Violette, qui est en 3eme aime écrire. Et elle écrit bien.
Après sa géniale histoire de puce, elle nous offre
 
UN CONTE DE NOËL

Conte de Noël.   Noël, un si petit mot de quatre lettres qui exprime pourtant tant de sentiments. Noël, pour beaucoup de personnes, rime avec fêtes, joies, cadeaux... Mais pour moi, Noël résonne comme mort, fantôme, peur.   Cette année-là, je fêtais Noël chez Martina, ma vieille tante. Mes parents et moi partirent de chez nous, le 23 Décembre au matin, en direction des Pyrénées Atlantiques. Cet hiver-là, nous n'avions pas vu de flocons de neige, seul un soleil froid brillait faiblement. Nous arrivâmes à Tartas à la nuit tombée. Dans un lotissement de maisons identiques, habitait Tantine. Postée sur les marches de son entrée, celle-ci nous attendait. Pour la saluer, je dus traverser une longue allée qui, d'habitude à cette époque de l'année était tapissée de neige. Tantine nous accueillit chaleureusement, pourtant sa voix me parut tremblante. Tantine, je ne l'aimais pas beaucoup, elle était très stricte, autoritaire et avare.   Nous avons dîné dans la salle à manger. Tous les rideaux étaient tirés. Malgré le brouhaha habituel de plusieurs personnes à table, j'entendis le bruit distinct d'une pelle qui enlevait de la neige. Je me levai et j'allai à la fenêtre masquée par un rideaux. Mais Tantine se leva brusquement : " Non ! Retourne t'asseoir ! - Mais, je voulais juste voir s'il neigeait : j'ai entendu le raclement d'une pelle. - Assieds-toi ! " Alors, je retournai à table et j'attendis silencieusement la fin du repas.   Je commençais à bailler, Tantine s'en aperçut la première, alors, m'accompagna pour me coucher. Dans ma chambre, ma tante ferma les volets et partit en me souhaitant bonne nuit. J'avais une forte envie de me lever et de regarder s'il neigeait dehors. Alors je le fis. Mais les volets étaient fermés avec des verrous ! Que se cachait-il derrière ces volets, cette frontière ?   Le lendemain matin, quand je redescendus, mes parents et ma tante déjeunaient dans le salon submergé de soleil. Tout le monde souriait. Ce bonheur me fit oublier de demander pourquoi, la veille, les volets fermés avec des verrous. Je m'aperçut qu'il n'avait pas neigé cette nuit-là. Le soir-même c'était Noël !   La journée s'était passée dans la joie et la bonne humeur. Quand la pleine lune remplaça le soleil, de nouveau, Tantine tira tous les rideaux. Mais l'esprit de Noël me fit oublier cette sensation d'enfermement. Dans la soirée, le raclement de pelles que j'avais déjà entendu la veille me fit frissonner. Voulant élucider cette affaire, j'alla discrètement jusqu'à la fenêtre, mais une main m'agrippa : mon père me demandait d'aller chercher l'appareil photo dans le bureau de Tantine. Je quittai donc la joie, la bonne humeur et le bruit pour me retrouver, seul, dans un couloir sombre, froid et silencieux. Je montais rapidement les marches pour atteindre le bureau de Tantine. Dans cette pièce sans fenêtre, une cheminée dégageait une chaleur douce, qui dans cette endroit, presque maléfique, faisait chaud au corps et au coeur. Avant d'atteindre l'appareil photo, qui était sur le rebord de la cheminée, quelque-chose attira mon attention. Je pris une des feuilles dont l'encre paraissait encore humide. Je la lus : " Cela fera treize ans à ce Noël, je sens ma fin proche. Les douze précédentes années, il se rapprochait de plus en plus. Maintenant, il est au seuil de ma maison. Il va me prendre la vie comme j'ai pris la sienne. " Mais, que voulait dire ce mot ? Mon père entra dans le bureau, je sursautai. " Alors, que fais-tu ? On t'attend en bas ! - Je... je... non, rien, j'arrive ! " Il me paraissait trop heureux, pour que je lui parle de ce papier.   Dans le salon, nous prîmes beaucoup de photos. Nous nous amusions beaucoup. Mais le sommeil me prit. Je m'allongeai sur un canapé, je fermai les yeux. Petit à petit, je n'entendais plus rien, je m'endormais.   J'entendais parler dehors, je me levai je regardai par la fenêtre, Tantine parlait avec un mendiant. Je sortis de la maison, il neigeait ! Je m'approchai de ma tante, elle avait changé, elle était jeune. La maison aussi, elle paraissait nouvellement bâtie. Tout avait rajeuni. J'écoutai la conversation : " Donnez moi un peu d'argent, pour pouvoir manger le jour de Noël. - Vous les mendiants, vous êtes des fainéants. Vous ne vivez que de la charité des autres. Travaillez donc un peu, et je vous donnerai de l'argent. Déneiger l'allée de ma maison et quand vous serez arrivé à la porte revenez me voir. " Le mendiant se mit à la tâche. Quelques minutes s'écoulèrent quand il s'effondra. Il avait fait un malaise. Tantine le prit dans ces bras et le mourant lui murmura : " Comme vous me l'avez demandé, je déneigerait votre allée. Quand j'arriverai à votre porte, je vous prendrai avec moi. Préparez-vous à partir. " Je sursautai. J'étais toujours sur le canapé. Ce n'était qu'un rêve ! Il me paraissait pourtant si réel. Dehors, j'entendais encore les pelles. Je me bouchai les oreilles, je ne voulait pas entendre.   Au matin, je voulus rapidement ouvrir mes cadeaux, mais il fallait attendre tout le monde. Tantine qui d'habitude se levait très tôt, ne venait pas. Alors mes parents et moi décidâmes de la réveiller. Nous arrivions devant sa chambre quand un courant d'air ouvrit la porte, ma tante était allongée sur son lit. Je m'approchai pour lui parler. Quand je la touchai, elle était froide. Je criai. Elle était morte.   Le médecin conclut à un décès par arrêt cardiaque.   Les photos qui furent prises la veille, montraient sur chaque photo de ma tante, une ombre de forme humaine à ses côtés. Nous attribuâmes ceci à une mauvaise qualité de la pellicule, causée par la chaleur.   Mais personne, jamais, n'expliqua les flocons de neige dans la chambre de Tantine, alors qu'il n'avait pas neigé dans toute la région.   Voilà, pourquoi, pour moi, Noël résonne comme mort, fantôme, peur.  
Violette Pradarelli
 

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