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-- Eau de soleil--
 
 
          "I'm a foutain of blood
          in the shape of a bird"
          -- Björk
 
         
En haut de la corde, s'écartent les lèvres de la lumière.
Il faut monter. 
 
Visage contre visage, nous inclinons la ligne d'eau, la corde déja enroulée 
autour de nos jambes.
Ma tête penchée te lit la mer en italique, verse un peu d'horizon 
dans tes yeux. Doucement, 
sans quitter la corde, je mords le ciel, tire sur ses rubans, défais
 son emballage, fais glisser sa robe. 
Je sais que tu fais de même de l'autre côté du monde, tout contre moi. 
 
Ciel rouge juste au milieu de nos deux visages droits,
 nos corps jouent à nous. 
 nous tissent avec la corde, s'amusent à coudre le ciel à la mer, 
s'essoufflent avec 
des rêves de montées 
vertigineuses, de traces de feu dans nos mains. 
Tes épaules prononcent les miennes. 
 
Pendant que nos corps s'apprennent, la mer devient belle 
de nous attendre, 
se gonfle, écoute la
corde appeler nos gestes. 
Sexe mouvant, une vague respire dans l'axe du soleil. 
 
"Maintenant", dit l'eau
"Maintenant", répond la lumière
 
 
Il faut partir exactement en même temps, défaire nos visages, 
les enrouler autour des noeuds de 
la corde. Très vite, nous grimpons, souffle à souffle, couvons un instant 
nos visages entre nos jambes, 
puis les dépassons, les laissons éclore seuls à portée des vagues. 
 
Un peu plus bas, nos visages nous rassurent : 
"Nous faisons confiance aux vagues, elles sauront nous transporter
 de crète en crète. Allez y
 sans nous. " 
 Il faut monter. 
 
 Nos corps s'écoulent par nos ventres, leurs limites tremblent jusqu'au 
début du soleil. Lorsqu'ils 
sont sur le point de se casser d'amour, l'eau et la lumière 
nous prennent dans leurs 
bras et nous recousent doucement. Puis nous lancent vers le ciel 
pendant que la corde ne regarde pas.
 
Quatre mains se rattrappent à la corde, se trouvent, se serrent, 
s'embrassent, se mordent.
Brûlure bleue. Sang du ciel, un peu d'ombre sur le bord du soleil. 
Je gravis ta peau nue. Tu descends la mienne. Nous nous croisons 
sur les noeuds de la corde. 
 
Nos mouvements tirent, poussent, puisent un peu du feu des nuages 
et le ramènent sur la ligne 
au mileu de nos langues.
Nos gestes rient. Plus de mots. Pour nous parler, il nous reste les 
visages de nos corps. 
 
Pousser, tirer. J'avance en toi. Millimètre par millimètre, nos bras nous lèvent. 
À travers la
corde, nous nous regardons. Les mains de nos hanches se serrent. Nos gestes 
s'envoient des signes 
verticaux, des sillons mouillés de brûlures. Moi en toi, toi autour de moi. 
La corde entre nos peaux, 
nous rions à l'envers des oiseaux. 
 
Si le ciel est trop chaud, nous le noierons. 
 
Maintenant, Nous sommes la lumière en sueur. La corde nous dénude, 
ne laisse que nos chairs rouges,
 nos fleurs carnivores, les étincelles de nos langues mélées. 
Bientôt peut-être, il faudra nous retenir fort l'un à l'autre 
pour ne pas monter trop vite. 
 
Tu lis tout haut le halètement des oiseaux. J'inscris dans ma peau tous les 
noeuds du vertige. 
Je ne sais plus où je finis et où tu commences. 
 
Deux corps liés marchent vers le ciel, sur une route de ficelle.
 
           
 
 
-- Horizontelle -- 
 
 
(petit conte à sourire debout) 
 
 
Célibataire endouci, j'épousais la forêt tous les samedis. 
Je marchais dans le ciel blanc de mon ombre. 
Mon ombre était une longue lettre blanche se déroulant
derrière moi. 
Phrase par pas, j'écrivais tout haut : 
 
"Mon iris mouvant, 
Je te liègerai en mains flottantes 
Je t'étincellerai en zéphir de rougeurs 
Je t'angerai en plumes de lèvres 
Je te visagerai en lune d'amour" 
 
- Tchip ? 
 
Non pas "tchip", je n'écrivais pas "tchip", ça j'en étais sûr. Je
marquai un chant d'arrêt, puis repris la lettre à mon ombre : 
 
"Je te brillerai en lianes ouvertes 
Je t'ondulerai en coulées de soie 
Je t'envaserai en robe de graines 
Je t'espacerai en étang de perles" 
 
- Prrrilouiit plit ! 
 
La voix venait de vers la mousse, ou de sous les feuilles. Je
regardai attentivement sans rien trouver, puis poursuivis : 
 
"Je t'offranderai en noueuse de tempêtes 
Tu m'essaimeras en franges de gestes 
Je te lèvrerai en orbes de velours 
Tu m'écarquilleras en nuées de poivre 
Je te feuillerai en lancers de rivière 
Tu m'égliseras en profondeurs de miel" 
 
Cette fois, le silence m'interrompit. Un silence doux comme
une très fine couche de givre tiède autour d'une fleur de
cerisier. Et un regard que je ne voyais pas. 
Je cherchai encore un peu et je la vis enfin : orange et bleue,
une oiselle posée sur la mousse me regardait. 
Elle ressemblait à une longue goutte fine pourvues d'ailes. 
 
- Tchip tchip fli-fluiiit ! Tu ne m'as pas vue, parce que pour
trouver les oiseaux, tu lèves toujours la tête. Mais moi,
j'étais en bas, au bout de tes pieds, de l'autre côté de ton
ombre. Je vois que tu écris tout haut une lettre sur ton
ombre. Tu l'aimes ? 
 
Je haussai les épaules. Quelle drôle de question. 
- C'est mieux que d'en avoir peur, pas vrai ? 
Elle sauta sur ses pattes fines, et me considéra très
attentivement. 
- Rrrouiiit ! C'est bien répondu ! Au fait je me présente, je
suis une horizontelle. Tu sais ce que c'est ? 
 
Mon ombre en point d'interrogation, je tentai des réponse : 
- Une oiselle-échelle pour monter en avant ? Une escalière
pour sablier couché ? Une paire d'ailes pour voyager en
dormant ? 
L'horizontelle secoua la tête : 
- Non ! Si tu ne devines pas, tu devras aller me chercher des
graines, mais attention, pas n'importe lesquelles, pas celles
des magasins. Je veux que tu m'apportes des graines
d'Ouvre-Cage... 
 
Je regardai autour de moi, le plus loin possible, cherchai à
deviner des barreaux, sans en trouver. 
- Mais je ne vois pas de cage, le monde est ouvert, libre,
vaste, interminable ! Il se continue plus loin plus loin que tu ne
pourras jamais voler ! 
 
L'horizontelle leva les ailes aux ciel 
- Lirouiiiit tchip ! D'accord, d'accord, mais mieux vaut prévenir
que guérir ! 
Je hochai la tête 
- Bon bon, j'irai, mais alors tu me dis ce qu'est une
horizontelle. 
 
Et l'oiselle orange et bleue pépia : 
- Une horizontelle, c'est la femme d'un horizon. 
 
Je partis en suivant la direction de son bec. 
 
31-05-2000 		
 
 
		-- Prestidigitale -- 
 
 
Permission d'orage 
Les ombres transpirent 
Je nous dessine le long d'une feuille d'eucalyptus 
 
Profil d'ange 
L'oubli déguisé en visage 
Dort au creux de l'arbre à danger 
 
Face à face 
Quelques images lancées en défi 
L'intérieur de la courbe d'un sein 
Un dessous d'aile de mésange 
Une perle ancrée à ma main 
 
Une sorte d'avenir 
Gonfle les draps éraflés 
 
Prestidigitale 
Si la mort vient aux nouvelles 
Mets là dans un chapeau 
Réponds lui "demain" 
 
Nervures des doigts nus 
Larmes en tenue de guerre 
Sagaie de souffle 
J'épointe les petites mares à mourir 
 
Lunes croisées 
Dans nos reflets se dédouble un rêve 
 
29-05-2000
 
 
 -- La seconde sous la mer -- 
 
Je nage à la recherche d'une seconde sous la 
mer, une seule. Il me manque juste cette 
seconde pour être toute la vie à la fois. 
 
Phrasé de visage, un éventail de lèvres de mer 
agite un courant à faire respirer les étoffes 
étouffées. Peut-être la seconde se trouve t-elle 
par là ? Je cueille le visage avec mes cils et plie 
ma peau en lave salée, en recouvre les feuilles 
des poissons-sève, prend des notes sur la 
façon de naître en plusieurs fois. 
 
J'en profite pour imaginer ce qui se passera 
avant : 
  
Rassemblées en touffes, des lunes brisées 
biaisaient la lumière, l'éclataient en arêtes de 
pollens. Peuple en crue, elles avaient de 
nombreuses bouches à mourir, de nombreux 
reflets à planter dans mes mains. J'étais ce 
miroir bulbeux, cette fièvre à facettes, ce 
coffre à hantises. 
 
Pour la suite, il faut remonter plus loin, vers 
bientôt, dans le sens des anguilles d'une montre 
: 
  
Les lunes s'agrègeront en grappes, poseront 
des masques de soleil sur leurs cratères et 
chanteront des marées verticales, des 
foisonnements de paumes, des horizons 
flambants neufs. 
  
Tout ça ne me rend pas ma seconde perdue. Si 
je l'attrape, je pourrai nager à tous les temps 
sans jamais me tromper. 
 
Courant chaud, je glisse au dessous des 
coques, grave les gouvernails à saccages de 
mon adresse dans le temps. Quand je 
reviendrai, je me retrouverai facilement. 
Mais si je sais la date de ma naissance et celle 
de ma mort, je ne me souviens jamais de celle 
du milieu. Il manque juste cette seconde noyée, 
je ne sais pas où je l'ai brûlée. Sans ce petit 
bout de moi, je m'échappe de maintenant. 
  
L'ennui avec les calendriers, c'est qu'ils ne 
tiennent pas sous l'eau. Leur feuilles se collent 
entre elles, et les jours fondent les uns dans 
les autres. J'ai peur de naître un peu mélangé. 
Je demanderai à un tourbillon de me rassembler. 
 
Je cherche le soleil dans l'eau.   
Ma peau s'arrache en longs rouleaux où des 
poissons-plume écrivent, leurs nageoires 
trempées dans le bois mouillé. 
J'aime l'écriture du bois, les mots poussent 
pendant des siècles. Pendant qu' ils brûlent, ils 
continuent à grandir. Eux doivent savoir tous 
leurs temps par coeur, ne jamais se perdre, ne 
jamais avoir froid. Ils n'ont pas besoin 
d'attendre. Mais moi, je sais nager partout à la 
fois, et me donner rendez vous partout en 
même temps. Sauf à cette fameuse seconde, la 
mienne. Je ne sais plus où elle finit et où je 
commence. 
 
Pour ma peau, ce n'est pas grave, en dessous, 
j'en ai une meilleure, je l'ai découpée dans du 
bois clair, elle sait marcher toute seule, je n'ai 
même pas besoin de vivre pour qu'elle s'anime. 
  
La main d'une vague rassemble mes souffles, 
les lie en phrases. Et je vous parle de tout en 
bas de vous. Mais il me manque toujours ce 
tout petit bout. 
  
Est ce qu'elle était belle, au moins, cette 
seconde ? Et si c'était une seconde où je 
m'oubliais ? Mais je sais bien, il me la faut 
absolument pour vivre. Et si c'était la seconde 
la plus importante justement, celle 
autour de laquelle toutes mes vies sont 
enroulées ? Ça expliquerait toute cette 
confusion. 
Et puis, je vais finir par couler, si je me pose 
trop de questions. 
 
Tout passe à toute vitesse, Une ligne d'écume 
est mon ventre à ne pas mourir. Ma vie défile 
en circuits de tempêtes. Et en plus, 
je mets de l'eau douce dans l'eau de mer. Je 
vais finir par dérègler le monde. 
 
Les nuits de nage épaisse, pendant les lunes 
d'eau noire, des conversations aigües forent 
des galeries dans ma tête. Cela fait le son d'un 
pinceau qui dessinerait une fleur. Les réponses 
précèdent toujours les questions. Le jour levé, 
je viens visiter les galeries, accrocher des 
lampes au bout de la langue des abysses et 
piloter ces couloirs de flammes. 
Je flambe en éclaboussures de gestes. 
 
La ligne des vagues avance, scie la mort, longue 
barre au chant doux. 
 
À part une petite seconde, je suis l'éternité la 
plus rapide du monde. 
  
12-9-99/22-5-2000 
 
 
 
		- Équinoce - 
 
L'iris du sable 
Construit mon chateau de peau 
 
Pierre caline 
La lune de midi 
Nacre la neige brûlée 
La poudre d'ailes tigrées 
Brille en infra-vie 
 
Je rêve d'une femme 
Ile tournante 
Forge de pluie 
 
Sur les lèvres de ma paume 
L'or rougi d'un cri mouillé 
 
Buveuse 
La langue verte du soleil 
Sexe des pupilles 
Lèche l'allongé des vies 
 
Des feuilles poussent à même l'eau 
 
23-5-2000

 
 
"Etre en enfer c'est être chassé par soi-même de sa propre
parole 
: c'est l'envers, l'inversion où "le soleil se tait", le lieu de la
réaction et de la confusion des langages, des
métamorphoses, de la non-communication, de l'illusion
d'identité." 
--- P. Sollers 
 
 
-- Femmes de la lune creuse -- 
 
Les nuits de lune creuse, elle est la toute première femme du
monde. 
Ses gestes se souviennent. Corde à agiter les bras et les
jambes, sa langue délie les orées. La pluie tiède écarte ses
lèvres. 
 
Mémoires en robe noire, charbons mouillés en file indienne,
ses soeurs portent les cruches de soleil. Peuple de paumes
gouttantes, elles nourrissent la vie dans leurs mains. Couloirs
d'antres résonantes, elles viennent glisser au bord du puits,
se coucher en longues mares et se laissent couler longtemps.
 
Conversation de lave, elles viennent brûler le linge à sa porte.
 
 
Elles se passent la vie de nuit en nuit jusqu'à elle. La vie
gluante, balancement tactile en brûlure d'eau rougie. La vie
giclée en gesticulation crue. 
Miel en feu, couchée en courbe de collier de chair, elle respire
le rituel du souffle éternel. 
 
Sentinelles, les femmes de proue pétrissent l'eau, deux bras
en coeur 
autour de la lune. Frottées contre la nuit, elles font flamber sa
 
peau, flottent un peu en elle, et se font cercles à joindre les
bords de l'humide. Les suivantes viennent au centre, et tout
recommence. 
 
Cette nuit, elle est la toute première d'entre elles. 
 
Texture palpitée en pulpe d'offrande, la femme de proue
ferme les yeux un 
instant, rêve d'un monde où elle marcherait, légère du peuple
des autres pesant sur ses épaules. Elle se souvient déjà du
temps où elle pourra devenir craquelure sauvage, course de
vent sec, vide de troncs tordus, veuve de son sang lourd. 
 
Marelle clapotante, elle s'ouvre encore, pour cette fois. 
Les nuits de lune creuse, les femmes font rivière. 
Les nuits de lune creuse, elles viennent toutes la tenir,
sanglent l'oiseau de feu et versent du sel dans son ventre
pour que le sommeil la torde. 
 
 
14-02-99/20-05-2000 
 
	-- Vie sur la mer -- 
 
Marée haute 
Je presse mon visage contre un oreiller d'algues 
 
Une libellule sur l'embarcadère 
Regarde vers le continent 
 
J'ouvre la fenêtre 
Jette l'enveloppe de verre 
Je veux savoir 
Quelle lettre m'a envoyé le ciel 
Ce matin 
 
La lumière s'habille 
Je chante à contre-femme 
Réponds au ciel 
Par quelques empreintes de doigts sur la mer 
 
Petite barque 
Sous sa paupière de toile 
le naufrage dort encore 
 
La libellule se pose 
Sur le parfum d'un lilas 
 
Feu salé 
Le soleil se lèvre 
 
19-05-2000
 
	
 Le coeur de ceux que nous aimons est notre véritable demeure
Christian Bobin
 
		- Chez elle --
 
Tranquillement, j'écoute mes yeux se fermer.
J'aimerais que mes cils jouent chacun une note différente, elle m'entendrait
peut-être, chez elle. Elle me reconnaîtrait, elle se dirait "c'est
lui", tout simplement. Du moins, elle dirait des milliers de
mots, et entre leurs contours, on pourrait voir "c'est
lui". 
 
Le matin, elle déploie ses plumes, et réveille sa
maison de couleurs. D'abord, elle ouvre les violets,
puis pose les verts sur la table, allume les rougies,
Fait cuire quelques bleus à la coque, pour mettre des
plumes sur le ciel des bateaux. 
 
Un jour où le soleil s'est levé de travers, quelque
chose s'est décalé à l'envers. Depuis, chez elle, c'est partout là où je ne
suis pas. Elle a dressé la carte du non-moi.  Mais les
sons passent quand même, parfois. Il doit y avoir des
canalisations secrètes dans les murs, des catapultes à
battements de coeur. Je me mets à battre des cils plus vite, plus
fort, pour qu'elle m'entende dormir. Elle aime quand je ne suis presque
pas, elle se sent chez elle. 
 
Je suis dans la pièce à vérité, une pièce où on a peur
de marcher longtemps. Là, les mensonges rebondissent
sur les murs, et reviennent en échos véridiques. C'est
là qu'il y a mon portrait, imaginé de mémoire, tracé
d'oubli. 
 
Avec ses lettres, je me suis fait un lit. Bordé de
syllabes, je dors en escalade. Dommage que les encres
soient sèches, il y aurait ses mots sur mon visage.
Lorsque je sourirais, ses mots bougeraient,
s'élèveraient. Et lorsque je parlerais aussi. Mes mots
parleraient avec ses lèvres.  Sur mes joues, il y
aurait son adresse. Chez elle. Là où lui écrire que je
suis parti de chez moi, là où la prévenir que je dors
au milieu d'elle. Hier soir, les lèvres du papier sont
 
 
 
venues chanter. J'ai reconnu l'air dans mon plexus
solitaire. Elles m'ont embrassées en plein vol. 
 
Elle ne m'a pas encore rencontré, mais moi oui, ça
fait longtemps. 
À quelques mètres au dessus de la Seine. Si j'étais
resté de l'autre côté du pont, ce matin là, la face du
monde m'aurait regardé de dos.  C'était un de ces
matins où on a les yeux très grands ouverts, un de ces
matins où on a le monde à ses pieds. Elle avait une
robe blanche et rose à carreaux. Une fleur, un flocon,
un flocon, une fleur. Dedans, il y avait ses mouvements,
si beaux qu'ils n'ont pas de nom connu. Toute l'année, ses seins
migraient vers le soleil
Ensuite... ensuite que s'est il passé ? Je ne sais
plus, j'ai pleuré du champagne, je crois. Et ri quelques oiseaux de
paradis. 
 
Il faut le lui demander, même si c'est moi qui parle,
c'est elle qui sait inventer par où elle est passée pour arriver
jusqu'à chez elle. 
Je sais qu'elle a marché longtemps. Je le sens dans
mes jambes.  
 
Je vois son visage au dessus du mien. Elle se penche,
va me dire quelque chose, se ravise. Je m'endors un peu, maintenant.
C'est drôle, je reconnais les meubles, les étagères. Il y a des livres
étalés, et des papiers qui parlent accrochés partout. Puis elle
s'assied, pensive, regarde le soleil se lever. Il va
faire jour bientôt. 
 
La nuit reste dans mon corps, mon souffle reste
dehors. Partout, c'est chez moi, sauf là. Sur ma peau
noire d'être close, là où je me suis cogné, se forment
des étoiles. La nuit s'y repère. 
Je regarde son visage. Son visage, c'est chez elle. 
Elle habite entre ses stores. Fait varier sa lumière
en réglant son corps. S'incendie, se nébule, se nacre,
 se parfume d'éclairs. 
 
Et moi, je suis allongé partout sauf là, alors elle
vient me border de sa lisière. Prépare la nuit d"hier.
Avec ses doigts qui savent tout, elle joue la musique
 
 
 
de mes cils en me regardant, sans me réveiller, sans
que je m'en apercoive. Elle est  très forte pour ça. Ainsi, je peux rêver que je ne
suis pas là. 
 
 
Le soleil se lève. Tranquillement, elle attrape les
premiers rayons, assemble quelques couleurs encore
lourdes de sommeil. J'ouvre mes yeux, vite, pour
rattraper mon retard sur le soleil. Mes paupières ont
dû faire un peu de bruit en s'ouvrant. 
Elle s'approche, se retourne, cueille doucement un
cil, comme si elle voulait m'écrire une lettre en
regardant à travers mes yeux. 
 
Avec mon cil, elle écrit mon adresse sur ma joue.
Puis, elle me donne des nouvelles d'ici, de chez elle.
 
 
4-12-99/13-05-2000
 
À toi, fleur à qui je viens d'offrir des fleurs et mon coeur bleu corail
À Liette, petit diamant à ailettes
 
 
	-- Coraline --
 
Coraline câline les eaux
Les courants du corps des coraux
Ensoleille les gouttes qu'elle nage
Se souvient de là-haut, la plage
Pression douce
Derrière elle, l'océan mousse
 
Avec sa force d'enfant
Elle pousse la terre, la vie devant
 
Coraline plonge
Salamandre à la peau d'éponge
Boit l'envers du bateau   soleil dans l'eau
Sa robe corail révèle
La carte du fond du ciel
Les plis trempés des étincelles
 
Avec sa force d'enfant
Irrigue la mer, mord les rubans
 
Elle nage, fraîche dans l'océan chaud
La vie, les vagues, dos à dos
Elle nage, assise
Le feu d'écume, la mer promise
Appelle les oiseaux par leur nom d'entre deux airs
Ils viennent noyer les nuages, cendrer la lumière
 
Avec sa force d'enfant
Fait voler les étoiles de mer en avant
 
Coraline, gestes de miel chaud
Le bleu mouvant sur sa peau
Tatouée de ciel
Au ventre tiède des dauphins sans selle
Arrive au fond du voyage
Tout en bas elle pose son visage
 
 
Avec sa force d'enfant
Nomme les oubliés, les brûlés, les déserts blancs  
 
 
Elle parle aux paupières fermées
Aux eaux jamais allumées
Aux morts fluides 
Les mains noyées, les corps vides
Coraline les berce
De sa poche, elle se verse
 
Avec sa force d'enfant
Pour eux, elle retournerait le temps
 
"Je sais un monde d'herbe et de neige
D'enfants les mains tendues sur les manèges
Le ciel ne pèsera plus sur vos corps
Remontez avec moi, je suis la vie dehors"
Elle fait tourner sa robe corail
Pour qu'ils renaissent, papillons de vitrail
 
Avec sa force d'enfant
Les élève jusqu'à la surface du sang
 
Alors, du haut de la plus haute vague
-Sa robe corail brille comme un baiser de bague-
Elle prend son élan , plonge dans l'air
Fait ses adieux à l'enfer
Nage dans le feu du ciel
Monte jusqu'au fond du soleil
 
De sa poche couleur corail
Tombe un papier, un détail
 
Avec sa force d'enfant
Elle a écrit "Tout est vivant"
 
8-12 mai 2000
 
 
 
-- Mon Ensoleille, --
 
 
Je t'écris depuis l'aurore de samedi.
Je t'écris du dedans d'une perle, d'une lampée de rosée bue sur la
langue du sable. 
Mes lèvres te regardent. Alphabet de nacre, ton souffle est un collier
tiède, une arche en lèvres de sable et d'eau mêlées. 
Nos chants ont vue sur la mer. 
 
Par ta fenêtre verte, je fais naître le premier matin du monde, la marée
des jardins, le roulé des joies vétues d'algues.  
Par ma fenêtre bleue, tu fais parler la seconde sous la mer, fais ruer
les bateaux au bout des branches, trace les caresses à lire le langage
des vagues. 
 
Sur ton cou, la trace coquelicot d'un triskell à même la peau. Sa
spirale se déploie, son cercle s'ouvre et dessine la carte du fond du
ciel. 
Mes pétales te chantent.
 
Tu es cette falaise qui montre de ma poitrine, cette craie verte à
neiger des feuilles trempées sur ma peau d'eau salée.
 
Ici, les bateaux vont du bas vers le haut, remontent de l'ailleurs, et
émergent en toi, leur carnet de bord écrit sur leurs pétales. Ou plutôt
sous, il faut les soulever du doigt, doucement pour les lire. 
 
Doucement, mes paumières ouvrent les tiennes
Rose du vivant, l'aube ouvre nos bras. 
L'aurore se pend à ton cou et te demande "pose ton doigt sur l'horizon
et caresse mes couleurs". 
 
Longue et souple, une enfant aux cheveux auburn passe par là, enroulée
dans une vague. Elle vient rendre l'aurore plus dense, pour qu'elle
puisse s'envole encore plus haut.  Effleure ton cou de ses cils en
spirale, les déploie aussi pour voir dans toutes les directions du
chant. Me demande :  " Prête moi ton doigt, je n'ai plus d'empreintes
digitales et je voudrais signer sur la falaise". 
 
Le soleil cherche d'où il vient, puis te trouve. Son rayon vert vient
chercher le rayon de miel dans l'âme de ton ventre. 
Mes ailes t'écrivent
Maintenant, c'est au tour de l'horizon de se dérouler. Il ressemble à
une trompe de papillon en amour, s'ouvre, s'ouvre, épouse les contours
de la falaise, son toucher de vanesse laisse des ocres en paillettes au
creux de ton cou. 
Maintenant, les cercles s'animent sur ton cou.
 
Mes roues te dansent
L'herbe océane écume un peu sous la langue. J'aime goûter ses brins
salés. Et lorsque je siffle à travers, cela ressemble au cri de la
lumière d'un phare.
 
Sous les ailes des oiseaux de mer,  l'horizon se lève, se courbe, sa
ligne de vie prend corps de marée,  et l'océan est un vase-volcan, une
coupe où les pétales du feu neigent loin au creux du soleil. 
 
Maintenant, mon ensoleille, tu es la falaise et tu escalades le corps de
la mer. Tu es le mouvement des bateaux dans le ciel chaud, la vague
verte sous les lèvres du triskell. 
 
 
 "But real lives 
Are why we stay for another dream" 
-- The Cure 
 
--- La lune se lève --- 
 
 
J'aime entrer chez toi au moment exact où la nuit tombe. 
Tu m'ouvres, verses un geste d'accueil dans ma main. Nous
le 
buvons sur le seuil. 
 
Soie outremer. Je connais cette robe, je t'ai vue planter 
cet été les graines de soie dans ton jardin. Elle est de ces 
robes qui restent muettes le jour et s'ouvrent le soir. Les 
plis du tissu me sourient. Toi, tu rajustes doucement ton 
visage et tu rabats les lèvres de la robe sur ta peau. 
Debout juste au centre de la fenêtre, tu es juste un peu 
plus sombre que le soir, Je cherche mes mots, d'autres me 
trouvent. "Tu aimes porter la nuit autour de toi pour mieux 
te révèler". En réponse, tu fais bouger la soie outremer : " 
C'est une robe d'avenir, elle est couleur de tout à l'heure, 
et cette nuit, elle prendra déjà la couleur de l'aurore". 
 
Un arbre. Silhouette sauvage, dense d'attention. On 
croirait qu'il va bondir. Ses fleurs m'intriguent. "Je les 
connais, ce sont mes amies depuis toujours, je suis heureux 
qu'elles poussent chez toi". Les mots sont sortis malgré 
moi. 
 
* 
 
Comme chaque soir, j'explique : "Je suis venu voir tes 
éventails". 
Tu en as beaucoup, ils font collection de moi. Je m'amuse à 
passer la main sur quelques uns d'entre eux pour les 
éveiller.. Tu laisses rire les lèvres de ta robe. Tu fronces 
les sourcils : "Tu ne sais donc pas qu'on peut se couper sur 
le vent ?" 
Pour moi, tu fais voler les éventails tous ensemble dans la 
pièce. Tu dis "j'aimerais tant qu'ils soient vraiment 
vivants". Puis tu réfléchis un moment avant d'ajouter : 
"j'aimerais surtout qu'il en existe un très grand, assez 
grand pour m'emmener..." "T'emmener où ?". "... Dehors. 
Quand il fait beau, je ne peux pas rester à l'intérieur de 
ma robe". 
Tu te tournes face à la fenêtre. Vers l'arbre, très noir. 
"Ne regarde pas. Non !" 
La lune se lève. Je la découvre à travers ton corps. Puis, 
pendant un long moment, je n'arrive plus à détacher mon 
regard de l'arbre et de ses fleurs. Je veux te rassurer "Ce 
n'est rien, je t'aime, au fond de moi je le savais". 
 
* 
 
J'entoure la robe et la soie outremer entoure ta peau. 
Je saisis un éventail, celui avec les fleurs qui sourient. 
Doucement, je l'agite près de tes larmes. Sur ma langue, tu 
fais couler ces mots salés : "je ne voulais pas que tu 
saches. Je veux dire, pas avant l'aurore". 
La lune se lève et commence à nacrer tes seins. Tu oublies 
de serrer complètement le tissu. Autour de toi, les lèvres 
respirent et la soie outremer se déplie. Ta main vole vers 
la fenêtre, montre les fleurs sur l'arbre " Il faut qu'elles 
respirent... elles sont faites de moi, tu comprends ?". 
 
Je bouge un peu mon corps, le déploie. Quelques pas dans la 
pièce. Le souffle de mon geste fait tomber complètement ta 
robe. Avec mes mains, j'écris sur ta peau : "Je suis un 
éventail". 
 
* 
 
Au bout d'une branche, la lune se lève et nous brûle 
doucement l'un en l'autre. 
Sur le sol, les plis outremer commencent déjà à prendre les 
couleurs de l'aurore. 
 
09-04-2000
 
 
 
		-- Le pincement des anges --
  
 
        
        Tu colles des timbres sur les mouettes, des baisers en très nombreuses
petites moitiés. Tu cours vers la mer et tu les éparpilles, au milieu
des cris en désordre, Tu cours les battements d'ailes de ta peau. Tu
cours la chaleur des tuiles sous les pattes des chats qui s'aiment sur
le toit. Ton corps s'élève en corniche, la lumière verse ta peau sur
l'eau, cambre tes couleurs en arche nue et tu pleus sur le sable. 
Les deux chats ne savent plus descendre, la mémoire de leurs mouvements
a oublié où l'un finit et où l'autre commence. 
Sombres et trempées d'amour, leurs pupilles verticales prennent la mer
en elles. 
 
Verte de frissons, l'eau se déhanche. Blanche de vent, elle laisse sa
peau vivante s'éprendre de l'air. Le port respire en liesse. tous les
morts vont à la mer.
 
Sur la serrure du port, le gardien a laissé ce message. 
"Vous allez frapper à la porte de l'eau. Il faut d'abord vous pétrir en
forme de clé" 
Tu ris devant la ligne d'eau. Cela ne te concerne pas. Tu fais
autrement, toi, tu ouvres les clés avec les serrures et non l'inverse.
 
Tu souffles sur la chaleur de l'eau. 
Le soleil écarte les lèvres de ta vie. Son cercle s'incline. Tu sais
marcher penché, c'est toi qui tiens les maisons des ruelles, la nuit,
avec tes épaules. Tu es cette longue rue qui mêne au port, ce ventre
pavé. Tu couves les lames des couteaux et tu tresses des rubans d'or
autour des caniveaux qui rêvent. Chaque Noël, tu accroches des plumes
aux grand sapin qui regarde la mer,  tu veux qu'il s'envole. 
Tu ris ta foudre animée, scande ta langue en prière. En toi, l'aube
salée dresse des opéras de varech, creuse des cercles à danser des
tarentelles d'écume. Sur toi, les effleurements de l'air sentent
l'intérieur de rocher, tu écoutes ses grains de pierre mouillés lêcher
ton oreille. Des enfants se retournent dans les pierres. Ils sont les
ancètres du gardien de l'eau, la source montante de la lumière des
phares. 
Hérissé de mats de bateaux, tu harponnes le ciel. Les mâts sont les
antennes à ériger la mer, les mains levées des rêves. 
 
 
 
"Vous devez questionner trois réponses, avant de passer", reprend le
gardien. Poussés dans l'eau, ses derniers mots rient en bulles au bout
de tes bras. 
 
Tu marches au milieu d'un cimetière de klaxons, renverse la tablée des
claquements clignotants des voiles. Du haut des vigies érectiles, du
sommet des tiges blanches plantées dans l'eau mûre, tu passes tes mains
sur le port, caresse la ville entière dans le sens de la lumière. Tu ne
sais par quel prodige, mais du haut des mâts, tu vois le dessous du
ventre des femmes. Leurs écailles ont des reflets d'étoile. 
Maintenant, tu sais lire l'écriture du vent sur la mer. 
 
Il règne une drôle d'atmosphère maintenant, comme si le monde entier se
souvenait de quelque chose en même temps.   
Le gardien du port passe la tête hors de l'eau et explique "On appelle
cela le pincement des anges".
 
Alors, la nuit tombe sans se casser
 
4-4-2000
 
 
		-- Nagicienne -- 
 
 
         
        J'aime cet endroit. Je le sais par coeur. Je sais quels brins de mer
veulent me tuer et lesquels donneraient leur vie pour moi, je sais lire
les plis de l'eau et les envies des vagues. Je sais écrire d'immenses
messages sur la plage, avec la nacre des coquillages. Je trace des
envies irisées. Pour les lire, il faut ouvrir grand les bras. Ensuite,
grain par grain, je caresse le sable. Je marche longtemps ainsi sur les
mains. Cette nuit, les étoiles pourront se guider sur mes traces. Déjà,
elles disent entre elles "la terre n'est plus qu'à quelques
touchers-lumière". 
 
Une goutte de soleil vient rire dans la mer. 
 
         Suivre les
        C               u               a               t
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faire circuler le chant
 
Dans le sombre de l'eau, un rideau tiré sur la peau, les souffles
ploient. Restent des tombes phosphorescentes, avec des croix
clignotantes, comme celles des phamacies. On y soigne les fractures de
mémoire en les pressant contre des poitrines détachées. On y vend des
leviers de soleil pour les amants tombés au fond des puits, et on offre
en prime toutes les lettres de nos noms. Sur le lisse du grain de la
pierre, on y monte les degrés du froid. 
Des portes parcourent les rayons, se lancent nos rêves à pleines
poignées, payent avec des gommes. "Oubliez la monnaie". 
Je brûle. Qui a passé la lumière au papier de verre ? 
Je sais des vents noirs qui patinent les feux Pourtant, pas plus tard
qu'aujourd'hui, j'ai trouvé un message écrit sur un pétale. "N'oublie
pas le corps des couleurs". 
 
Le soir, dans les rues de la mer, je vais promener la photo d'une femme.
Je l'ai découpée dans la photo d'une vie. 
Dans leur langue, les vagues l'appellent "Nagicienne". 
 
 
 
 
 
Je nage sous sa fenêtre sans lever les yeux. Un exercice d'amour ou de
trapèze, je ne sais plus. Je ne perds pas le chien, mais je ne peux pas
m'empêcher de lui dessiner des écailles. Une sorte d'humour liquide
Lorsqu'elle vient arroser son jardin dans l'escalier, les craquements
des brins d'herbe forment des mots. Elle n'aime pas tous les entendre.
Alors, elle monte les syllabes du jardin quatre à quatre. 
Au coin du courant, je découvre une marelle. La seule marelle au monde
tracée en virage, avec une craie penchée. Il faut sauter en tournant. 
À la craie, en lettres de marée montante, tu as écrit "n'oublie pas
l'âme des couleurs". 
 
Puis la photo plonge et m'entraîne au fond de l'eau
 
Je plonge vers le soleil. 
 Vers le plus
                                                L
                                o
                                        i
                                                n  vivant au fond du
vent
 
Sur la plus profonde pierre de l'eau, j'ai trouvé une lettre de peau,
une femme en équilibre sur le bord de la nuit, enveloppée dans une robe.
Tu l'as faite rose et blanche, faite dans un souffle de roulé d'amour
sur la neige tiède. Je saute dans ses carreaux. Couleurs ciel, terre,
enfer. Sous la robe, j'écris la lettre dans ces trois couleurs. Elle,
elle avance par petits sauts d'oublis. Peut-être parce qu'elle préfère
redécouvrir. Entre elles, les étoiles se réjouissent. "La terre n'est
plus qu'à quelques baisers-lumière"
 
Sur la courbe d'un sein, j'ai trouvé un grain de plage. Alors je marche
sur les mains en caressant sa peau. . 
13-02-99/31-03-2000
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
	-- Les lèvres du jardin  --
 
 
À mes lèvres
une moitié de brin d'herbe
 
Sur ton ventre
une orange tiède
 
Je tape aux carreaux de ta robe
tu ouvres la fenêtre de ta peau
 
Sur ton sein
l'autre moitié du brin
écrite à même la courbe
à même le grain
par les lèvres du jardin
 
Poids des souffles
sur l'herbe nue
goûtée par la langue du soleil
 
29-03-2000
 
 
		-- Étoiles en fleur --
 
 
Rêve de sève
une musique d'effleurements
met l'amour en espace
 
ce soir
une anse habille mon coeur
pour le verser en toi
 
lune tiède posée dans ma main
vitrail de caresses
ma paume te colore
 
deux chatons émerveillés
sous le cerisier
autour l'un en l'autre
écoutent fleurir les étoiles
 
29-03-2000
 
 

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