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Je marche à côté de moi en joie
J'entends mon pas en joie qui marche à côté de moi"
        - Hector de St Denys Garneau
                                
                                -- Visage d'encre --
 
        Sphère solaire, souffleuse d'or plongée dans l'eau sombre.
        Visage d'encre, vie taillée en plume noire, un cil vient boire à ton
éclat.
 
        Dégagement fluide, se pencher, tremper le jour pour éblouir la nuit.
        La terre tourne et mon geste l'accompagne.
        Du fond de l'encre, le soleil vient ressurgir.
 
        Insensiblement, les cils se courbent vers l'eau.
        Chaque battement de paupières trace un mot.
 
        Ombre de mer, profonde lumière, 
        visage d'encre, je te dessine mais tu es la plume.      
 
        Terre liquide au livre de lune, la nuit écrit au bain du regard.
                         
        Corps de la vie claire, quand le soleil vient boire, la vie prend
visage.
        Ouvre-ciel posé sur l'eau, l'encre de l'aube rayonne les ombres
d'éclat.
 
        Étincelle de fusain, la nuit marche dans la lumière.
 
                                                        21-02-99
 
 
"Il a connu d'un coup cette lande terrible qu'il était, lui, large
ouvert au grand vent enragé, à toutes choses qu'on ne peut combattre
sans l'aide de la vie"
        -- Jean Giono
 
                -- Chant du soir --
                
        Ne me regardez pas
        En cousant les fenêtres ce matin
        J'ai piqué le ciel
        C'est pourquoi l'aube est rouge
 
        Ne me parlez pas
        En arrosant les mains ce midi
        J'ai griffé le jardin
        C'est pourquoi les gestes sont noirs
 
        Ne vous étonnez pas
        En dessinant le vent ce soir
        J'ai bu des anges
        C'est pourquoi la nuit vole en brillant
 
                19-02-99
 
 
 
" Dire haut ce qu'on rêve et qu'on aime le mieux ..."
        --Charles Cros
 
                -- Lignes de vie --
        
        Posé sur du verre
        Un bol de brumes étouffe le ciel
        Raréfie l'aube
 
        Village fantôme
        Mon coeur me traverse
        Lignes des rues sans soleil
 
        En nausées de lumière
        La terre marche 
        Et le jour continue
         
                19-02-99
 
 
 
 
«Si tu ressens la douleur des seuils, c'est
    que tu n'es pas un touriste; et le passage
    peut avoir lieu.»
              - Peter Handke - 
 
                        -- Cache-cache soleil -- 
         
        C'était une nuit différente des autres dans le jardin de pluie. Les
fleurs brillaient de l'intérieur. 
         De l'autre côté de la terre, le soleil remuait. Je savais qu'il se
préparait. 
    
        J'avais déjà fermé les yeux, derrière un arbre. Depuis toujours,
j'aimais jouer à le deviner.
        Je l'entendais se froisser, se déplier, et tous les mouvements rituels
des soleils en visite. 
 
        Puis, il se tenait là, cercle debout. Le soleil sauvage, le feu riant
du ciel.
        Alors, je courais avec lui les yeux fermés, des oiseaux venaient dans
mon oreille pour me guider. 
        
        Au centre de la nuit, l'or venait se glisser jusque sous mes paupières
et, en courant vers le bord du jour, je me transformais, jusqu'à devenir
à l'aube toute la rosée du jardin. 
 
                19-02-99
 
 
 
-- L'anneau de murmures --
 
    D'abord, les boucles des vents se resserrent un peu autour de moi,
me cherchent. 
    Les ailes jusqu'au soleil, je sais le temps venu. 
        
   Je vais encore chanter en piqué. 
   Ma voix restera enclose dans le cercle de chute, parole ronde, comme
les tous premiers mots que les enfants prononcent, 
       
   Le son fera une comptine tournante, une roue chantée.   
   À chaque fois que je chante, je m'offre un nouveau souvenir
d'enfance.
   Joie pure de voler, de faire corps avec le vent. 
     
   Des processions de nuits passeront à travers cet anneau. J'épouserai
leur brumes, incendierai leur plis, peindrai des plumes sur leur poids. 
   Lorsqu'elles ressortiront, les nuits de la terre deviendront
polychromes.
   Et jamais la terre noire ne montera jusqu'à moi.   
        
   Nous chantons ici, au clair de l'ombre d'un anneau. 
   Un chant suspendu. Un anneau de murmures. 
         
                18-02-98
 
 
 
-- Une feuille --
 
        Photocopiée, multipliée, répêtée, la feuille.
        Elle couvre le sol, les murs, le plafond, les yeux.  
        Posée là pour qu'aucun pas ne marque jamais cet endroit. 
        
        Toute blanche.
        Surface à effacer celui qui marche en ce lieu. 
        Espace à devenir blanc.
 
        Sans un pli, sans un souffle, s'allonge le papier, s'étendent
        les mains dans les fibres blanches, s'enfoncent sans jamais en
ressortir. 
 
        La feuille. Rare. Unique. Seule
        Parcours qui sêche sans chaleur.
 
        Tu la tiens dans ta main et deviens une farine silencieuse, un
soleil blanc. 
        Crie en tournant dans sa poudre glacée et le papier ne tremblera
même pas. 
        Fais un voeu et le monde entier disparaîtra. 
        Tombe du ciel et la feuille vibrera dans le vent. 
        
       Je suis cette feuille attentive. Je suis ce long sommeil étendu.
           
       Des feuilles brillantes touirnoient dans un espace vide.   
       En s'envolant, elles prennent enfin des couleurs. 
                 
                        17-02-99	
 
 
 "Tout en un coup je sèche et je verdoie."
        -- Louise Labé
 
 
                                        --  Jardin se crée --
 
          
 
        Un jour, des hivers mécaniques sont venus retourner la terre. 
        Les machines ont cogné les sources, puis cassé chaque brin d'herbe, en
morceaux si petits qu'on ne voyait plus leur couleur. 
        Les machines voulaient une planète noire et glissante. Elles étaient
possédées par le rêve d'une nouvelle terre, pays d'un seul pas
infiniment rêpêté.
 
        Les grues régnaient sur ce peuple de métal mort, leur regard creux
planait au dessus du monde. Puis, elles penchaient leur cou et venaient
boire le jardin, jusqu'à ce que les hommes oublient le toucher des
arbres. 
        
        Quand leurs cous se relevaient, elles tuaient quelques oiseaux au
passage.
        Disposés en ligne lente, les dragons vides et froids rongeaient les
jardins en hochant la tête. 
 
        Elles disaient même qu'un jour, lorsqu'elles auraent bu toute la terre,
elles reconstruiraient les hommes, trop en désordre à leur goût,
enverraient d'autres grues plus petites rouler sur leur corps.
        
        La terre pleurait et pardonnait, lançait des nouvelles naissances,
créait des oiseaux plus colorés, des arbres plus nobles, des sources
plus fraîches,  afin qu'un jour les grues comprennent et s'agenouillent
devant la terre en demandant pardon.
 
        Mais les grues grondaient en arrachant toujours plus de vie.
 
        Lorsque la premlère grue s'est arrêtée net, le rire d'un enfant-liseron
s'est enroulé autour du métal et les grues se sont couvertes de tiges
dansantes. Puis une pluie douce est venue les tuer. Il était trop tard
pour le peuple du métal. En rouillant, la horde terne avait même pris
des couleurs. 
        
        Et le soleil en personne est descendu dans le jardin. 
        Il est venu semer des millions d'enfants de toutes feuilles, 
        
        Il a marché longtemps le long de la terre, sautant par dessus les
lignes des grues, soignant les pétales, caressant les troncs, rappelant
chaque vie. 
        il a même inventé des nouvelles vies, des oiseaux qui fleurissent, des
arbres palmés, des lucioles-pinceaux, des poissons chantants. Même dans
les hibous, même au fond des êtres de nuit, vivait un peu de soleil. 
        
        Puis, l'heure est venue de donner sa première aube au nouveau jardin,  
 
        Maintenant, nous sommes heureux dans le jardin-se-crée. 
        Nous avons même gardé quelques grues pour jouer à grimper. 
 
                16-02-99
 
 
	"...On ne peut plus vivre 
       sans poésie, couleur,
       ni amour..."
 
      Antoine de Saint-Exupéry, 1943
          Extrait de la dernière lettre envoyée au général Chambe
 
                        --------------------------------------
 
                                        -- Avion du fond --
 
        Je suis l'avion du fond. 
        La nuit habille ma carcasse. 
        Le soleil rebondit loin, là haut. Je ne vois du monde d'avant qu'un
tremblement pâle. 
        Parfois mes hélices se penchent pour boire au feu sous la mer. Alors,
je raconte à grand cercles que je suis à nouveau un rêve volant. 
        
        Vous me cherchez au fond. 
        Mais je suis haut , si haut, que le temps se prend en glace sur moi, je
suis un flocon ascendant, un hiver brûlant et je remonte les routes du
vivant.
        
        Lorsque je rêve, des raz-de-marée montent en grande main d'eau et
viennent jusque sur les plages, prendre une femme en promenade.
    Alors, je ne suis plus obligé de mourir. Je peux respirer dans
l'eau. 
        Sur mon siège avant respirent une rose, un serpent et une étoile.
        
        Sur le corps de l'avion, brûle le givre. 
        Très haut, vole le temps vers le soleil vivant.
 
                16-02-99
 
 
                -- Nuancier des rosées --
 
        
        Tracé vivant
        Mince pellicule de tâtonnements
        Puis un immense courant
        
        Flottent ses torches ses vaisseaux
        Gonflent au corps du souffle
        Croquis des gloires en poudre
        Pluie couleurs au vent de foudre
        
        Nus en sciés
        Quelques cris splendides
        Grands traits de bout en bout
        Histoires à mourir debout
        
        Nuancier des rosées
        La vie saisit sa main
        Soleil sang remonté
        Source au bout des doigts
 
                        15-02-99	
-- Femmes de la lune creuse --
 
       Les nuits de lune creuse, elle est la toute première femme du monde. 
       Ses gestes se souviennent. 
        
        Mémoires en robe noire, les femmes portent les cruches de soleil. 
        Peuple de paumes craquelées, elles étouffent la mort dans leurs mains.
        Pinceaux de sang assoiffé, elles viennent au bord du ciel se coucher en
rivière  et se laissent couler longtemps.  
        
        Les femmes se passent la vie de nuit en nuit jusqu'à elle. La vie
digitale, hochement tactile en soleil d'eau noire. 
        Gestes commencés au tout début du monde, elle se souvient.
 
        Gorgées de vent, les femmes étendues en rivière respirent le rituel du
souffle éternel. 
        Sentinelles, les femmes de proue pétrissent l'eau, deux bras en coeur
autour de la lune. Frottées contre la nuit, elles font flamber leur
peau, flottent un peu en elles, et se font cercles dans la nuit. Les
suivantes viennent au centre, et tout recommence. 
 
        Aux marelles de lave, sa chair épouse le monde. 
        Elle sourit en sève à la toute première d'entre elles. Textures
palpitées en pulpe d'offrande, la femme de proue ferme les yeux un
instant, rêve d'un monde où elle marcherait, légère. 
        Regard des cercles, elle se souvient des gestes qu'elle fera pour
partir.  
 
        Mais les nuits de lune creuse, elles viennent toutes la tenir, tenir
l'oiseau de feu dans leur paume, versent du sel sur les torches pour que
le ciel vienne picorer la vie.
        
        Les nuits de lune creuse, les femmes font rivière.
 
                14-02-99
 
 
 
     -- Nagicienne--	
 
	^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
		°0 ;-)
	
	Plongée des ailes en terre fluide
	Paupières des virages en étage
	Toucher des voix liquides
 
	Suivre les
	C		u		a		t
		o		r		n		s  
									faire circuler le chant
	
	Petits chocs des bulles dans la pluie qui brûle
	Regards des secousses aux pressions douces
	Résonnent aux palpes des algues
	Corps balancé des vagues
 
	Vers le plus
			
			L
				o
					i
						n  vivant au fond du vent
	
	Palmes éoliennes 
					viennent
	En vol coulé à la source des chants brillants
	
	Oreille en fleur des profondeurs
	Papillons de décompression
	Visages en haut du fond 
 
	Coeur en
					v
				r
					i
				l
					 l    
				  e     	aérienne
									   trempé dans la vie nagicienne
 
				 ^^^13-02-99^^^ 
									  
	
		 
						
 
 
 
 
 
-- Crayons de soleil -- 
        
   
    Soleil coquille 
        Fleur flambée dans l'eau verte
        Corps trempé du sillage
 
        Tant de vagues dans l'air
        L'eau allume la lumière
        
        Encre flotille
        Clin d'oeil des plages
        Scintille au regard paysage
 
        Tant de flammes dans la terre
        Aux racines des éclairs
 
        Nacre torpille
        Ovale irisé fluide
        Lancer d'aubes dans la nuit de vivre
 
        Tant d'arbres dans l'eau
        Nagent les nervures du beau
        
        Chanson pupille
        Les portes font la ronde
        Enfants posés sur chaque poignée du monde
 
        Tant de vie dans la nuit
        Les coeurs sont d'étranges fruits
 
        Paume vanille 
        Simple geste en parfum
        Pour souffler la vie
 
                        13-02-99
 
 
 
 " entrez mais fermez les yeux, je suis pas visible "
(Albert Cohen)
 
                                -- Ma nuit--
 
        La nuit en moi, la danseuse lancée dans ma tête quand je veux couvrir
mes yeux et dormir le monde.
        Ma nuit chuchoteuse de cris.
        
        Tout autour, l'autre nuit, celle du ciel, visible noir. 
        J'habite la plus grande des deux. 
        Entre elles, rien que moi, fin rempart de peau qu'une aurore
d'imprudence suffirait à déchirer. 
        
        Ma nuit est lumière couchée, silhouette de lune trempée. Son appel est
peinture d'or, gestes d'images allumées. Son coeur est vitrail de
plumes, sa voix souffle d'églantine.
        Rien ne brille comme ma nuit. Rien ne rit comme ses chats luisants qui
tournent dans mes yeux fermés. 
        Ma nuit aux larmes de chaleur.
        Rien ne vous connaît autant qu'elle. 
         
        Ma nuit est amour. 
 
                13-02-99

 
-- L'année du chat-- 
        
        Ta pluie égarée
        Cadeau d'une montagne d'eau
        Ton visage-souffle
        Résonne sous un masque de vent
 
        Fièvre plurielle
        Rage des lumières aux soubresauts des pas
        Les lignes entrelacées
        À l'arrière-boutique du soleil
         
        Nuit tendue sur un ravin solaire 
        Sable vénitien
        Le désert       
        Parle avec les mains
 
         
                12 février 99
 

 
 -- Soliflore --
        
        Ils ont attendu le creux de la nuit. Maintenant, les enfants traversent
les murs et viennent sur la falaise, jouer autour du phare de Soliflore.
        Chacun d'eux veut être le plus au bord, le plus près du saut. 
        À leur approche, la lumière s'incurve en sourire. Ils viennent la
faire vivre. À chaque fois qu'ils sont là, il éclaire un peu plus loin. 
        
        Silencieux, ils jouent sans crier, pour éviter que le village les voie
voler dans le faisceau. 
        Ils laissent juste tremper leur pupilles un instant dans la lumière,
pour que les vieux inventent des légendes de soleils noirs tournant au
desus du phare. Soliflore en rajoute même un peu pour leur faire
plaisir, exagère leurs silhouettes, les fait brûler plus longtemps. 
        Et les enfants courent autour de lui, se font ruée de soleil, jouent à
se découper en ombres terribles dans ses rayons, à se grandir en flammes
d'anges. 
 
         Le phare est la clé du grand jouet à vivre, le mât mortel d'un éclat
seul, le début de la vie nombreuse. .
 
        Les enfants inventent des jeux. À chaque fois que la lumière de
Soliflore les quitte en tournant, ils sont morts. Mais quand la lumière
revient sur eux, ils peuvent jouer à vivre, et prendre la forme qu'il
veulent. 
        Certains veulent être une grande vague qui fait délicieusement peur, un
fouet de sel, un tourbillon d'eau sauvage . D'autres veulent être une
main douce dans les vagues, un grand geste à découvrir des nouveaux
mondes, une paume ascendante. 
        
        Un vent piquant arrive du village, les lignes de l'air se resserrent en
petites courbes. C'est le souffle des mères inquiètes, la caresse de
leurs bras qui cherche  à entourer la nouvelle forme de leur enfants. 
        Alors, ils envoient des messages doux caresser les mères. "Nous sommes
bien là,tout  près de vous. Mais nous devons jouer ici toute la nuit
pour le soleil revienne demain. Et quand nous repartirons, la lumière de
Soliflore aura encore fait un pas. Et un jour, elle sera devenue un pont
immense. Alors, nous marcherons sur ce pont, longtemps au dessus de
l'eau et quand ,nous reviendrons nous vous ramènerons des nouvelles
couleurs, vous offrirons les chants que nous aurons inventés en vrai".
 
        Finalement, ils décident tous d'être des flammes sur l'eau et de partir
en flotille ronde, couronne de bougies rieuses sur le visage de la mer. 
        Le temps d'une nuit plus longue que cent vies, ils parcourent l'océan,
repoussent doucement ses bords, pour que le prochain voyage soit plus
long encore, pour que leurs flammes reviennent de plus loin. Ainsi, la
prochaine fois qu'ils reviendront tourner autour de Soliflore, ils
joueront encore mieux. Ils savent qu'une nuit, ils auront tant joué,
tant construit la lumière qu'il y aura une aurore inoubliable, un cadeau
de lumière. 
        
        Fleur patiente, le phare de Soliflore sourit aux enfants. 
        Un jour, lui aussi rêvera pour eux et jouera à vivre. 
 
                                11-02-99
 
 
 
 
 
 
   -- Carnet rose --
 
        Eaux de tiroir
        Je suis une carte d'État-Major
        Posée sur la place d'un village
 
        Échelle des fontaines
        Des naissances en bataillon
        Viennent lêcher les seuils
        
        Profondeur animée
        Ici les poings s'ouvrent la nuit
        Fleurs à donner la main
 
        La substance de la terre tend vers la lumière
        Les hommes s'en réjouissent
        Et brillent
        
        Bruit des volets ouverts tous en même temps
        Comme dans un ballet
 
                08-02-99
 
	
 
 
 
   -- Instants à nés --
 
        Sur cette photo là
        Tu es assise
        Partie du contour d'un cercle vivant
        Les enfants autour sont les ailes qui t'inventent
         
        Sur l'herbe ils échangent
        Des jeux d'oiseaux avec leurs mains
        Et tu souris
 
        Moi, cercle voisin, 
        Juste à gauche de la photo
        Je te regarde entre les brins d'herbe
        Tu ressembles étrangement à toi-même
 
         Cercle debout
         Les enfants se lèvent avec nous
         Quelques jours avant l'été 
         Déjà le soleil est entier
 
                08-02-99
 
         
 
			
- Large heure d'esprit --
 
 
Le secoué des gestes enfantés
Quelques cheveux à respirer
La vie leur va si bien
 
Danse droite
Je cours en riant
 
Enterré dans le plafond
Un lustre de charbon à mon effigie
Fable de son existence
 
Hochement du corps
Aux dialectes de la lune
 
La paume de mon visage
Verse les ancètres sur l'autel
Fierté de savoir croire
 
Large heure d'esprit
J'aime ce chemin
 
             08-02-99
 
"Bonjour la flamme. 
Tu ne me brûles pas. 
Tu me transportes."
        - Robert Desnos
 
                                        -- Flamours --
 
        Saison des flamours.
        Ils aiment passer au ras de l'eau, la soulever pour lui apprendre à
voler.   
                
        Ils viennent sur nous, les arbres songeurs, toujours en train de nous
replanter de travers. 
        Eux, ils sont vivants dans toutes les directions. Semés dans l'air, ils
sont les fleurs lancées par le soleil. 
 
        Ils viennent soulever l'eau, doucement, pour boire à son esprit. 
        
        Le bruit de leurs ailes ressemble au chuchotement de nos feuilles. 
        Mais leur chemin violent défait le flou de nos reflets dans l'eau,
perce nos ombres de fenêtres en pente. 
        Ne reste plus que nous, signature de leur chant. 
        Les ailes des flamours nous regardent, viennent palper le revers de nos
pluies, nous vider de tout ce qui rouille sans éclat. 
        
        Les flamours ressemblent à des roses en vol libre.
        Leurs ailes nous sculptent avec nos propres mains. 
        
        Régulièrement ils nous promettent que nous saurons aussi arracher nos
cendres, repeindre le soleil, et même dérouler tous les chats endormis
en boule, les mettre bout à bout, pour qu'une seule main immense puisse
leur faire une seule longue caresse.  
        
        Avec leurs becs, ils tapent sur nos bois et cela fait le bruit exact du
battement d'un coeur. 
 
                                04-02-99
 
 

 
 
-- Manège tournesol --
 
 
        Détours de manège
        Rubans de cris
        Du vent pour entendre
        Ce sont les oreilles qui parlent
 
        Soleil au bout d'un fil
        Tourne à la vitesse des mots
        Une main debout contre le vent
        Coeur juste un peu trop haut 
        
        Chevaux de moi
        Rassemblés en sauts
        Pour bond dire
        À l'envers du contraire 
 
                03-01-99
 

 
-- Lune Rouge --
 
 
        Clair de sorcière
        Texture de la fumée
        Ondule en bouquet de nuit 
        
        Lune Rouge va au bal
        Elle presse des herbes sur sa peau
        Envoie les loups mordre la lumière
        Sauter dans la face cachée du feu
 
        Cheveux déroulés
        Parfum d'un escalier
        Fils tendus entre les arbres   
        Cou de sirène sous chignon de flammes 
         
        Lune Rouge se fait belle
        Sous un soleil-garou
 
                03-02-99
 

-- Neige d'été --
 	
	Trait à trait
	La vie descend du vent
	Ses couleurs ouvrent les yeux
 
	Fleur sans fond  
	Un mouvement tiède
	Perce les éclats des cris
	
	Neige d'été
	Danse respirante
	Souffle à porter le soleil
 
		03-02-99
 
 
 
 
 
-- Tes yeux dans l'eau --
 
        Les mains dans l'eau
        Chaleur du geste 
        Cercles venus du fond
        Deux rames en aile de papillon
        
        Souffles trempés
        La rivière n'a pas de bord
        Nage d'un chemin à lire 
        Un sourire en forme de barque
        
        De la courbe d'un cil
        Plonge un geste qui regarde
        Paupières d'un courant chaud 
        Mes cercles sont tes yeux dans l'eau
        
                3-02-99
 
 
 

-- Hypodermique --
 
 
        Sous sa peau noircissent des flammes.
        
        Tombe une aiguille de vent, un mot qui ne touche pas terre, une onde
granuleuse qui remonte au coeur, 
 
        Alignés, des lits de bois avancent dans sa nuit. Nuls dormeurs dans ces
draps, nuls rêves posés sur ces oreillers, juste des formes imprécises,
décor enchevêtré d'un grondement venu de lui-même. Il s'agite dans tous
ces lits à la fois, fait grincer jusqu'au souvenir des arbres dont ils
sont nés. 
        
        Sa vie, sa vie parcourue de rumeurs. Sous sa peau roulent des traînées
d'air fou. Qu'un seul souffle effleure son sang et il ne sera plus de ce
monde. 
        Il ne fait pas d'ombre quand il brûle. 
 
        Derrière la vitre, crépite son chant hypodermique. 
        
        Sous sa peau résonnent des chambres chaudes. 
 
                2-02-99
 
 
 
 
 
-- Petits Pollens --
 
                 Plume au creux d'un poing
                 Dans le vent
                 Une main
 
                Sur la dernière pierre de la première maison
                L'ombre d'un chat
                Regarde les oiseaux dans le miroir
                 
                Petits pollens
                Jusqu'au dernier saut
                Nuits à la lueur d'un chat noir
 
                L'insupportable douceur
                Ouvre
                À l'heure exacte
                Une chatière vers la lumière
 
                Source en graines
                Fusée de souffle
                Ruée blanche en ciel piquant
 
                Savez vous
                Lancer des fleurs
                Qui retombent sur leurs pattes ?
                
                Petits pollens 
                La vie pépie
                
 
                        1er février 99
 
 

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