre.
 
                09-05-98
 

 
Et chant crée
 
 
        Tu es plusieurs oiseaux
        Tu es le feu masqué qui parle dans toutes les voix
        Le grain de ta peau est le sable vivant
        Le chant des voyelles qui recréent le monde
        Le tambour des consonnes qui trace les contours des mots
        Le creux de ta gorge est le nid des couleurs
        des baisers voyageurs
        
        
        Tu surgis là où je meurs
        Tu actives les moindres recoins du froid
        Tu embrases la pâleur dans le creux des jours
        Ton ventre arrête ma course
        Intrigue le moindre de mes gestes
        Inventes des nouveaux touchers à mes doigts
        Des baisers pour mes pas
 
        Tes ailes cachent mes yeux
        Ton sourire s'insinue parfois dans ma bouche
        Ton dos est la falaise d'où je me jette
        Je chute vers le haut
        L'air déchire les peaux mortes du ciel
        Je tombe pourtant
        Mais cette chute ressoudera mes os
 
        Et chant crée
        Mon rêve glisse sur tes seins
 
                08-05-98
 

 Ma neige
 
        Ma neige sur écran noir
        Flot con de silence
        Vide mon coeur de ton absence
        
        Les cristaux froids font cercle autour de moi
        
        Ma neige dans ma tête blanche
        Flot raison de paroles
        Emplit mon coeur de ta présence
 
        Le soleil tourne en graines chaudes autour de moi
        
        Ta pulpe dans mon hiver
        Un fruit dans la neige
 
                        08-05-98
 

Doux leurre en pointe fine
 
 
        Au pastel
        J'animerai ta silhouette en écume d'encre bleue 
        Eau passe t-elle,
        Tes traits dormiront à pointes fermées.
 
        Au lavis
        Je tremperai ton geste dans le Kouro-Shivo
        Haut la vie,
        Tes yeux figure de proue cligneront au soleil
        
        Au couteau      
        Ton rêve pincée de sel cinglera vers l'île clarté
        Aux coups tôt
        Ton corps tempête se ploiera au vent qui déracine
 
        Au pinceau,
        Je tracerai les routes de tes paroles de signes
        Aux pins sceau
        Le vent du Sud dans la harpe d'aiguilles.
 
        Puis je plierai la feuille en forme de bateau
        Le courant chaud mettra du feu dans l'eau
 
        Ton aura de marée
        Ta pluie par dessus bord
        
        L'éclat meurt aux oreilles du monde
        Un cri à la mer.                
 
                                Le 7-05-98

 
 
Un sang d'hier
 
        
        Le jardin brûle,
        Un feu secret incendie les roses
        Elles dansent jusqu'à l'épuisement
        Et l'ombre des pétales sur le mur
        Trace les pistes des ondes de chaleur
        Dans mes pupilles ouvertes sur le feu
        
        Cette vision aveugle me dévore
        Je cours vers l'eau
        Mais le lac n'est plus que vapeur
        Un puits sang.
 
        Je sais que tout cela n'est qu'un rêve
        Et quand je m'éveille,
        J'ouvre mes volets sur le jardin frais
        J'ai dormi une allumette entre les doigts.
 
        Sans que je fasse un geste
        L'ombre blanche de mes mains sur le mur
        Trace ton nom dans la suie.
        
        Alors je me souviens de tout
        De tes mots vivants crépitants
        De la braise sous le givre
        De tes mains en étoile.
        De la vapeur des lames en froid silence
        Trempées dans le soleil
 
Le 06-05-1998
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