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Sourd Soleil              
 
         
                Mots en rayons,
                Étalage de l'envers du décor,
                Chant de la pulpe,
                Des ponts-levis sourd l'extase de deviner.
 
                Applaudissements d'argile,
                Sondes radiantes,
                Les jalons crépitants
                Pointillés du connaître.
 
                Peut être un jour,
                Où il tournera plus vite que le manège
                Le Sourd Soleil,
                Sémera t-il à tout vent.
 
                 
 le 26-01-98

 Vol tige         
 
        
         
         Les ailes battantes en chant de marée, 
        Largeur escapade,
        Mes yeux ont la courbure du monde
        Tes pas courent dans mon ventre.
 
        Fil plus clair que le soleil,
        Ce que je tiens ne se voit pas.
 
        Je voudrais ne jamais voir des ailes dans des assiettes.
 
        Vol incendié, écriture de l'espace
        Tes courbes font galoper mon souffle.
 
        Il n'y a pas de paradis de poche.
 
 
                                 le 24-01-98
 
 
 

 Un soir             
 
Tu tends le cou vers demain,
        La guerre est silencieuse.
        Il reste encore du gâteau dans l'assiette,
        Les miettes expliquent le monde.
 
        Tu souris dans la fraîcheur,
        La pluie du soir habille l'instant 
        Tu t'inventes un chat ou deux,
        Pour voir les choses de plus haut.
 
        Tu ne dis pas tous les mots,
        L'ascenseur ronronne sur tes genoux.
        Puis, tu t'endors
        Et le monde s'enroule autour de ton cou.
 
Cette nuit, la Terre s'arrêtera, c'est nous qui tournerons.
        

Le 24-01-98


En secret

 
 
Une traînée de sucre dans l'air,
S'approcher,  sans jamais regarder en arrière 
Rivage dévisage,
Pétales pour pleurir,
Mariage du clair et du fou.
 
Une pincée de poivre  pour le goût,
S'étonner de tout,
Substance cadence,  
Savoir sauter par dessus tes lèvres,
Ne jamais prendre ombrage.
 
Une poignée de sel pour les voeux,
Ne jamais cesser d'ouvrir les yeux,
Paupières barrières,
Laisser grandir le feu,
Apprendre à destiner à main levée.
 
Un flocon de neige qui fait ricochet,
Détourner le regard du laid,
Neiges manèges,
Chanter pour toi cet amour qui hurle
En secret.
 
 
  le 19-01-98

 Hauts et Bas             
 
Heures -Cratères,
Silences plus nus qu'une main sur l'ouvrage
Plus purs qu'une joue dans la nuit,
Ces instants là, creux qui filent et qui tressent
Indestructibles trames.
 
Jours-Éponges,
Boivent les regards,
Quand tes yeux s'éteignent,
Loin, si loin que le tunnel semble être le bout
De quelque chose de plus sombre encore.
 
Mots-Pêcheurs,
En quète des puits entre les lignes
Gardiens des merveilles,
Se jettent du haut du phare.
Eux seuls voient les coraux dans la tempête.
 
 
le 19-01-98
 
 
 

 
 Corps Don          
 
        Il ne dort jamais.
        Il a soif d'escaliers qui savent monter.
        S'abreuver aux cercles de bois en comptant les années, il sait.
        Dormir dans le creux d'un nuage sans tomber, il sait.
 
        Ses gestes tentent de dérider les empreintes des crochets.
        Peut être même, connaît il l'écriture du brouillard.
 
        Il apprendra toutes les langueurs d'ondes,
        pour la soulever de terre.
        
        Il marche pour elle et sa paume creuse le ciel,
        pour que l'horizon grandisse devant elle.
 
 
Le 08-01-98
 

Vahiné d'Orage  
 
 
Une goutte de pluie nue
fait le tour de tes lèvres
pour apprendre ta langue.
 
Les feuilles n'y peuvent rien
elles ne savent qu'être larges,
un jour, la sève apprendra à couler dans tous les sens.
 
Un pli sur ton front
engouffre le vent
pour dire les orgues de ta tête.
 
Le vent n'y peut rien,
il ne sait que passer,
un jour, il saura respirer à la place des hommes.
 
La foudre s'amuse
à dessiner tes mains,
pour faire chanter leur finesse
 
L'éclair n'y peut rien,
il ne sait que tomber,
un jour, il saura se relever et nous serons ciel
 
 
                le  08-01-98

     
 Matières              
 
        Au centre du miel
        L'ambre durcit et insinue la clameur de sa pensée  fossile.
        Droit dans la coulée claire de sa patience,
        J'égrène les milliers de visages qui se posent et s'envolent. 
        J'ai le temps de voir naître et mourir.
 
        
        Dans le mystère d'une plage
        Je calme mon sang qui court,
        Ralentir mon souffle et chercher le centre de chaque grain.
        Épouser leur reptation lente autour de la terre,
        Voler avec le grand oiseau de sable
Dans le salé de l'eau
La goutte cherche la goutte, 
Il faudrait mettre ce piquant dans les yeux
Une larme aspirée, un pleur à l'envers
Sans envier les mers qui sont en train de naître dans les montagnes.
 
 
       le 31/12/97
 

 
 Lianes                               
 
 
        Si loin se soient ils jamais trouvés,
        Des lianes couraient entre les pages de leurs livres,
        Leur ciel n'avait pas de plafond.
 
        Lorsqu'un d'entre eux le finissait,
        la ritournelle-mémoire du toucher du papier
        faisait qu'il n'était jamais fermé.
 
        Les empreintes de leurs doigts sur les pages,
        ajoutaient au sens des mots.
 
        Les lianes couraient couraient,
        fil de chaleur étanchant la soif de crier.
 
        
                               le 06-12-97
 

 Diamant Rouge                    
 
 
Roulées comme des tapis, les ombres brilleront dans la nuit des yeux,
En feux de diamants rouges.
 
Ce qui craquera le premier, le souffle ou l'allumette,
Éteindra tous les autres bruits.
 
Reptation du mystère, dehors la lune pour servir de prétexte ,
Je nagerai dans l'épaisseur d'une ligne de frontière.
 
Enfance du présent, cette nuit, mes mots cogneront sur la vitre embuée,
Mes poings d'interrogation se fermeront sur la lune affamée.
 
Longue patience, ramper de fil à fil  pour trouver sous le charbon,
Ces rampes d'escalier qui palpitent.
 
Cristal dormant, cette nuit percera les trous dans la peau des ondes,
Diamant Rouge sera mon nom de guerre.
 
Sur mon visage seront peints les signes sacrilèges,
J'oserai décapiter les chants de leur rondeur,
Ils sonneront comme des sagaïes luisantes, riant d'être lancées.
 
Ils porteront leurs coups jusqu'à ce que la nuit se desquame,
Et là, dans la taille aigüe des facettes de Diamant Rouge, 
Au centre d'un sourire, je trouverai le chant du charbon.
 
                               le 06-12-97
 
 La  Fée-sans-frapper                      
 
La fée -sans-frapper  ne s'annonce jamais.
Rien ne lui est dur, elle passe à travers tout.
Elle trouble les  sommeils et chante au dessert.
Elle dort dans le bleu des bougies.
 
"Je suis le grand souffle dans ta tête ,
J'habite dans ce rêve qu'un jour sur deux tu crois impossible,
Je reste celle qui chante même quand tu n'écoutes pas,
Je  vole toujours par là quand tu comprends tout d'un coup."
   
La fée- sans- frapper sait ce que c'est que de marcher.
Elle n'appelle pas un chat un chat, mais par son vrai nom.
Elle désire se recoiffer avant de chanter,
Sur sa robe, juste sur son coeur, il y a un nez, une bouche, deux yeux,
un visage dispersé.
 
"Tu me vois parée parce qu'il y a toujours quelque chose à honorer,
Je te surprends toujours parce qu'il ne faut pas que tu fasses semblant
d'y croire.
Dans l'espace-instant où tu sais, il y a des soleils qui t'attendent
Dans le tomber de mes cheveux roulent des cuivres qui sonnent sous la
lumière. Il faut toujours célébrer la beauté"
 
La fée-sans-frapper ne donne pas de coups de pieds
Sauf ceux du dedans, ceux des pas-encore-nés, 
Juste pour prévenir qu'elle est arrivée. Le visage sur sa robe n'arrête
pas de tourner.
Un dessert de garde l'attend toujours pour qu'elle puisse manger.
 
"Quand tu naîtras, tu sauras en parler,
même moi, je t'écouterai. 
Tu sauras les mèches qu'il faut allumer, le feu pour cheminer
et les chemins d'ondes que tracent les moustaches de ton chat"
 
La-fée-sans-frapper a parlé au chat sans mots,
Je crois que j'étais un peu vexé, sur sa robe, le visage continuait de
tourner, 
Ils avaient l'air de bien se comprendre, avec le chat
La flamme de la bougie s'est un peu élevée pour mieux les écouter.
 
"Je t'apprendrai le langage du chat et du feu,
 "Je n'y arriverai pas" n'est beau dans aucune langue,
Les rêves et les moments, les hasards et les tournants,
Tout est livre, tout est signe de vie dehors et dedans."
 
La fée-sans-frapper et moi, on s'est promenés dans le jardin des
fleurs-bolides,
Celles qui ne boivent que quelques gouttes de temps,
Lorsque j'ai prononcé le mot "pourquoi",
Elle m'a montré leur parfum, il était toujours là.
 
"Certaines fleurs sont si pures que l'air du monde les étouffe,
Leur pétales sont des ailes, leur coeur n'a pas de crapauds pour les
maintenir à terre.
Mais elles savent plaisanter avec les chats et lire dans les flammes des
bougies. 
Et moi, je sais qui est le visage sur ma robe"
 
La fée- sans -frapper et moi, avons levé la tête vers les étoiles,
Il y a eu un grand silence, mais la flamme de la bougie n'a pas baissé.
Loin , là haut, quelque chose a clignoté
et malgré moi,  j'ai fait un signe de la main.
 
"Il faut toujours dire bonjour aux étoiles,
Et donner avec son coeur, un peu de leur lumière,
Durer loin ou passer près,
De la mémoire peut naître la nouveauté"
 
La fée-sans-frapper a fait tourner sa robe et les yeux du visage  sont
venus au dessus du nez,
Le chat est venu sur mes genoux et nous avons ronronnés un peu ensemble,
Puis ma main devant la bougie a su dessiner un visage sur le mur.
Je crois que j'apprendrai vite. J'aimerais que les  fleurs ne sachent
plus compter.
 
"Si tu n'as pas peur de ta voix, rien ne te résistera,
Tu crois qu'un chat dit qu'il est un chat ? 
Autant de mots pas dits, autant de degrés en moins dans la flamme de la
bougie.
Si je danse trop vite, chante ton vertige."
 
La-fée-sans-frapper s'est régalée
Puis elle s'est mise a chanter, d'un coup,  elle s'est levée
En tenant sa cuiller pleine devant sa bouche
Même les murs  étaient attentifs.
 
"Tu sais ce que les murs peuvent bien apprendre d'une fée ?  
Peut être à respirer et à s'écarter, à oublier de se fermer,  à devenir
fleurs chantées,
En attendant mon retour, écoute plus ton chat,
Et met  beaucoup de mots dans la flamme de tes bougies."
 
Le fée-sans-frapper a fait tourner sa robe,
sur le tissu, les bouts épars de visage ont virevolté pour s'assembler.
Le visage a commencé à enfin se former,
celui que j'avais toujours aimé.
 
"Si tu donnes un vrai baiser sur le visage de mon coeur,
la bougie connaîtra le chant de son feu,
et le chat aura bien plus de neuf vies.
Mais à ta manière de le regarder, je sais que c'est gagné !"
 
La fée-sans-frapper vient souvent et j'ai appris par coeur ses desserts
préférés.
Elle dit qu'elle aime l'humour de mon chat et les mots de ma bougie.
Et sur sa robe, le visage est entier.
Le coeur d'une étoile peut tout faire parler.
 
 
 le 30-11-97 
 

 Les yeux ouverts  
 
        Le vent soufflait de côté,
        cils courbés en modestie,
        j'avançais sans trop y voir.
 
        En s'abaissant,
        le ciel saluait l'ombre,
        tentation de ne plus s'allumer.
 
        Une par une,
        mes pensées affrontèrent
        l'éclat du désordre.
 
        En perçant des fenêtres dans les murs, 
        La vérité nue,
        bleuissait de froid.
 
        Ma présence brouillée
        sur l'écran de pluie
        te regardait.
 
        Parmi les gouttes,
        une seule savait
        qu'elle allait s'écraser.
 
        Enroulé sur son mouvement fluide,       
        ses rayons buvant l'air
        le soleil n'était pas près de se coucher.
        
        Les  gestes splendides nés  de tes mains
        martelaient l'éclat du soir,
        pour forger une vision.
 
        Dans la trace d'un souffle
        les yeux ouverts,
        j'imprimais la couleur de l'orage.
 
        Il y eut une vapeur
        Tombée sur ton visage
        L'eau avait trouvé le soleil.
 
Le 20-11-97
 

 
  Le collier de sourires                                    
 
Autour du cou d'une petite fille,
secoué par sa course,
il y avait
un collier de sourires.
 
Les bouches chantaient :
"courir c'est espérer ! "
 
Autour du cou d'une jeune fille,
soupirant sur sa poitrine,
il y avait
un collier de désir
 
Les lèvres haletaient :
"s'offrir, c'est exister ! "
 
Autour du cou d'une femme,
ployés et silencieux,
il y avait
un collier de soupirs
 
Les souflles chuchotaient
"grandir, c'est s'oublier ! ".
 
Autour du cou d'une vieille dame,
en rangées propres et parfumées
il y avait
un collier de souvenirs
 
Les murmures chevrotaient : 
"vieillir, c'est se retourner ! "
 
Toutes les bouches assemblées,
de tous les colliers, 
donnèrent un baiser,
à celle qui s'envolait.
 
ses derniers mots furent les plus beaux : 
"finir, c'est embrasser ! ".
 
Autour d'aucun cou,
un collier attendait,
ses lèvres silençaient :
"venir, c'est aimer".
 
 
 
  20-11-97
 

 Carte du ciel                    
 
Je suis dans le loup,
il ne fait pas sombre,
le sillon de sa langue
se courbe vers le ciel.
L'espoir est une fourrure
qui réchauffe les questions,
sans les supprimer.
 
Je suis dans la tige,
sève qui se veut nouvelle,
fenêtre sur feuille,
confiante dans les pas qui se rapprochent.
La joie est une cloche étrange, 
elle chante plus fort
quand elle s'éloigne.  
 
Je suis dans l'étoile,
plus rien d'enroulé,
permission de respirer,
catapulte de la pensée.
Le jeu est une chose très grave,
que seuls les enfants
ont le droit d'oser.
 
    20-11-97
 
 

   
  Feuille devine                           
 
Enchevétrées,
ligneuses,
ses pensées s'habillent
pour cacher un seul mot.
 
Ou bien il dénude,
mais il est déjà parti,
son ombre reste là,
peu bavarde. 
 
Il danse,
mais d'un mouvement opaque.
Sous les tours que fait son corps,
l'air n'épouse pas toujours ses formes.
 
Il chuchote ses cris,
hurle son intimité,
fil du rasoir
entre oublier et se souvenir.
 
Choisir,
brûler,
oser,
vite !
 
Venue de où ?,
une pétale de fleur,
tombe doucement
et fracasse quelque chose en lui.
 
Lancé,
à la vitesse de la vérité,
lignes d'un paysage fou,
écriture du vrai savoir.
 
Réveil,
il revient,
vibration des paupières,
il a toujours su.
 
 Le labyrinthe,
vu de haut,
ressemble à un sourire.
 
19-11-97 

Pour m'écrire
 
La page des poèmes de Marie Mélisou
 
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